Milos Raonic et Frank Dancevic ont placé le Canada au bord de l'exploit, vendredi soir, à Vancouver, en remportant les deux premiers simples de la rencontre de groupe mondial de Coupe Davis contre l'Espagne.

Si Raonic a été à la hauteur de son 15e rang mondial en s'imposant 6-7(5), 6-4, 6-4, 6-4, devant l'Espagnol Albert Ramos (51e), une recrue en Coupe Davis, Dancevic a créé une formidable surprise en écrasant le meneur espagnol Marcel Granollers, un joueur à qui il cédait pourtant 132 rangs au classement mondial (166e contre 34e), 6-1, 6-2, 6-2.

Dancevic, un vétéran de 29 ans, avait réussi quelques beaux exploits plus tôt dans sa carrière en Coupe Davis, mais sa victoire contre Granollers est assurément la plus importante. Il a disputé tout le match le couteau entre les dents, toujours à l'attaque sans jamais retenir ses coups. L'Espagnol a été complètement débordé.

«Je ne croyais certainement pas jouer aussi bien et j'ai encore de la difficulté à contrôler toutes les émotions que j'ai en moi, a raconté Dancevic. Tous mes coups fonctionnaient, même les plus fous! Il (Granollers) a haussé son niveau de jeu à la fin et le dernier jeu a été plus ardu, mais j'ai fini par l'emporter...»

Dans le premier match, Raonic savait qu'il n'avait pas droit à l'erreur et il a dû se livrer pendant près de trois heures devant un adversaire plus coriace que prévu. S'il a réussi 26 as, le Canadien a aussi gâché 15 des 18 balles de bris qu'il a obtenu. À son crédit, il faut noter qu'il n'a lui-même jamais été en difficulté au service, son point fort, ne cédant la première manche qu'au bris d'égalité.

«J'étais surtout frustré d'avoir perdu cette première manche alors que j'avais eu plusieurs chances de l'emporter plus tôt, a expliqué Raonic. Cela m'a d'ailleurs aidé à garder mon calme : je savais que mon service était sûr et que je finirais bien par briser le sien...»

Le Canada (12e formation mondiale) n'a jamais remporté une rencontre de groupe mondial alors que l'Espagne (2e) a remporté cinq fois la Coupe Davis depuis 2000, dont trois des cinq derniers titres. Mais ce sont maintenant les Canadiens qui sont idéalement placés pour passer en quart de finale de la compétition - en avril contre la Croatie ou l'Italie -, puisqu'ils ne doivent plus remporter qu'un seul des trois derniers matchs de la rencontre.

«Nous allons célébrer ses deux points, apprécier le moment, puis nous allons nous regrouper et nous concentrer sur les prochains matchs, a insisté le capitaine Martin Laurendeau. Mener 2-0 c'est bien, mais rien n'est encore joué. Il nous faut encore un point et ce sera le plus difficile à aller chercher.»

Samedi, les Canadiens Daniel Nestor et Vasek Pospisil disputeront le double à Granollers et Marc Lopez. Dimanche, dans les deux derniers simples, Raonic se mesurera à Granollers et Dancevic à Ramos.

«Le plan est toujours d'y aller avec Daniel et Vasek, pendant que nos deux joueurs de simples récupèrent pour les matchs de dimanche, a expliqué Laurendeau. On sait que le double sera difficile contre une excellente paire espagnole. Si ça doit se décider dimanche, Milos et Frank ont montré aujourd'hui qu'ils pouvaient livrer la marchandise.»

L'Espagne est privée de ses quatre meilleurs joueurs : Rafael Nadal (5e), David Ferrer (4e), Nicolas Almagro (11e) et Fernando Verdasco (24e). Le capitaine Alex Corretja a répété encore hier que la formation présente à Vancouver était assez forte pour remporter la rencontre, mais cela sera assurément plus compliqué qu'il l'avait prévu, si elle l'emporte...

L'Espagne n'a été écartée du groupe mondial qu'une seule fois (1995) depuis 1984. Invaincue chez elle en 24 rencontres, la formation espagnole est toutefois plus vulnérable à l'étranger, surtout sur une surface rapide comme celle du Thunderbird Center de Vancouver.

Les Canadiens évoluent deux années de suite dans le groupe mondial pour la deuxième fois seulement de leur histoire et l'équipe n'a encore jamais réussi à franchir le premier tour. La percée de Raonic, le joueur canadien le mieux classé de l'histoire, et l'exploit de Dancevic permettent au Canada d'aspirer à cette première victoire en groupe mondial.