L'un des faits saillants de la saison d'Eugenie Bouchard est survenu à Wimbledon, le lendemain de sa victoire en finale du tournoi junior, quand elle a eu la chance de discuter quelques minutes avec Roger Federer au Bal des champions.

L'autre est survenu récemment, quand elle a appris que Maria Sharapova l'avait choisie pour porter les tenues de tennis qu'elle conçoit avec le fabricant américain Nike. «C'est ma photo qui est sur la page d'accueil de son site internet!», nous a-t-elle raconté, enthousiaste, en entrevue.

Notre révélation sportive de l'année 2012 n'a que 18 ans et elle l'assume avec un bel aplomb. Capable de s'exciter à l'idée de croiser ses idoles - ou d'assister à un spectacle de Justin Bieber, comme elle l'avait fait la veille -, Eugenie n'en est pas moins arrivée à un point de sa carrière où elle risque d'affronter ses modèles sur les courts dans les grands tournois.

La dernière saison lui a permis d'effectuer avec succès la délicate transition entre les rangs juniors et les professionnels. Pour sa dernière année chez les juniors, elle avait décidé de se concentrer sur les tournois majeurs, tout en disputant un maximum de tournois professionnels.

Avec un premier titre junior canadien en Grand Chelem, quatre titres chez les professionnels, des victoires contre des joueuses du top 100 mondial et un 144e rang mondial en fin de saison, Bouchard a atteint tous ses objectifs. Bien encadrée, par sa mère Julie notamment, qui l'accompagne aussi souvent qu'elle le peut, Eugenie a montré qu'elle était prête à aborder une autre étape de sa carrière.

Et celle-ci s'annonce passionnante. Bien servie par un look de top model, la jeune femme est dans la ligne de mire des commanditaires. Nike, on l'a vu, en a déjà fait l'une de ses ambassadrices.

Les organisateurs du Rendez-vous des maîtres ont aussi misé sur elle, avec Milos Raonic, pour convaincre les amateurs de tennis d'assister à l'événement, le 18 mars, au Centre Bell. Eugenie y affrontera la Danoise Caroline Wozniacki, ancienne numéro un mondiale, avec l'intention bien arrêtée de faire bonne figure.

Déjà adoptée par le public montréalais lors de la Coupe Rogers, elle est reconnaissante de cet appui populaire et est fière d'être parmi les athlètes honorés en fin de saison pour leurs exploits. «C'est un signe que les gens ont apprécié ce qu'on a fait. Les partisans sont très importants pour moi et j'espère continuer à leur offrir de bonnes performances.»

Sur toutes les surfaces

Ce qui impressionne dans les succès d'Eugenie, c'est qu'ils ont été obtenus sur toutes les surfaces de jeu, aussi bien à l'extérieur qu'en salle. Visiblement à l'aise sur le dur, la surface sur laquelle elle a appris à jouer, la droitière se débrouille aussi très bien sur la terre battue. Et c'est sur le gazon de Wimbledon qu'elle a obtenu ses deux plus importants titres juniors, en double en 2011 et en simple cet été.

«Le ciment reste sans doute ma surface de prédilection, mais j'avoue que j'apprécie beaucoup le gazon. De tous les tournois majeurs, Wimbledon est mon préféré, celui que je rêve vraiment de remporter un jour chez les pros.»

La Française Nathalie Tauziat, elle-même ancienne finaliste à Wimbledon, travaille avec Bouchard depuis 18 mois. Celle qui a été troisième mondiale en 2000 est bien placée pour mesurer les progrès de sa protégée.

«Eugenie a d'énormes possibilités, comme un diamant brut, a-t-elle raconté, en fin de saison. Cette saison, nous nous étions fixé des objectifs et elle les a tous atteints. Elle a tout pour devenir une joueuse complète, gagner de grands tournois et peut-être même un de ceux du Grand Chelem. Selon moi, elle en a les moyens.

«Mais il faut lui laisser le temps de faire sa place sur le circuit, le temps d'acquérir un peu d'expérience et d'apprendre à gérer ses matchs contre des filles qui en ont, elles, l'habitude. À mon avis, elle sera dans les 50 meilleures du monde dans deux ans, mais pour cela, elle sait qu'elle devra travailler.

«Sans le travail, le talent, ça ne sert à rien. Eugenie est très talentueuse, mais elle travaille aussi très fort à l'entraînement pour réaliser ses rêves. En un sens, c'est une grosse responsabilité pour moi d'avoir à la conseiller et à guider ses pas pour les débuts de ce qui sera sûrement une belle carrière...»

Cinq questions pour une championne

1.Tes restaurants préférés? «J'ai beaucoup joué en Amérique latine et j'adore la nourriture mexicaine, les fajitas en particulier. En voyage, je cherche toujours les bons restaurants mexicains.»

2.La musique que tu écoutes sur ton iPod? «J'aime écouter de la musique entraînante lors des mes échauffements, du Rihanna surtout, mais aussi d'autres choses. Et j'aime aussi Justin Bieber, il est Canadien et très sympathique.»

3.Ta ville préférée en voyage? «En fait, c'est un pays: l'Australie. Ça ressemble un peu à ici et les gens y sont particulièrement accueillants. En plus, on dirait qu'il fait toujours beau pendant l'Omnium d'Australie, en janvier, alors que c'est l'hiver ici...»

4.Si tu ne jouais pas au tennis? «Je crois que j'aimerais bien être journaliste! J'en croise beaucoup dans les tournois et ça me paraît un métier intéressant.»

5.Et l'amour? «Je suis encore jeune et je préfère accorder la priorité à ma carrière et à ma famille pour l'instant. De toute façon, c'est difficile de concilier la vie d'une joueuse de tennis avec une vie de couple. Je n'ai pas d'amoureux pour l'instant et ça me convient parfaitement.»

Portrait

Née à Westmount le 25 février 1994.

5'10'', droitière.

Joue au tennis depuis l'âge de 5 ans.

Formée au Centre national d'entraînement de Tennis Canada, au stade Uniprix.

Ses exploits en 2012:

Championne junior à Wimbledon.

Quatre titres professionnels: Bastad 10K 1 et 2 , Granby 25K, Toronto 50K.

Victoire au premier tour de la Coupe Rogers contre l'Israélienne Shahar Peer (alors 56e mondiale).

46 victoires et 16 défaites chez les professionnelles, avec des gains de 56 300$.

Passée du 302e au 144e rang mondial en 2012.