Première Canadienne championne junior dans un tournoi du Grand Chelem, samedi à Wimbledon, la Québécoise Eugénie Bouchard a mis la touche finale à une semaine de rêve en gagnant dimanche aussi la finale du double junior avec l'Américaine Taylor Townsend. Elles ont remporté une victoire aisée de 6-4, 6-3 contre la Suisse Belinda Bencic et la Croate Ana Konjuh.

La jeune femme de Westmount a ainsi défendu le titre qu'elle avait enlevé l'an dernier avec une autre Américaine Grace Min tout en répétant un exploit que quelques joueuses ont réussi avant elle, notamment la Française Amélie Mauresmo, en 1996.

C'est toutefois samedi que Bouchard est entrée dans l'histoire du tennis canadien en enlevant ce premier titre majeur en simple. Elle a joué avec un aplomb remarquable pour battre l'Ukrainienne Elena Svitolina, 6-2 et 6-2.

«La semaine a été très exigeante, avec deux matchs chaque jour, parfois même trois, mais je suis vraiment fière de la terminer de cette façon, a raconté la jeune femme en conférence téléphonique. Gagner ces titres ici va me donner encore plus de confiance pour continuer la transition vers les professionnels.»

À 18 ans, Bouchard a déjà amorcé sa carrière chez les pros. Elle a même remporté quelques tournois challengers et a été invitée à la Coupe Rogers l'an dernier. Gage des espoirs placés en elle, Tennis Canada n'a pas hésité à embaucher la Française Nathalie Tauziat, une ancienne finaliste à Wimbledon, pour la suivre une bonne partie de l'année.

La jeune femme avait toutefois insisté pour disputer une dernière fois les tournois du Grand Chelem chez les juniors, espérant justement enlever ce premier titre en simple par un joueur canadien. «Je suis l'une des plus âgées, l'une des favorites et cela m'impose une pression supplémentaire, a-t-elle expliqué. Mais c'est le genre de pression que je dois apprendre à maîtriser et ça me rend encore plus fière d'avoir réussi cette semaine.»

Bouchard a été remarquablement calme dans chacune de ses finales. Samedi, elle n'a laissé aucune chance à Svitolina. «J'étais un peu nerveuse, mais une fois sur le terrain, j'étais calme et bien concentrée. Je me suis appliquée à respecter mon plan de match, en restant bien concentrée jusqu'au bout.»

Le match était présenté sur le court 1, le deuxième en importance avec une capacité de 11 400 personnes. «C'est impressionnant de jouer devant une telle foule, très amusant aussi, et cela m'a motivée à bien faire.»

Plusieurs championnes de Wimbledon ont remporté le petit trophée du tournoi junior avant de recevoir le Venus Rosewater Dish, le grand plateau en argent qu'on remet à la gagnante de la finale féminine.

«Ces championnes sont mes modèles, a expliqué Eugénie. Mon premier souvenir de Wimbledon est d'avoir vu Maria Sharapova gagner en 2004. Agnieska Radwanska, la finaliste de cette année, a été championne junior en 2005. Je rêve de les imiter, bien sûr, a poursuivi Bouchard. Je suis contente de mon trophée, mais je veux remporter le gros, celui de la 'vraie' finale, plus tard dans ma carrière.»

Tauziat n'a aucun doute sur le potentiel de sa protégée. «Elle a les moyens pour faire une belle carrière, c'est certain», a confié la Française, qui prenait part au Tournoi des légendes cette année à Wimbledon. «Il faut toutefois faire attention avec elle et ne pas croire qu'elle va passer sans problème des tournois juniors au gros circuit professionnel.

«À son âge, Eugénie va maintenant devoir jouer beaucoup de matchs contre des femmes plus âgées et plus puissantes qu'elle. Le calibre sera très différent et elle va devoir s'adapter. Elle est toutefois très sérieuse, très rigoureuse dans sa préparation et je crois qu'elle va continuer de nous étonner si on lui laisse le temps de faire ses classes.»

Aussi championne en simple et en double à Roehampton, juste avant Wimbledon, Bouchard a disputé et remporté 12 matchs consécutifs en moins de deux semaines. Elle compte s'accorder quelques jours de repos avant d'amorcer la portion nord-américaine du calendrier, la semaine prochaine à Granby.

Après des tournois à Lexington et à Washington, elle espère recevoir un laissez-passer pour la Coupe Rogers, au stade Uniprix. On voit mal comment Eugène Lapierre et son équipe pourraient le lui refuser...