Daniel Nestor a sans doute signé la plus belle page de l'histoire du tennis canadien en Coupe Davis, il y a 20 ans à Vancouver, quand il a battu le deuxième joueur mondial, le Suédois Stefan Edberg.

Alors âgé de 19 ans et seulement 237e mondial, le grand gaucher avait été préféré à Martin Laurendeau par le capitaine de l'époque, Pierre Lamarche. Contre toute attente, Nestor s'était imposé 4-6, 6-3, 1-6, 6-3 et 6-4.

«C'est sûrement le meilleur match que je n'ai jamais joué en simple», s'est-il rappelé, plus tôt cette semaine, de retour à Vancouver où il se prépare pour une 40e rencontre de Coupe Davis en carrière. «En fait, ma carrière en simple a commencé à décliner après ce match...», a blagué Nestor, qui a quand même atteint le 58e rang mondial en simple en 1999, avant de se concentrer sur le double.

En 1992, les Canadiens s'étaient finalement inclinés 3-2 contre les Suédois, Nestor venant tout près d'un autre exploit dans le match décisif en ne s'inclinant qu'en cinq longues manches devant le numéro deux suédois, Magnus Gustafsson.

Nestor allait devoir attendre 12 ans avant de retrouver le groupe mondial de Coupe Davis, en 2004, et il est encore là cette année, 20 ans plus tard, pour appuyer une nouvelle génération de joueurs canadiens.

Milos Raonic et Vasek Pospisil marchaient à peine quand Nestor a battu Edberg, mais ils l'ont vu gagner des tournois en double pendant leur cheminement vers l'équipe canadienne.

«J'ai eu une longue carrière, avec des hauts et des bas, a souligné le vétéran de 39 ans. Heureusement, le double a bien fonctionné et je peux être heureux de mon parcours jusqu'ici. J'ai beaucoup appris au cours des années et mon expérience est sûrement un atout dans des compétitions comme la Coupe Davis, surtout avec nos jeunes joueurs.»

Plus vieux joueur du circuit masculin, Nestor est loin d'être fini. Il a encore remporté Roland-Garros et le Championnat du circuit en double la saison dernière avec son partenaire Max Mirnyi. Et il est l'un des rares joueurs à avoir complété le Grand Chelem d'or en carrière, avec les quatre titres majeurs (sept au total) et la médaille d'or olympique, en 2000, avec Sébastien Lareau. «Je joue encore très bien, je reste parmi les meilleurs en double et j'ai l'impression que je peux encore bien faire dans les grands tournois, a-t-il expliqué. J'ai toujours dit que je penserais à la retraite quand je ne serais plus compétitif dans les tournois du Grand Chelem... ou quand ma femme me demanderait d'arrêter! Pour l'instant, aucun des deux ne s'est produit.»

Né en Serbie, installé aux Bahamas avec son épouse Natasa et leur fille Tiana Alexis, Nestor n'en reste pas moins profondément attaché au Canada, où il est arrivé à l'âge de 4 ans. Il a toujours soutenu l'équipe canadienne en Coupe Davis, même dans les années plus difficiles, et s'engage dans le développement du sport partout au pays.

Sa personnalité placide l'empêche sans doute d'être plus visible dans les médias, mais Nestor est l'un des hommes forts du tennis canadien. Il ne cache pas son intérêt pour le poste de capitaine de l'équipe de Coupe Davis, «un jour», quand il aura mis fin à sa carrière.

Le capitaine actuel, Martin Laurendeau, est en poste depuis 2004 et accomplit de l'avis général un excellent travail. Avant lui, une série de joueurs ou entraîneurs québécois ont occupé le poste - Louis Cayer ou Pierre Lamarche notamment -, et plusieurs analystes croient que la maîtrise du français est importante pour tous les candidats.

«Je ne crois pas que ce soit un problème, a estimé Nestor, plus tôt cette semaine, en point de presse à Vancouver. La compétence est le critère le plus important et je crois que j'aurai de bons atouts pour occuper ce poste, dans quelques années, quand je ne jouerai plus.»

Chose certaine, aucun joueur canadien n'a connu autant de succès que lui. Sa fiche de 29-4 en double en Coupe Davis témoigne de sa supériorité dans ce domaine et les Français sont les premiers à reconnaître qu'il leur sera difficile d'enlever le point du double, samedi, contre les Canadiens.