Jo-Wilfried Tsonga a dévoilé une coiffure «mohawk» lors des premiers entraînements de l'équipe de France, au Centre sportif de l'Université de la Colombie-Britannique, et c'est visiblement avec une attitude de guerriers que les Français et les Canadiens aborderont leur rencontre de Coupe Davis ce week-end.

Largement favoris pour non seulement battre les Canadiens, mais aussi prétendre à la finale cette année, les Français sont arrivés à Vancouver armés d'une grande confiance. Le capitaine Guy Forget a laissé à la maison deux joueurs du top 20 - Gilles Simon (12e) et Richard Gasquet (16e) - et n'imagine pas que ses joueurs puissent laisser échapper la victoire.

En face, les Canadiens rêvent d'un exploit et sont prêts à se battre. La publicité de l'événement ne manque d'ailleurs pas de tomber dans la provocation et les clichés. Sous une photo de Milos Raonic, on peut lire: «Hey France, j'ai un service à 151 m/h; essayez de le retourner avec une baguette!» Une autre affiche fait dire à Vasek Pospisil: «Hey France, bienvenue à Vancouver, ma ville natale et votre pire cauchemar!»

Les Canadiens retrouvent le Groupe mondial pour la première fois depuis 2004 et ils ont dû remporter trois rencontres difficiles l'an dernier, toutes à l'étranger, pour y accéder. C'est le jeune Pospisil, seulement 115e mondial, qui a été le héros de la qualification en remportant trois matchs en Israël devant un public hostile.

Le joueur de 21 ans disputera une première rencontre de Coupe Davis à la maison et il sait qu'il portera une bonne partie des espoirs canadiens. Mardi, devant les journalistes français qui le découvraient, il a surpris par son aplomb. «Ce sera une grande surprise si je gagne en simple, mais j'ai beaucoup progressé dernièrement. Jouer contre Tsonga ou Monfils ne me dérange pas; je vais me concentrer sur la balle, pas sur mon adversaire...»

Le capitaine canadien Martin Laurendeau se doute bien que, même en jouant son meilleur tennis, Milos Raonic pourra difficilement vaincre coup sur coup les Français en simple. Et s'il a pleine confiance en Nestor pour mener le double, il sait que Pospisil est le plus apte à l'épauler.

«Vasek a démontré l'an dernier une grande maturité dans des conditions très difficiles, a rappelé Laurendeau. Il a été exceptionnel contre Israël, bien sûr, mais aussi contre l'Équateur et le Mexique. Cette rencontre contre la France sera une nouvelle étape dans son développement.»

Monfils rassurant

Dans le camp français, c'est la santé de Gaël Monfils qui a surtout fait parler. Le 13e mondial traîne depuis longtemps une blessure à un genou. Finaliste dimanche dernier à l'Open Sud France de Montpellier, il a aggravé cette blessure et a dû subir des examens avant de rejoindre Vancouver.

Monfils s'est voulu rassurant mardi après deux heures d'entraînement avec ses coéquipiers, mais il a avoué que son genou le handicapait. «Je me sens bien, a-t-il déclaré en point de presse officiel. Tout s'est bien passé sur le terrain et je n'ai pas eu de problème avec mon genou. Il y a un peu de douleur certes, mais cela devrait aller de mieux en mieux à mesure que la semaine va avancer.»

En principe, Monfils doit disputer les simples, vendredi et dimanche. «Peut-être devrais-je attendre les derniers simples, dimanche, de façon à épargner mon genou, a-t-il averti. Je ne veux pas être un frein pour l'équipe.»

Le capitaine français Guy Forget a jusqu'à jeudi midi, au moment du tirage au sort des matchs, pour remplacer un joueur. Il pourrait également miser sur Julien Benetteau ou Michael Llodra, ses deux spécialistes du double, qui se débrouillent bien en simple.

Forget a répété, mardi qu'il croyait l'un et l'autre capables de vaincre Raonic et Pospisil et qu'il n'hésiterait à les utiliser en simple pour appuyer le numéro un français Jo-Wilfried Tsonga. Très confiant la semaine dernière en France quand il a annoncé sa formation, Forget s'est montré plus diplomate mardi.

«Nous prenons tous cette rencontre très au sérieux, a-t-il assuré. Nous sommes ici depuis vendredi dernier [à l'exception de Monfils] et nous sommes bien préparés. Nous savons combien Milos [Raonic] et Daniel [Nestor] sont dangereux. S'ils jouent avec leurs coéquipiers à leur meilleur niveau, devant un public local qui sera sûrement très impliqué, il faudra vraiment se méfier.»

Les Canadiens n'ont jamais remporté un match de Groupe mondial, mais s'ils le font, ils passeront en quart de finale où ils affronteraient les vainqueurs de la rencontre entre la Suisse et les États-Unis.

De quoi rêver.

Photo: AFP

Gaël Monfils