Rafael Nadal a rejoint hier le groupe très select des grands champions de l'histoire du tennis en remportant une sixième finale à Roland-Garros et un dixième titre en Grand Chelem.

L'Espagnol a difficilement disposé de son grand rival Roger Federer, 7-5, 7-6(3), 5-7, 6-1, dans un match qui a duré pas moins de 3 heures et 40 minutes. «C'est très émouvant pour moi de gagner encore ici, a avoué Nadal en conférence de presse. Je n'étais pas à mon meilleur niveau au début du tournoi, mais j'ai travaillé, j'ai trouvé des solutions et j'étais prêt pour les trois derniers matchs.

«Aujourd'hui (hier), Roger a joué son meilleur match contre moi ici (c'était leur quatrième affrontement en finale à Paris). Il m'a vraiment soumis à beaucoup de pression en variant son jeu et le rythme. La première manche a été très importante; si Roger l'avait gagnée, il aurait joué la suite du match avec moins de pression et il aurait été encore plus dangereux...»

Mené 2-5 en première manche, Nadal a renversé l'allure de la rencontre en remportant cinq jeux d'affilée. Federer n'a toutefois pas abandonné, revenant en force en deuxième manche avant d'enlever la troisième. Le Suisse a toutefois craqué dans la quatrième manche, payant sans doute les efforts de sa demi-finale homérique de vendredi contre Novak Djokovic.

«Je suis encore battu en finale de Roland-Garros, mais je suis très fier de mon parcours depuis deux semaines, a dit Federer. J'ai très bien joué. C'est malheureux de ne pas remporter le trophée, mais je pense que c'était une bonne finale aujourd'hui. Je ne suis pas trop triste, je suis déçu, mais ça va...

«Rafa est le meilleur sur la terre battue et il l'a encore montré, a jugé le Suisse. J'étais celui qui jouait avec le moins de marge, c'est normal que je fasse plus d'erreurs. Il s'est bien battu pour revenir dans la première manche, il a bien joué.»

Battu pour la quatrième fois en finale à Paris - il n'a gagné qu'une seule fois, en 2009 -, Federer sera dès aujourd'hui à Halle, pour préparer sur gazon les Internationaux de Grande-Bretagne. «Wimbledon est toujours l'objectif numéro un dans la saison pour moi, a rappelé celui qui s'est imposé six fois à Londres. J'ai encore la possibilité de bien faire là-bas...»

Avec Borg, mais modeste

Nadal présente une fiche incomparable de 45-1 à Roland-Garros, il n'a été battu que par le Suédois Robin Soderling, en 2009, en huitièmes de finale. Contre Federer, sa fiche est maintenant de 17-8, dont 6 victoires en 8 finales de tournois majeurs.

L'Espagnol a rejoint Bjorn Borg au sommet du palmarès de Roland-Garros avec son sixième titre. À 25 ans, il a le même âge que le Suédois quand ce dernier a remporté son dernier titre à Paris, l'année de sa retraite du tennis. Nadal, qui est devenu seulement le septième joueur à enlever au moins 10 titres majeurs - les autres sont Fededer (16), Pete Sampras (14), Roy Emerson (12), Rod Laver (11) et Borg (11) -, n'a pour sa part aucun projet de retraite et devrait logiquement encore grimper au classement. Il est toutefois resté modeste sur sa place au panthéon du tennis.

«Je ne crois pas être au niveau de ces joueurs, a-t-il estimé. Ce que Roger a accompli, je ne crois pas que personne ne puisse le répéter un jour.»

L'entraîneur de Nadal, son oncle Toni, a d'ailleurs estimé que son neveu restait loin des meilleurs. «J'ai vu Borg quand j'étais jeune, a-t-il déclaré en point de presse. Il me semble que Borg est toujours le plus grand. Il était extraordinaire. Mieux que Rafael... Et Federer est le meilleur de tous les temps. On est encore loin de lui.»

Nadal, qui jouera lui aussi un tournoi sur gazon dès cette semaine, à Queens, défendra son titre à Wimbledon dans deux semaines. Il y sera première tête de série, Djokovic ayant échoué à lui prendre la première place du classement mondial à Paris.