Sans être au top mais toujours aussi irréductible, l'Espagnol Rafael Nadal a remporté son sixième Roland-Garros pour égaler le Suédois Björn Borg après son succès (7-5, 7-6, 5-7, 6-1) sur Roger Federer dimanche en finale.

Grâce à cette victoire, la quatrième en quatre finales face au Suisse à Paris, le Majorquin conserve sa place de N.1 mondial qu'il aurait perdue au profit de Novak Djokovic en cas de défaite.

Il a parfois tremblé face à Federer qui ne lui avait jamais offert une telle résistance sur ce court où, avec un peu plus de réussite, le Suisse, qui a gâché une balle de premier set à 5-2, aurait peut-être pu espérer mieux.

Mais Nadal a tenu bon dans la tempête, dur au mal et insensible à la pression, pour rejoindre au panthéon du tennis le seul joueur de l'histoire qui lui arrive à la cheville sur terre battue, Bjorn Borg.

À 25 ans et deux jours, il y arrive avec un jour de retard sur le Suédois, qui avait explosé tous les canons de précocité à son époque. Mais Nadal n'a eu besoin que de sept tournois, contre huit à Borg, entre 1974 et 1981.

Considéré depuis un moment par ses pairs, mais aussi des observateurs plus âgés, comme le meilleur joueur sur terre battue de tous les temps, Nadal aura l'occasion de mettre tout le monde d'accord avec un septième sacre en 2012, un exploit qu'il a réussi en avril à Monte-Carlo, son autre tournoi fétiche.

Mais Roland-Garros n'est plus, depuis longtemps, le seul terrain de chasse de l'Espagnol qui est devenu dimanche le deuxième plus jeune joueur, toujours derrière Borg, à avoir atteint la barre des dix victoires en Grand Chelem.

À Wimbledon, où il aura aussi un titre à défendre, il aura l'occcasion d'égaler Borg aussi au nombre de succès dans un «majeur» et se rapprocher un peu plus du record de seize trophées de Federer.

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Rien n'a été facile

Il lui faudra retrouver de l'énergie d'ici là, car rien n'a été facile lors de cette quinzaine parisienne pour Nadal, auteur d'un parcours parfois chaotique et globalement moins brillant que par le passé, y compris en finale.

Au milieu du tournoi, il a, pour la première fois de sa carrière, laissé entrevoir une certaine lassitude et parlé longuement de l'extrême exigence du tennis qui requiert un travail et une attention sans relâche.

Mais au final, il ne faut surtout pas oublier que, depuis qu'il a été mené deux sets à un au premier tour par l'Américain John Isner, il n'a plus perdu qu'une seule manche, face à Federer, témoin de la marge dont il bénéficie sur ses adversaires et de son refus de céder le moindre pouce de terrain.

Cette haine de l'échec, Federer l'a également affichée dimanche. Malgré la perte des deux premiers sets et un break de retard dans le troisième, il ne s'est jamais découragé pour revenir dans la partie, au génie.

Il venait pourtant d'encaisser des coups terribles. Celui d'avoir laissé passer une balle de premier set à 5-2 sur laquelle il a sorti d'un millimètre une amortie de revers, prélude à une série de sept jeux perdus de rang.

Et celui d'avoir vu sa remontée de 2-4 à 4-4 dans le deuxième set stoppée net au tie-break. Alors certes, il a perdu pour la 17e fois en 25 rencontres avec son rival, la sixième en huit finales du Grand Chelem.

Mais cette fois, il est sorti beaucoup moins meurtri de sa défaite que lors de sa dernière finale du Grand Chelem perdue face à l'Espagnol, à l'Open d'Australie 2009, où il avait éclaté en sanglots à la remise des prix.

Car, lui aussi a réussi un superbe Roland-Garros où il a notamment mis fin à la série de 43 victoires de Djokovic au terme d'une demi-finale d'anthologie, certainement le plus beau match de la quinzaine.