Rafael Nadal ou Novak Djokovic?

La question est sur toutes les lèvres à Roland-Garros à la veille du début des Internationaux de France. Les deux joueurs sont arrivés à Paris avec des arguments de poids pour défendre leurs prétentions au titre.

Nadal présente une fiche de 38-1 sur les courts de Roland-Garros. Avec cinq titres, il n'est plus qu'à un sacre du record de six du Suédois Björn Borg. La domination de l'Espagnol est sans précédent dans l'histoire du tournoi.

Il a remporté 113 des 123 manches disputées et n'a subi sa seule défaite, face au Suédois Robin Soderling, en 2009, qu'en raison de malaises aux genoux qui l'ont forcé à prendre une longue pause par la suite.

Depuis le début de son «règne» sur la terre battue, en 2005, Rafa y présente une fiche de 193-8. Il a régulièrement balayé la série des grands tournois menant à Roland-Garros... sauf cette année.

Djokovic, lui, est invaincu cette saison en 37 matchs. Trente-sept! C'est seulement cinq de moins que la plus longue série de l'histoire de l'ATP, 42 victoires en début de saison 1984, par l'Américain John McEnroe.

Parmi ses sept titres de la saison, dont un deuxième titre majeur en Australie, le Serbe peut se targuer d'avoir déjà battu Nadal quatre fois, toujours en finale, dont deux fois sur la terre battue. Alors que personne n'avait jamais battu l'Espagnol deux fois sur cette surface la même année, Djokovic vient de le faire avec une certaine facilité en finale des tournois de Madrid et de Rome.

Mais Paris, c'est autre chose.

Un respect mutuel

«Rafael reste le «Roi» de la terre battue, a répété Djokovic, hier, en conférence de presse à Paris. En fait, c'est sûrement le meilleur joueur de terre battue de l'histoire du tennis. Sa fiche est incomparable. Et il est comme chez lui à Roland-Garros...»

C'est vrai que Nadal connaît parfaitement les secrets de cette terre battue ocre qu'il foule depuis la fin de son adolescence (il n'a encore que 24 ans). Plus lente qu'à Madrid, plus meuble qu'à Rome, la terre battue de Roland-Garros convient parfaitement à son jeu de relance et d'accélération, même si on dit que les nouvelles balles utilisées cette année à Paris sont plus rapides.

Alors qu'il avait semblé abattu par sa défaite face à Soderling, en 2009, Nadal a réagi avec beaucoup de calme à ses revers récents contre Djokovic. Comme s'il préparait sa revanche...

Longtemps réputé pour sa décontraction et ses pitreries, Djokovic a acquis une nouvelle maturité cette saison. En menant son pays en finale de la Coupe Davis, à la fin de l'année 2010, il semble avoir définitivement trouvé la confiance en ses moyens qui lui avait souvent fait défaut jusque-là.

«Novak joue de façon extraordinaire cette saison, a reconnu Nadal en conférence de presse. Présentement, c'est lui le numéro 1, quoi que dise le classement. Sa confiance semble illimitée et il joue avec une assurance incroyable.»

Officiellement deuxième tête de série, Djokovic sera pour la première fois de sa carrière le «favori» d'un tournoi majeur. S'il présente une fiche combinée de 7-0 contre Nadal et Roger Federer cette saison, le joueur qui aura 24 ans demain n'a certes pas l'expérience de ses rivaux en Grand Chelem.

Sa fameuse assurance devra ĂŞtre au rendez-vous, et ce pendant deux longues semaines. Si elle l'est, on pourrait avoir droit Ă  une finale historique.

Des outsiders?

En marge du duel Nadal-Djokovic, les outsiders savent qu'ils risquent de jouer les figurants cette semaine.

Federer, qui aura 30 ans cet été, n'a plus été en finale d'un tournoi majeur depuis l'Australie en 2010, sa plus longue disette du genre depuis 2003, l'année de son premier titre à Wimbledon. Le Suisse n'a gagné qu'un de ses 16 titres majeurs à Paris, en 2009. Solide numéro trois mondial, il semble toutefois avoir été décroché par Nadal et Djokovic.

Un peu dans l'ombre, Andy Murray (4e) a beaucoup progressé sur la terre cette saison. En fait, c'est lui qui a eu la meilleure chance de battre Djokovic cette saison, s'approchant à deux points de la victoire en demi-finale à Rome.

Finaliste des deux dernières éditions, Soderling ne connait pas une bonne saison, mais Nadal devra se méfier s'ils se retrouvent en quart de finale. Les spécialistes espagnols David Ferrer (7e), Nicolas Almagro (11e), Fernando Verdasco (16e), ou le revenant argentin Juan Martin Del Potro devront également sortir le grand jeu s'ils veulent se rendre plus loin que les demi-finales.