L'année dernière, à la même époque, Milos Raonic n'était que 303e au classement mondial et il n'avait pratiquement jamais joué sur la terre battue. Alors que tous les gros bras préparaient Roland-Garros, lui disputait des petits tournois en Asie...

Douze mois plus tard, Raonic est non seulement à Paris, il est aussi l'une des têtes de série des Internationaux de France, qui débutent dimanche. La progression du joueur de 6'5 a été météorique, on l'a déjà dit, mais peu de gens réalisent à quel point Raonic est devenu un joueur plus complet depuis qu'il travaille en Espagne avec l'entraîneur Galo Blanco.

C'est en accord avec Louis Borfiga, directeur de l'élite à Tennis Canada, que Raonic et sa famille ont décidé, l'automne dernier, qu'il s'installerait à Barcelone afin de poursuivre son développement. D'autres entraîneurs ont été considérés, l'Américain Todd Martin notamment, mais Borfiga a insisté sur l'importance de diversifier son jeu.

«Dès que je suis arrivé à Barcelone et que j'ai commencé à travailler avec Galo, je me suis senti à l'aise, a rappelé Raonic, hier, en téléconférence. J'ai vite été adopté par les autres joueurs espagnols avec qui je m'entraînais et cette complicité m'a beaucoup plu. Cela m'a sûrement aidé dans ma progression.»

Vainqueur d'un premier titre ATP et auteur d'une fiche de 27-10 cette saison, Raonic a accumulé les bonnes performances, même sur la terre battue, et il s'est pointé à Paris fort du 28e rang mondial.

Son service demeure son meilleur atout, mais il a ajouté les outils pour en faire une arme encore plus redoutable. Il se déplace mieux sur le court et il a acquis beaucoup de maturité en quelques mois.

Blanco, ancien quart de finaliste à Roland-Garros, a beaucoup aidé Raonic dans sa préparation mentale. «Il me dit souvent que je dois jouer de façon agressive, sans toutefois perdre ma concentration. J'ai déjà eu de la difficulté à contrôler mes émotions - et il m'arrive encore d'être au bord d'exploser! -, mais Galo m'a appris à mieux composer avec l'aspect mental du jeu.

«Il n'y a pas de miracle...»

Raonic assure qu'il est bien rétabli des maux de dos qui l'ont un peu dérangé récemment. «J'ai eu deux semaines de repos après ma défaite au premier tour à Rome, a-t-il rappelé. J'ai pu me reposer un peu, puis commencer ma préparation pour Roland-Garros.

«C'est ma première présence chez les pros, le début d'un apprentissage et chaque victoire sera un plus pour moi. C'est un tournoi du Grand Chelem, les matchs durent cinq manches et la pression est forte.

«J'aimerais jouer de façon parfaite dans tous mes matchs, mais c'est impossible. Je sais que je vais avoir des hauts et des bas, que je devrai puiser dans mes réserves. C'est là que ma préparation mentale va m'aider, quand il va falloir trouver une façon de gagner même si tous les coups ne fonctionnent pas.»

Rapidement devenu l'un des joueurs les plus populaires du circuit, Raonic a dû répondre à des demandes d'entrevues en provenance de tous les continents. Chaque fois, les médias s'étonnent de sa progression.

«Il n'y a pourtant pas de miracle, a-t-il insisté. J'ai beaucoup travaillé depuis un an, avec Frédéric Niemeyer d'abord au Canada, puis avec Galo. Ce sont toutes ces heures d'entraînement qui m'ont permis d'obtenir de bons résultats.

Depuis son arrivée à Paris, Raonic peut côtoyer tous les meilleurs du monde dans les vestiaires de Roland-Garros. Nadal, Federer, Djokovic... ils sont déjà là eux aussi et ils s'entraînent tout aussi fort que lui.

«Je sais que ce n'est encore qu'un début, a souligné le joueur de 20 ans. Je devrai travailler encore plus si je veux atteindre un jour mes objectifs.»