Rafael Nadal a réalisé un exploit sans précédent dans l'histoire du tennis en remportant dimanche son septième tournoi de Monte-Carlo consécutif face à David Ferrer (6-4, 7-5) en finale.

Dès le premier grand rendez-vous de la saison sur terre battue, le numéro un mondial est venu rappeler que c'était toujours lui le grand patron de la surface avec cette série aussi incroyable que le personnage.

Il y a plus d'un siècle, dans les années 1880, Richard Sears a bien remporté sept Championnats américains de rang. Mais c'était à une époque où le tenant du titre était directement qualifié pour la finale suivante et qui n'avait de toute façon rien à voir avec l'univers ultra-concurrentiel d'aujourd'hui.

«Je mesure déjà à quel point c'est difficile de gagner six titres de rang puisque je n'y suis moi-même jamais parvenu. Alors sept à la suite, c'est phénoménal», avait applaudi son grand rival Roger Federer en début de semaine, anticipant déjà sur ce qui relève une nouvelle fois de l'implacable.

«Jamais je n'aurais pu imaginer ça. Je suis un homme chanceux, a estimé Nadal dimanche. Je travaille beaucoup mais je ne suis pas le seul dans ce cas et personne n'a eu la chance de gagner autant, à seulement 24 ans. Merci la vie !»

Ce que le Majorquin a réussi avant même d'arriver au quart de siècle laisse en effet pantois. Il en est déjà à quarante-quatre titres, dont trente sur terre battue, rejoignant Björn Borg et Manuel Orantes à la troisième place du palmarès sur la surface, à quinze longueurs de Guillermo Vilas.

Unanimement considéré par ses pairs comme le meilleur joueur de tous les temps sur terre battue, où il a gagné 181 de ses 187 derniers matches, Nadal est carrément dans les temps pour devenir aussi le meilleur tout court.

Décourageant

Avec ce 19e titre en Masters 1000, deux de plus que Roger Federer et Andre Agassi, il détient déjà le record dans cette catégorie de tournois. Il s'annonce d'ores et déjà comme l'immense favori du prochain Roland-Garros où il visera un sixième titre qui serait son dixième en Grand Chelem.

On avance souvent que le physique va constituer la limite de Nadal dont le style de jeu serait trop exigeant pour une carrière longue. Mais en attendant, il a prouvé à Monte-Carlo qu'il pouvait être en bonne santé et performant d'une année sur l'autre pendant sept printemps, ce qui n'est pas rien.

«J'ai changé, je cours beaucoup moins qu'au début de ma carrière», dit-il à ce sujet. Cela reste cependant relatif puisque c'est bien à l'usure qu'il a remporté ses deux matches les plus disputés face à Andy Murray (6-4, 2-6, 6-1 en 2h58) en demi-finale et contre Ferrer dimanche (en 2h16).

Le plus décourageant pour ses adversaires c'est sans doute qu'il n'a jamais joué son meilleur tennis cette semaine sur le Rocher où il avait frôlé la perfection l'année dernière en ne laissant que 14 jeux à ses cinq adversaires.

Cette fois, il en a lâché 34 dont neuf à Ferrer lors d'une finale qui ne restera pas dans les annales. Nadal a de nouveau connu des difficultés en service et sur son point fort, le coup droit (14 fautes directes).

Il a joué plus court que lors de son parcours 2010 et a même laissé fondre une avance de 4-2 dans le deuxième set pour offrir une petite rallonge aux spectateurs. Mais au final, le résultat est encore et toujours le même et l'impression laissée celle d'une implacable domination.