La défaite de Roger Federer face à Jürgen Melzer vendredi en quarts de finale du tournoi de Monte-Carlo est venue confirmer ses difficultés d'acclimatation à la terre battue et relancer les interrogations quant à ses chances de gagner encore des grands tournois.  

Alors que Rafael Nadal a une nouvelle fois déroulé (6-1, 6-3) face à Ivan Ljubicic pour retrouver Andy Murray, vainqueur de Frederico Gil (6-2, 6-1) en demi-finale, et que David Ferrer a dominé Viktor Troicki (6-3, 6-3), Federer a été la seule des quatre premières têtes de série à manquer son rendez-vous, battu (6-4, 6-4) par Melzer, dont c'est la première demi-finale en Masters 1000.

Cela fait désormais trois ans que le N.3 mondial peine à trouver ses marques sur une surface qui n'a jamais été sa préférée mais sur laquelle il a longtemps été l'unique menace pour Nadal, son bourreau en finale à Monte-Carlo de 2006 à 2008.

En 2009, le Suisse avait perdu en quarts de finale face à Stanislas Wawrinka. Absent l'année dernière sur le Rocher, il avait cédé d'entrée contre Ernests Gulbis à Rome, suivi d'une vilaine défaite contre Albert Montanes à Estoril.

Selon lui, pas vraiment de surprise donc. «Je ne m'attendais pas à être tout de suite à mon meilleur niveau», a-t-il souligné, se disant même «satisfait» d'avoir pu voir lors de ces trois matches à Monte-Carlo ce qu'il lui reste à corriger dans les semaines qui viennent pour mieux rebondir ailleurs.

Reste à savoir s'il en a les moyens, alors qu'il retourne s'entraîner en Suisse pendant quelques jours «pour être prêt à encaisser le gros programme» qui l'attend avec les tournois de Madrid, Rome, Roland-Garros, Halle et Wimbledon.

Il y a deux ans, alors que ses défaites commençaient à devenir une habitude et qu'on parlait déjà de fin de règne, il avait cloué le bec à tout le monde en allant en demi-finale à Rome avant de gagner à Madrid, Roland-Garros et Wimbledon !

«Il faut respecter Roger !»

L'année dernière en revanche, la riposte a été faible avec une finale à Madrid face à Nadal mais aussi une défaite en quarts à Roland-Garros face à Soderling.

Le tournoi de Madrid, placé avant celui de Rome cette année, donnera les premiers éléments de réponse à partir du 1er mai. En attendant, les détracteurs du Suisse ont trouvé quelques arguments supplémentaires pour spéculer sur le déclin du champion suisse de bientôt 30 ans, dont c'était la première défaite contre un gaucher autre que Nadal depuis celle face à Franco Squillari en janvier 2003.

Ils vont parler de ses 24 fautes directes, dont plusieurs bourdes grossières, dans des conditions certes très venteuses. Disséquer les sept balles de break gaspillées sur sept. Se délecter de son smash dans le bas du filet et de cette balle amortie qui est retombée devant sa raquette.

«Il faut toujours respecter Roger !, a volé au secours Melzer. Il a joué à un niveau tellement élevé que pour lui être N.3 mondial est une contre-performance, ce qui est, quand vous y réfléchissez, quand-même particulièrement stupide !»

«Chaque fois qu'il perd, c'est une tragédie. Mais je peux vous assurer que beaucoup de joueurs aimeraient être à sa place», a ajouté l'Autrichien qui, après avoir épinglé Nadal et Djokovic l'année dernière, a accroché le dernier grand scalp qui manquait à sa collection. A ses yeux, le plus prestigieux de tous.