Roger Federer est passé au bord du précipice lundi à Wimbledon, où il a été mené 2 sets à 0 par un Colombien peu coté, Alejandro Falla, dans son premier tour le plus difficile en Grand Chelem depuis qu'il domine le tennis mondial.

Bien sûr le Suisse a souligné la qualité du jeu de son adversaire, un gaucher au toucher élégant qui a évolué bien au-dessus de ce qu'on peut attendre d'un 62e mondial. «Il a fait un grand match, il m'a poussé», a dit Federer, finalement vainqueur 5-7, 4-6, 6-4, 7-6 (7/1), 6-0.

Mais c'est bel et bien l'insuffisance de son jeu pendant quatre sets, sa difficulté inhabituelle à se déplacer sur sa surface favorite, ses trop nombreuses fautes en revers et son irrégularité au service qui l'on conduit tout près de la pire défaite de sa carrière.

Car il n'a manqué qu'un brin de mental à Falla pour boucler la partie, une première fois dans la troisième manche, lorsque qu'il a raté quatre balles de break, dont trois d'affilée (0-40) à 4-4, puis surtout dans la quatrième quand il a servi, en vain, pour le gain de la partie.

Personne n'aurait parié sur un tel scenario lors du tirage au sort, qui semblait au contraire avoir réservé une mise en route idéale au N.2 mondial et néanmoins tête de série N.1 (à cause d'un système qui privilégie les résultats sur gazon).

Federer n'avait-il pas battu Falla lors des deux tournois précédents, à Roland-Garros puis à Halle, sans céder un set? En Allemagne, la partie s'était même conclue sur le score sans appel de 6-1, 6-2. «Apparemment, il avait oublié qu'il était censé perdre!», a souri Federer.

Ce faux départ, extrêmement étonnant de la part d'un joueur qui n'avait lâché que deux manches au premier tour d'un Grand Chelem depuis sa dernière élimination à ce stade, en 2003 à Roland-Garros, relance les interrogations sur sa capacité à aller chercher le record des sept titres de Pete Sampras.

Schiavone éliminée

Depuis sa victoire à l'Open d'Australie, en janvier, le Suisse n'a soulevé aucun trophée et contrairement à ce qui s'était passé l'année dernière, il n'a pas réussi à redresser la barre au printemps après un hiver décevant.

Au contraire, sa défaite en quarts de finale de Roland-Garros lui a fait perdre la première place mondiale au profit de Rafael Nadal et, pour la première fois depuis qu'il règne sur le jeu sur gazon, il a perdu lors de sa préparation à Wimbledon. C'était dimanche dernier, en finale du tournoi de Halle, contre l'Australien Lleyton Hewitt.

Le Suisse n'a pas été la seule tête de série à devoir refaire un retard de deux sets. Nikolay Davydenko en est aussi passé par là pour se débarrasser du grand serveur sud-africain Kevin Anderson 3-6, 6-7 (3/7), 7-6 (7/3), 7-5, 9-7.

Mais c'est beaucoup moins étonnant dans le cas du Russe, qui a presque autant d'éliminations au premier tour (5 sur 9 participations) à son palmarès londonien que Federer de titres (6).

De même, l'élimination de Francesca Schiavone par la Russe Vera Dushevina 6-7 (0/7), 7-5, 6-1 n'est qu'une demi-surprise. L'Italienne n'est pas une spécialiste de l'herbe et il lui faudra surtout beaucoup plus de quinze jours pour digérer son triomphe inattendu à Roland-Garros.

Quant à Novak Djokovic, il l'a échappé belle lors d'un duel très électrique avec Olivier Rochus (4-6, 6-2, 3-6, 6-4, 6-2). Interrompue par la nuit après trois sets, la partie a repris une fois fermé le toit inauguré l'an dernier.

Après une ola lancée par le public lors de la pause, rareté dans l'univers si feutré de Wimbledon, le N.3 mondial a fini par s'imposer au terme d'un combat magnifique, terminé à 22h58 locales après 3 h 51 min d'échanges, nouveau record du tournoi.