Si Roger Federer et Rafael Nadal, vainqueurs des sept dernières éditions, restent les favoris logiques de Wimbledon qui commence lundi, leurs récentes défaites donnent espoir à la concurrence même si les contours exacts de celle-ci restent encore à cerner.

C'est sur un sentiment bizarre que s'ouvre le tournoi 2010 et pas seulement parce qu'il est placé en plein coeur de la Coupe du monde de football qui monopolise les attentions du monde sportif et du monde tout court.Car il y a comme une impression de flottement au sommet, ne serait-ce que parce que le N.1 mondial et la tête de série N.1 font deux, Nadal, patron du classement ATP, ayant été rétrogradé par les organisateurs derrière Federer, tenant du titre et jardinier en chef sur le gazon londonien.

Forfait l'an dernier, Nadal revient à Londres deux ans après y avoir remporté le «match du siècle» face à Federer en finale. Comme en 2008 et comme son rival suisse l'année dernière, il tentera de réussir le fantastique et improbable pari d'enchaîner victoire à Roland-Garros et triomphe à Wimbledon.

Mais il y a au moins deux raisons qui incitent à la prudence. Son tableau qui, de Blake à Murray en passant par Youzhny et Soderling, constitue un parcours du combattant, alors que celui de Federer ressemble à un boulevard.

Son degré de forme ensuite, douteux depuis son apparition la semaine dernière au Queen's qu'il avait gagné en 2008 mais où il a cédé dès les quarts de finale, en deux sets face à Feliciano Lopez.

Federer, pendant ce temps-là, se trouvait comme d'habitude à Halle, en Allemagne, où, contrairement à son habitude, il n'a pas gagné le tournoi. Battu par un ancien, l'Australien Lleyton Hewitt, en finale, le Suisse est apparu étonnamment fragile sur une surface sur laquelle il n'avait perdu qu'un seul de ses 69 (!) précédentes rencontres, lors de la fameuse finale face à Nadal en 2008.

Les Williams en pole

Ce qui fait que le Suisse arrive sur une défaite à Wimbledon pour la première fois depuis sept ans, une nouveauté qu'il voudra certainement évacuer au plus vite en ouvrant victorieusement le bal lundi sur le Central face au Colombien Alejandro Falla, sa victime préférée ces dernières semaines.

Avec un septième sacre à Londres, Federer égalerait le record de Pete Sampras et éviterait que Nadal s'échappe en tête du classement mondial. Cela reste évidemment largement dans ses cordes. Mais le doute est permis et c'est déjà un petit événement.

Qui pour sauter dans la brèche, au cas où ? Pas facile à trouver le troisième homme car ceux qui viennent les premiers à l'esprit, comme Djokovic, Murray ou Roddick, n'ont pas donné des gages très rassurants au Queen's non plus.

Alors pourquoi ne pas assister à l'émergence d'un nouveau champion ? Par exemple un gros serveur comme les Américains John Isner et Sam Querrey qui rêvent de marcher dans les pas de Roddick, triple finaliste et seulement battu 16-14 par Federer l'année dernière, mais en allant jusqu'au bout.

Chez les dames, ce sont une nouvelle fois les soeurs Williams qui se partagent le haut de l'affiche. L'idée d'une belle est dans l'air entre Venus, sacrée en 2008, et Serena, tenante du titre, pour ce qui serait la troisième finale de suite sur le gazon londonien entre les deux soeurs qui se sont partagé huit des dix derniers titres.

Pour empêcher leurs retrouvailles, il y a notamment Justine Henin qui, inspirée par la victoire de Federer à Roland-Garros l'an dernier, rêve de l'emporter pour la première fois à Londres.

Sa victoire samedi à Rosmalen montre qu'elle a les moyens de postuler dans une partie de tableau où elle pourrait rencontrer l'autre vedette belge, Kim Clijsters, dès les huitièmes de finale.