Un an après avoir été chassé de son jardin par Robin Soderling, l'Espagnol Rafael Nadal retrouve le Suédois dimanche en finale de Roland-Garros pour redevenir roi en son royaume.

C'est un dimanche à enjeux lourds qui attend les joueurs au moment de briguer la succession et, en ce qui concerne Nadal, le trône de Roger Federer, battu par Soderling en quarts de finale mardi.

Le Suédois de 25 ans vise un premier titre en Grand Chelem, un an après sa première finale, perdue à Paris face à Federer mais confirmée par son parcours cette année et sa constance tous terrains depuis un an.

Avec ses armes censées s'exprimer d'abord sur surfaces rapides, il ferait un vainqueur étonnant sur la terre battue parisienne mais certainement pas un vainqueur au rabais. Battre Federer et Nadal dans un Grand Chelem, pour l'instant seul Juan Martin Del Potro y est parvenu, au dernier US Open.

Déjà assuré de doubler l'Argentin, son cousin dans le jeu, Soderling peut s'installer au quatrième rang mondial en cas de succès, le premier d'un Suédois à Paris depuis Mats Wilander en 1988.

Pour Nadal, la récompense hiérarchique serait plus belle encore. Il retrouverait dès lundi la place de N.1 mondial et priverait ainsi Roger Federer d'un nouveau record, celui des semaines passées au sommet.

Surtout il remporterait un cinquième titre à Paris en six participations, face à l'homme qui lui a infligé son unique défaite dans son jardin, en huitièmes de finale l'année dernière. Il dépasserait Henri Cochet au palmarès et se rapprocherait, alors qu'il vient seulement de fêter ses 24 ans, à une longueur de Björn Borg, le seul qui peut encore lui disputer le titre de plus grand joueur de tous les temps sur terre battue.

«Je suis là où je rêve d'être depuis un long moment, dit Nadal. Je ne crois pas aux revanches, surtout pas dans une finale de Roland-Garros. Je sais seulement que je devrai donner le meilleur de moi-même face à un des meilleurs joueurs du monde. Etre moyen ne suffira pas.»

Début de panique

Sur le papier, il reste l'incontestable favori. Même s'il n'a pas eu une adversité énorme - Almagro, 21e mondial, était son adversaire le mieux classé - le Majorquin n'a pas perdu un set de la quinzaine et reste sur 21 victoires de suite sur terre battue depuis le début de la saison.

Il est en forme et s'il joue sans doute un peu moins bien qu'il y a deux ans, où il avait été phénoménal, ce ne serait pas un scandale qu'il remporte le tournoi sans perdre un set, comme à la belle époque.

Car de Monte-Carlo à Paris, en passant par Rome et Madrid, on a revu ces ingrédients qui font sa force, du coup droit lasso au pas de course frénétique. C'est tout juste qu'il apparaît parfois un peu plus fragile mentalement qu'au temps de la confiance aveugle, comme l'a montré son début de panique sur la fin de sa demi-finale face à J-rgen Melzer.

Soderling, principal responsable de cette fin de l'inconscience, est peut-être le seul joueur actuel à pouvoir le battre à la régulière sur terre battue. Parce qu'il l'a déjà fait, qu'il a récidivé face à Federer mardi et qu'il possède l'antidote au jeu «nadalien», avec sa stratégie à hauts risques.

Grand, il arrive à neutraliser le lift de Nadal et à balancer des services fracassants. Il joue vite et sur les lignes. Dans un bon jour, c'est implacable. Sinon il commet, comme vendredi face à Tomas Berdych, 63 fautes directes, au moins vingt de trop pour espérer battre Nadal.

Il lui faudra réussir le match parfait, ou pas loin. Dans une finale ce n'est pas évident, même s'il est convaincu que ce sera plus facile cette fois que lors de son bizutage par Federer l'année dernière.