Avec deux Chinoises en demi-finales de l'Open d'Australie, le pays du ping pong réussit une percée inédite dans un sport, le tennis, qu'il a apprivoisé en quelques années à peine.

Une finale 100% chinoise en Grand Chelem, hypothèse hautement improbable il y a encore peu, n'est aujourd'hui plus à négliger après les qualifications de Zheng Jie et Li Na pour le dernier carré à Melbourne.

C'est une grande première de retrouver deux Chinoises en demi-finales d'un tournoi majeur, où Zheng Jie et Li Na devaient rencontrer jeudi la Belge Justine Henin et l'Américaine Serena Williams.

C'est surtout un résultat qui interpelle vu l'état du tennis sans table chinois il y a dix ans. «A l'époque, on pouvait au mieux espérer voir une finale du Grand Chelem à la télévision. Aujourd'hui on retransmet les premiers tours», témoigne Zheng Jie, 26 ans et 35e mondiale.

«Il y a beaucoup de medias chinois qui ont fait le déplacement jusqu'à Melbourne, abonde Li Na, 27 ans et 17e mondiale. Après ma victoire, j'ai reçu une vingtaine de textos de la part d'amis qui ont vu le match.»

La cause de cette réussite ne doit rien au hasard. «C'est beaucoup, beaucoup de travail», soulignent les deux joueuses. C'est peu dire car, lorsque la Chine a lancé ses préparatifs en vue des jeux Olympiques de Pékin 2008, les efforts demandés aux athlètes ont été tels qu'elles ont voulu tout plaquer.

«Si on ne m'avait pas forcée, j'aurais arrêté», avait confié Li Na il y a deux ans, lorsque les joueuses étaient regroupées au sein de l'équipe nationale et contraintes de reverser la majorité de leurs gains à la fédération chinoise.

Moins strict qu'avant

Mais cela a porté ses fruits, en tous cas chez les femmes. Les premiers résultats sont venus en double où, dès les JO d'Athènes en 2004, Ting Li et Tiantian Sun ont ramené l'or. La même année, Li Na a remporté son premier tournoi. En 2006, Zheng Jie a gagné le double à Melbourne et à Wimbledon avec Yan Zi , avant de décrocher le bronze aux JO de Pékin.

Aujourd'hui, elles sont trois joueuses à figurer dans le Top 100. Li Na est assurée, après son succès sur Venus Williams, d'entrer dans le Top 10, une nouvelle première pour la Chine. Zheng Jie retrouvera, elle, le Top 20.

«C'est génial. C'était mon but pour cette année et je l'ai déjà atteint alors qu'on n'est qu'en janvier. Peut-être que je vais aller boire une bière ce soir!», jubilait Li Na, qui arbore un tatouage à l'omoplate et change de couleur de cheveux «tous les deux mois».

Les conditions d'entraînement aussi se sont assouplies depuis la fin des JO et Li Na ne reverse depuis cette année plus que 12% de ses gains à la fédération, contre 60% auparavant.

Comme Zheng Jie, avec qui elle fait «du shopping», elle est désormais entraînée par son mari, assisté d'un entraîneur étranger, Thomas Hogstedt, et s'occupe de ses réservations d'hôtel et des billets d'avion.

«J'ai mon équipe maintenant et lorsque je n'ai pas envie de m'entraîner, je prends ma journée, ce qui n'aurait pas été possible en équipe nationale», souligne Li Na qui assure que le meilleur est encore à venir.

«Je pense qu'il y a d'autres Chinois qui vont percer, dit-elle. Mais il faut d'abord qu'ils obtiennent un classement qui leur permette d'entrer dans les grands tournois. Cela vaut notamment pour nos garçons», où le dénommé Zeng Shao-Xuan représente l'actuel sommet, du haut de son 328e rang mondial.