Le Suisse Roger Federer n'est plus qu'à un match d'un record historique qui assurerait son emprise sur le titre de meilleur joueur de tennis de tous les temps.

Facile vainqueur hier en demi-finale de l'Allemand Tommy Haas, 7-6 (4), 7-5, 6-3, Federer affrontera demain l'Américain Andy Roddick en finale des Internationaux de Grande-Bretagne à Wimbledon. Une victoire lui procurerait un 15e titre en tournoi du Grand Chelem, un de plus que l'Américain Pete Sampras avec lequel il partage présentement le record.

 

«C'est une grande occasion pour moi de rentrer dans les livres d'histoire», a avoué le champion de 27 ans, déjà vainqueur à Roland-Garros, pour la première fois de sa carrière, il y a moins d'un mois. «Je suis fier de mes records, je n'aurais jamais cru avoir autant de succès quand j'étais enfant. J'aurais été heureux de remporter quelques tournois, peut-être Wimbledon... C'est impressionnant de regarder derrière.

«Et j'atteins ici ma sixième finale du Grand Chelem de suite. Tant de choses vont bien dans ma vie présentement et j'ai une occasion fantastique. C'est sûr qu'accomplir quelque chose d'aussi grand dimanche, serait extraordinaire.»

Face à Haas, Federer a offert une performance sans faille. «Ces matchs ne sont jamais faciles, a-t-il pourtant estimé, en conférence de presse officielle. On joue toujours mieux quand l'adversaire joue bien aussi et Tommy était dans une bonne dynamique.

«Je n'ai pas eu d'occasions de briser son service pendant presque deux sets. Je suis arrivé à sortir de belles choses quand il a fallu et je suis très heureux de cette performance.»

Haas n'a pu répéter son exploit de Roland-Garros, où il avait été tout près de sortir Federer au quatrième tour. Menant deux manches à zéro avec un bris en troisième manche, le vétéran de 32 ans n'avait pu résister au retour du Suisse.

«J'ai peut-être pensé un peu trop à ce que je devais faire, a admis le vétéran qui a déjà été numéro 2 du classement mondial, en 2002, avant une grave blessure à l'épaule. J'ai bien joué, bien servi, mais Roger est capable de hausser le niveau de son jeu, aussi bien en défense qu'en attaque, dès qu'il en a besoin. Sur le gazon, il est sur une autre planète.»

En se qualifiant pour la finale, Federer a déjà établi un nouveau record avec 20 finales du Grand Chelem en carrière. Il partageait la marque de 19 avec Ivan Lendl. Une sixième victoire à Wimbledon, demain, lui permettrait d'approcher du record de sept de Sampras.

«Battre des records n'est pas la seule raison pour laquelle je joue au tennis, a tenu à rappeler l'élégant joueur suisse, devant les journalistes. C'est aussi pour l'amour et le plaisir de jouer.»

Roddick brise le rêve de Murray

Dans l'autre demi-finale, l'Américain Andy Roddick retrouvera Federer dans une quatrième finale du Grand Chelem et sera encore à la recherche d'un premier gain après ses défaites à Wimbledon (2004 et 2005) et aux Internationaux des États-Unis (2006).

Face à l'Écossais Andy Murray, Roddick a fait preuve d'une étonnante constance pour s'imposer en quatre longues manches de 6-4, 4-6, 7-6 (7) et 7-6 (5). Aucun Britannique n'a gagné à Wimbledon depuis Fred Perry, en 1936, et Murray portait les espoirs de tout un peuple.

«La pression était sur Andy (Murray), a expliqué l'Américain en conférence de presse. Cela m'a peut-être aidé. Depuis un an, il a été meilleur que moi, mais aujourd'hui, j'ai été un peu meilleur que lui. Il fallait que je joue mon meilleur tennis pour gagner aujourd'hui et je l'ai fait.»

Murray, dont la défaite a coûté plus d'un million de livres aux parieurs britanniques, selon les observateurs, a estimé: «Andy a très bien servi, mais il a aussi bien retourné et a profité de toutes ses chances. Je n'ai pas aussi bien joué que je l'aurais voulu. J'avais une chance, mais je vais revenir l'an prochain et je crois que je peux gagner ce tournoi un jour.»

Irrégulier pendant toute sa carrière, Roddick espère avoir fait taire une partie de ses critiques cette semaine. «J'ai montré que je savais aussi jouer au tennis. Beaucoup de gens ne me donnent pas beaucoup de crédit, estimant que je n'ai qu'un service puissant...

«Durant ma carrière, j'ai eu des déceptions, mais je me suis toujours battu à la limite de mes forces. Cette victoire me donne une chance pour un autre titre en Grand Chelem (il a gagné l'Omnium des États-Unis en 2003). C'est un rêve...»

Un rêve, en effet. En 20 matchs contre Federer, Roddick n'en a remporté que deux.