Roger Federer n'est plus qu'à un match d'un double exploit historique après sa victoire héroïque en demi-finale des Internationaux de France, hier, face à l'Argentin Juan Martin Del Potro.

Le Suisse a dû se battre pendant cinq manches, trois heures et 29 minutes, pour finalement l'emporter 3-6, 7-6 (2), 2-6, 6-1 et 6-4. Il affrontera demain en finale le surprenant Suédois Robin Soderling, 25e joueur mondial, et sera le grand favori du public qui rêve de le voir accéder au panthéon du tennis.

 

En attendant, c'est un joueur bien mortel qui a survécu aux pièges posés par Del Potro, un géant de 20 ans. «J'ai été un peu chanceux, mais je me suis bien battu, a estimé un Federer très ému en conférence de presse. C'est génial de gagner des matchs comme celui-là. Si je gagne la finale après ça, ce sera très fort.

«Je suis vraiment fier d'être encore revenu aujourd'hui. Après le deuxième set, je savais que plus le match allait durer, plus c'était à mon avantage. Pour lui (Del Potro), c'est dur et triste, mais j'ai aussi perdu des matchs en cinq manches à 20 ans. Aujourd'hui (à 27 ans), ça m'aide beaucoup.»

Del Potro a longtemps cru en ses chances, mais une série de doubles fautes en dernière manche lui ont été fatales. «J'ai commis quelques erreurs que j'ai payées très cher», a-t-il concédé.

«Tout le monde veut qu'il (Federer) soulève la Coupe, il le mérite, mais j'ai été très près de lui gâcher la fête. C'est le moment le plus fort que j'ai vécu dans ma carrière.

«Là, je suis déçu, je me sens mal, mais dans quelques jours, quand je me serai relâché, chez moi, je serai probablement content de ce que j'ai fait.»

Un rendez-vous avec l'histoire

Une victoire de Federer lui permettrait à la fois d'égaler le record de 14 victoires en tournois majeurs de l'Américain Pete Sampras et de compléter son Grand Chelem personnel avec un premier titre à Roland-Garros. Le Suisse compte déjà cinq titres à Wimbledon et aux Internationaux des États-Unis, trois aux Internationaux d'Australie. Seulement cinq autres joueurs - Andre Agassi, Don Budge, Roy Emerson, Rod Laver et Fred Perry - ont réussi le Grand Chelem en carrière.

«La pression est vraiment forte depuis deux semaines, peut-être la plus forte que j'ai connue depuis mes débuts, a reconnu Federer. Je sais tout ce que représenterait ce titre pour moi. Mais le grand pas reste encore à faire.»

Federer a déjà égalé hier le record de 19 présences en finales du Grand Chelem, détenu jusque-là par le Tchèque Ivan Lendl.

Deuxième favori du tournoi, Federer disputera sa quatrième finale consécutive à Roland-Garros. Depuis 2006, il s'est incliné trois fois devant l'Espagnol Rafael Nadal, écarté cette fois au quatrième tour par Soderling.

Soderlingse surprend

Irrésistible depuis le début du tournoi, Soderling a finalement connu quelques doutes, hier, face au Chilien Felipe Gonzalez, avant de s'imposer en cinq manches - 6-3, 7-5, 5-7, 4-6, 6-4 - d'un marathon de trois heures et 28 minutes.

Impérial en première manche, le Suédois a vu son adversaire revenir à son niveau à force de coups droits et de services puissants. «À partir de la troisième manche, il ne ratait pratiquement plus ses premiers services, a expliqué Soderling. J'étais fatigué, mais je me suis dit que ça ne pouvait pas se terminer comme ça, que je ne pouvais pas partir sans donner tout ce que j'avais. J'ai essayé de prendre son service un peu plus tôt, alors j'ai réussi à remettre la balle en jeu. Après ça, j'ai recommencé à bouger un peu mieux.»

Soderling est le premier Suédois en finale à Roland-Garros depuis 2000, quand Magnus Norman, devenu son entraîneur, s'était incliné face au Brésilien Gustavo Kuerten.

«C'est un grand sentiment d'être en finale d'un des plus grands tournois du monde, surtout sur terre battue, a reconnu Soderling. Je me surprends moi-même. La finale, c'est le match que je veux vraiment gagner. J'ai joué de grands matchs sur le Central, je crois que je suis prêt...»

À 24 ans, alors qu'il n'avait encore jamais dépassé le troisième tour d'un tournoi du Grand Chelem, Soderling vient de battre en succession David Ferrer, Rafael Nadal, Nikolay Davydenko et Gonzalez, quatre joueurs réputés sur la terre battue.

Il n'a toutefois jamais battu Federer en neuf affrontements. «J'ai une chance, a estimé le Suédois. J'ai souvent perdu contre lui, mais les scores étaient très serrés. Il va être favori, mais Nadal était aussi le favori contre moi...»