Revenu de loin vendredi face à Juan Martin Del Potro, Roger Federer a atteint sa quatrième finale de suite à Roland-Garros en espérant que, cette fois, ce sera la bonne, dimanche face au Suédois Robin Soderling.

Après avoir lâché les trois premières contre Rafael Nadal, le Suisse aura une chance historique de remporter enfin le dernier tournoi majeur qui manque à sa collection et d'égaler le record de quatorze victoires en Grand Chelem de Pete Sampras.

C'est même une occasion en or pour le N.2 mondial, face à un adversaire qui, après son succès (6-3, 7-5, 5-7, 4-6, 6-4) sur Fernando Gonzalez, découvrira pour la première fois l'atmosphère si particulière des grandes finales et qui n'a encore jamais battu Federer en neuf rencontres.

Une occasion en or qui a failli se fracasser contre le mur dressé par l'immense Del Potro, dominateur pendant trois sets avant de s'écrouler de façon spectaculaire (3-6, 7-6, 2-6, 6-1, 6-4).

«Il reste encore un pas, je suis tellement satisfait d'être encore revenu. J'ai été un peu chanceux mais je me suis battu. Même si j'ai un record exceptionnel contre (Soderling), il a fait encore un super match contre Gonzalez et c'est lui qui a battu +Rafa+ (Nadal)», a déclaré Federer.

Son soulagement était palpable, tant il lui aurait été difficile de se remettre d'un nouvel échec alors qu'il est devenu le grand favori depuis les éliminations de Nadal et Novak Djokovic lors de la première semaine.

Comme face à Jose Acasuso au deuxième tour et Tommy Haas en huitième de finale, il a complètement raté son début de match. Submergé par les énormes services de Del Potro, il n'a pas vu la couleur d'une seule balle de break entre le troisième jeu du match et le début du quatrième set.

Dix-neuf finales, comme Lendl

Mais comme lors de ses précédentes remontées, il a refusé de mourir, mû par une force de conviction énorme: en 22 demi-finales du Grand Chelem, le Suisse n'a perdu que trois fois.

Une faculté à répondre présent dans les grands rendez-vous qui lui a permis d'atteindre sa 19e finale du Grand Chelem, égalant le record d'Ivan Lendl. Ses victoires passées, et le prestige qu'il en tire, l'aident à double titre. Elles inhibent au moins autant ses adversaires qu'elles ne décuplent sa propre confiance.

Du haut de ses 20 ans, Del Potro, N.5 mondial, en a donné une illustration parfaite. L'Argentin n'avait encore jamais pris un set à Federer en cinq rencontres. Vendredi, il en a gagné deux d'un coup. Mais jamais il n'a donné l'impression de pouvoir pousser jusqu'au crime de lèse-majesté.

Dès le tie-break du deuxième set, il a montré, avec quatre fautes affreuses, qu'il lui serait difficile de tuer le match. La confirmation est venue au début du quatrième set lorsqu'il s'est soudain embourbé dans un océan de bourdes, accompagnées d'une chute sensible de son pourcentage de premières balles.

Comme si, malgré son calme apparent, il était atteint d'une «peur de gagner» paralysante. Federer a saisi la perche pour survoler les deux derniers sets du 200e match en Grand Chelem de sa carrière.

Soderling ressentira-t-il le même poids dimanche? Ce sera la clé de la finale, encore amplifié par le fait que ce sera la première du Suédois en Grand Chelem. Sur un plan purement tennistique, il aura toutes ses chances.

Il l'a confirmé avec une victoire renversante sur Gonzalez. Intouchable pendant deux sets, moins précis lors des deux suivants, mené 4-1 dans le cinquième, il a montré une solidité mentale inédite pour lui avant ce tournoi en remportant les cinq derniers jeux du match.

S'il arrive à battre Federer dimanche, après avoir dominé Nadal en huitièmes, personne ne pourra dire qu'il aura volé le titre.