Toute la pression de Roland Garros et l'Américaine Serena Williams ont finalement eu raison d'Aleksandra Wozniak, lundi, en quatrième ronde des Internationaux de France. Battue nettement 6-1, 6-2, la Québécoise est restée tendue tout au long du match et n'a que très rarement pu déployer ses meilleurs atouts.

Elle était toutefois radieuse quelques heures après le match, bien consciente de l'ampleur de ce qu'elle a accompli à Paris.

«J'ai vécu une belle aventure, a-t-elle reconnu. Je suis fière de ce que j'ai accompli au cours des derniers jours. Depuis que je suis toute petite, je rêve de jouer un jour sur le court central à Roland Garros. C'est fait! La prochaine fois, je saurai à quoi m'attendre.»

Lundi, toutefois, Aleksandra n'était pas de taille à rivaliser avec Serena Williams. «J'étais très tendue, a-t-elle avoué. En fait, il y a bien longtemps que je n'avais pas été aussi nerveuse sur un court de tennis. Je me sentais comme une roche.

«Serena ne m'a pas laissé la chance de jouer mon jeu. J'ai frappé de bons coups, mais ce n'était pas assez. Mes émotions ont eu le meilleur sur moi.»

Wozniak n'a fait illusion qu'au début de la deuxième manche, réussissant même à briser le service de sa rivale, mais Williams ne lui a plus laissé aucune chance, achevant l'affaire en 53 petites minutes.

«C'est mon meilleur match depuis le début du tournoi, celui pendant lequel j'ai le mieux gardé ma concentration, a estimé la deuxième favorite. Je prends confiance à mesure que le tournoi avance et je suis bien heureuse d'être encore ici.»

Serena a été élogieuse envers Wozniak, après le match, quand les deux joueuses se sont retrouvées au filet. «Elle m'a dit : 'Continue ton bon travail, tu progresses super bien'. J'ai senti qu'elle avait du respect pour moi.»

Williams a été championne à Paris en 2002, mais elle n'a plus franchi les quarts de finale depuis 2004. Elle affrontera à ce stade de la compétition la Russe Svetlana Kuznetsova, septième favorite et finaliste à Roland Garros en 2006.

Une étape importante

Avec sa qualification pour le quatrième tour, Wozniak est pratiquement assurée de conserver sa 24e place au classement WTA. Les résultats finaux du tournoi pourraient éventuellement lui permettre de gagner une place ou deux.

Au plan financier, Aleksandra a également fait une excellente opération puisqu'elle recevra un chèque de 68 400 euros (environ 105 000 $).

Malgré son élimination, les dix derniers jours auront permis à Aleksandra de prendre pied solidement parmi l'élite du tennis féminin. Les médias français la présente maintenant comme la «petite fiancée du Québec» et son jeu solide, son revers puissant ont impressionné plus d'un observateur.

«J'ai encore beaucoup de choses à améliorer, a expliqué Wozniak. Mais j'ai aussi accompli de grands progrès. Je m'entraîne tous les jours, je travaille très fort. Je continue de rêver à une place dans le top 10 du tennis féminin, à une victoire dans un tournoi du Grand Chelem. J'y crois.

«Il me manque encore l'expérience de ces gros matchs, contre les meilleures, sur les courts centraux des grands tournois. J'ai maintenant la chance d'en disputer plus souvent et ça va m'aider dans ma progression.»

Le gazon, en attendant le Québec

Aleksandra profitera des prochains jours pour jouer un peu les touristes à Paris, question de refaire le plein d'énergie avant de passer au tennis sur gazon. «Je serai à Birmingham, la semaine prochaine, pour le premier de deux tournois préparatoires pour Wimbledon.

«La transition de la terre battue au gazon est délicate : on ne glisse pas sur le terrain, les balles sont plus basses, a expliqué Wozniak. Ça prendra quelques jours pour s'habituer, mais tout devrait être correct à Wimbledon.»

L'année dernière, la Québécoise avait atteint la deuxième ronde du tournoi, s'inclinant devant la Danoise Caroline Wozniacki.

Il faudra attendre le début juillet pour revoir Aleksandra au Québec. «Les joueuses du top 50 ont des obligations et ça fait longtemps que je suis en Europe, a-t-elle avoué. Mais je reçois un support fantastique des Québécois et des Canadiens. Ça m'aide beaucoup.

«Je remercie d'ailleurs tout le monde qui m'a appuyée cette semaine. C'est tellement motivant. Je pense aussi beaucoup aux proches qui travaillent avec moi depuis longtemps et qui n'étaient pas ici pour vivre cette aventure...»