Un an plus tard, Aleksandra Wozniak sera encore du troisième tour des Internationaux de France. La Québécoise s'est facilement qualifiée, jeudi matin à Roland Garros, en battant le jeune Croate Petra Martic, 6-3, 6-3. Après un premier tour difficile, mardi, Wozniak a retrouvé tout son tennis face à Martic. Très agressive, elle n'a laissé aucune chance à sa rivale.

«J'ai disputé un très bon match, bien meilleur que mon premier, a-t-elle estimé. J'ai été très agressive, j'ai mis beaucoup de pression sur elle et ça l'a décontenancé. Elle est jeune, elle a de bons coups, ce match va sûrement l'aidée pour l'avenir.»

Après avoir remporté la première manche sans difficulté, Wozniak a laissé sa rivale briser son service au début de la deuxième manche. Menée 3-1, elle a encore enligné cinq jeux gagnants consécutifs, comme en troisième manche de son match précédent, pour conclure le match et montrer qui était la patronne!

«Être menée 1-3 ou 1-4, ce n'est jamais la fin du monde, a soutenu Aleksandra. Un seul point peut renverser un match, tout peut changer très rapidement, les filles sont tellement émotives...»

En un an, la progression de la joueuse de 21 ans a été proprement phénoménale. Passée du 140e au 24e rang mondial, elle est désormais une joueuse bien établie parmi l'élite du tennis féminin et c'est en position de favorite qu'elle affrontera samedi l'Espagnole Lourdes Dominguez-Lino. Une victoire pourrait l'opposer ensuite à l'Américaine Serena Williams.

«Le monde me connaît maintenant, les autres filles ont un oeil sur moi, note-t-elle avec une fierté certaine. Ça me donne confiance, c'est une grande source de motivation. Par rapport à l'an passé, j'ai l'impression que je suis plus forte mentalement, mieux armée pour passer le troisième tour et aller plus loin.»

Signe de cette nouvelle assurance, Aleksandra vise de plus en plus haut. Quand on lui a demandé à quelle étape du tournoi elle s'estimerait satisfaite, elle a répondu sans hésiter : «En gagnant la finale! Mon rêve est de gagner un tournoi du Grand Chelem un jour et c'est ce que je vise. Bien sûr, je me concentre toujours sur le prochain match, mais j'ai confiance en mes moyens.»

Le piège Dominguez Lino

Wozniak devra toutefois se méfier de sa prochaine adversaire. Seulement 87e au classement WTA, Dominguez Lino est une spécialiste de la terre battue, qui avait sèchement battu la Québécoise en avril 2008, 6-1-, 6-1, en première ronde du tournoi de Charleston.

«Je revenais d'une blessure à un genou, s'est rappelé Aleksandra. Elle (Dominguez Lino) se concentre sur la défensive et frappe des balles brossées, hautes, avec beaucoup d'accélération. Encore une fois, je vais devoir rester patiente, attendre les occasions pour avancer dans les balles et frapper des coups lourds, loin d'elle.»

L'Espagnole, qui n'avait jamais gagné un match de simple en trois participations à Roland Garros, a disposé jeudi de l'Américaine Alexa Glatch, 7-6(0), 7-5. Dans la même partie du tableau, Williams a facilement battu l'Espagnole Virginia Ruano Pascual et affrontera au prochain tour une autre Espagnole, Maria Jose Martinez Sanchez.

La perspective d'affronter la diva américaine sera certes une source de motivation pour Wozniak, même si elle prétend se concentrer «à 100%» sur son prochain match. La Québécoise a d'ailleurs triomphé de l'Américaine dans leur seul affrontement, en juillet dernier à Stanford, alors que Williams, menée 6-1, 3-1, s'était retirée en prétextant une blessure.

En confiance et bien entourée

Wozniak tire un plaisir évident de cette troisième participation aux Internationaux de France. Jusqu'ici, le public la supporte bruyamment et elle compte de nombreux proches autour d'elle.

«J'ai joué mes deux matchs sur le court 17, qui est un mini stade, et les spectateurs m'encouragent beaucoup. De plus, Rob (Steckley), mon partenaire d'entraînement, et Milos (Galecic), qui m'aide dans ma préparation physique, sont avec moi. Rob m'avait porté chance au printemps en Floride et je suis bien contente qu'il soit là.»

Aleksandra est aussi rassurée sur l'état de son épaule droite. Une déchirure musculaire l'avait embêté l'hiver dernier. «Je dirais que je suis maintenant guéri à 80%, a-t-elle estimé. Je dois m'astreindre à une préparation spécifique, subir des traitements et rester prudente, mais ça va de mieux en mieux.»

Par ailleurs, Wozniak est déjà assurée d'une double récolte importante à Roland Garros. Jusqu'ici, ses deux victoires lui ont procuré 105 points au classement WTA et 39 500 euros (61 000 $). Une victoire au troisième tour ajouterait 160 points et 40 600 euros à ses gains.

Voilà d'autres indicateurs du chemin parcouru par la jeune femme de Blainville en un an.