Roger Federer et Marat Safin se retrouveront vendredi pour le choc le plus romantique du troisième tour à l'Open d'Australie, où leur fantastique demi-finale de 2005 est restée dans toutes les mémoires.

Pour se mettre l'eau à la bouche, il n'y a qu'à demander à Federer, ravi de se charger des présentations. «Ce sera un match sympa, j'en suis sûr. Tous nos matches l'ont été. On a un passé en commun. Un passé riche. Ce sera un match entre deux anciens N.1, deux vainqueurs de Grand Chelem. Un match intriguant.»

Safin aussi dit attendre ça «avec impatience». Normal, ce sera sans doute lui le plus nostalgique. Car la dernière fois que les deux hommes se sont rencontrés à Melbourne, c'est lui qui est sorti du court en vainqueur.

C'était en 2005, en demi-finale, et Safin s'était imposé après cinq sets de toute beauté (5-7, 6-4, 5-7, 7-6, 9-7) pour gagner, deux jours plus tard, son deuxième titre du Grand Chelem. «Probablement la plus belle victoire de ma carrière. Quel match! Je suis passé par tous les états», se rappelle le Russe.

«J'avais eu la chance qu'il prenne un peu peur dans le cinquième set. Plusieurs de nos rencontres précédentes avaient été très serrées. Mais je n'ai jamais réussi à aller jusqu'au bout. Au cinquième set, je me suis dit que c'était le moment d'y aller.»

«Nos chemins se sont séparés»

C'était le bon vieux temps car ensuite, comme le dit Safin, «nos chemins se sont séparés». «Après ce match, notre vie a changé. Lui est allé conquérir des titres du Grand Chelem. Moi je me suis blessé. J'aurais bien aimé être à sa place. Mais c'est la vie.»

Safin n'a plus jamais remporté un tournoi. Miné par les bleus au corps et à l'âme, il a parfois plongé très bas. Il a tenté de revenir plusieurs fois au sommet. Sans jamais y parvenir tout à fait.

Lassé de végéter autour de la trentième place mondiale, il a annoncé en début d'année que 2009 allait être sa dernière saison. «Plus de stress, plus de drame, je veux m'amuser maintenant», a-t-il dit en début de semaine.

Le match face à Federer lui en offre une belle occasion. «Je n'aurai rien à craindre, rien à perdre, dit-il. On se connaît bien. Malheureusement je n'ai pas gagné beaucoup de matches contre lui (2 sur 11) et mes meilleures années sont derrière moi. Mais c'est plus confortable de jouer sans pression.»

Federer, rassuré par sa victoire expéditive sur le Russe Evgeny Korolev (6-2, 6-3, 6-1) mercredi, reste néanmoins concentré.

Ce ne sera pas une exhibition assure le Suisse pour qui rencontrer Safin constitue toujours «un gros challenge». Il n'a pas complètement tort puisque le Russe a gagné ses deux premiers matches en trois sets à Melbourne.

«On s'est rencontrés plein de fois, souligne Federer. En Grand Chelem, en Coupe Davis. La dernière fois c'était à Wimbledon (6-3, 7-6, 6-4 pour le Suisse). J'avais aimé. Mais ce sera plus difficile ici sur une surface qui lui convient mieux.»