(Salzbourg, Autriche) Un rapport commandé par l’Union internationale de biathlon (IBU) affirme que la tête de l’organisme s’est livrée « à une corruption systémique et fait preuve de conduite contraire à l’éthique », surtout à l’égard de la Russie, qu’elle souhaitait protéger de cas de dopage.

Le rapport, dont une version caviardée a été publiée jeudi, accuse l’ex-président de la fédération Anders Besseberg d’avoir agi comme lobbyiste pour la Russie en ne démontrant que peu d’intérêt à aller de l’avant dans des cas de dopage qui pourrait embarrasser ce pays.

Il stipule également que Besseberg, qui a été à la tête du sport pendant 25 ans, a profité de nombreux voyages de chasse et de pêche gratuits en Russie, pendant lesquels des employés de l’IBU étaient chargés de transporter ses trophées. Il cite également la preuve d’une enquête policière pendant laquelle Besseberg a admis « avoir profité des services d’une prostituée » alors qu’il était de passage à Moscou. Il croit que cette prostituée a été payée par une autre personne.

La commission qui a rédigé ce rapport souligne « qu’à nos yeux, Besseberg n’avait aucun égard pour les valeurs éthiques et aucun réel intérêt à protéger le sport des tricheurs ». Elle ajoute que Besseberg « n’a fait que le strict minimum » en matière de lutte au dopage.

L’ex-secrétaire générale de l’IBU Nicole Resch est accusée de n’avoir pas exigé d’analyses supplémentaires dans le dossier du Russe Evgeny Ustyugov lors des Jeux olympiques de Sotchim en 2014, malgré « des valeurs grandement anormales » dans ses échantillons sanguins. Ustyugov a remporté une médaille d’or, qui lui a été retirée l’an dernier après qu’il eut été suspendu dans une autre affaire de dopage.

Le rapport stipule également que Resch a offert une « aide anonyme » dans les dossiers d’appels de trois Russes et qu’elle a tenté d’influencer le président d’un panel antidopage dans un dossier que l’IBU avait elle-même monté contre un autre Russe.

Besseberg et Resch ont tous deux démissionné en 2018, peu de temps après une descente de la police autrichienne dans les locaux de l’IBU. Ils n’ont toutefois pas été accusés ni trouvés coupables de quelque crime que ce soit. Le rapport indique que Besseberg a refusé de répondre aux questions et qu’une enquête criminelle au sujet de sa conduite est toujours ouverte. Resch a dit qu’elle ne pouvait pas être interrogée pour des raisons de santé.

« Les allégations dans ce rapport son abominables pour tous ceux qui soucient de l’intégrité du sport, a affirmé par communiqué le président de l’Agence mondiale antidopage, Witold Banka. Toutefois, il faut donné le mérite à l’IBU, qui a pris d’importantes mesures pour améliorer l’intégrité de son programme antidopage à la suite de ce scandale. »

-Par The Associated Press