(Montréal) Mikaël Kingsbury et les sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe ne dévaleront pas le parcours de bosses « Flying Mile » de la station de ski de Mont-Tremblant cet hiver en Coupe du monde, a confirmé Ski acro Canada, vendredi matin.

Les bosseurs canadiens ont récemment été informés que les épreuves de ski acrobatique de Mont-Tremblant (bosses) et de Val Saint-Côme (sauts) seront déplacées dans une bulle du Parc olympique de Calgary cet hiver. Ces épreuves devraient d’ailleurs se dérouler à huis clos.

« C’est plate, parce que nous sommes beaucoup d’athlètes québécois et que notre seule occasion de skier devant nos familles et nos amis, c’est à Tremblant, a déclaré Kingsbury en entretien avec La Presse Canadienne. C’est le ’fun’, parce que nous évitons le transport ; tu prends ton auto et tu t’en vas à Tremblant, et là-bas tu connais tout le monde.

« C’est vraiment l’un des week-ends les plus le ’fun’ de l’année, parce que c’est en quelque sorte la continuité des vacances de Noël. C’est sûr, ç’aurait été différent cette année avec la pandémie, mais bon, de toute façon j’aime bien la piste de Calgary », a ajouté le double champion en titre de la Coupe du monde de Tremblant du côté masculin.

Selon la directrice des opérations commerciales et partenariats d’affaires à Ski acro Canada, Sandra Haziza, ces décisions ont été prises pour des motifs financiers et sanitaires : la hausse des cas de coronavirus dans les régions administratives où se trouvent ces stations de ski préoccupent grandement son organisation.

« Tourisme Québec n’a pas versé les subventions que nous voulions obtenir pour l’organisation (de ces évènements), et le gouvernement fédéral n’aurait pas compensé ce manque à gagner. Et il faut comprendre que les évènements devaient se tenir dans quelques semaines, donc Peter (Judge, le chef de la direction de Ski acro Canada) a pris la décision de déménager ces épreuves », a déclaré Mme Haziza, sans toutefois préciser le montant des subventions convoitées auprès de Tourisme Québec.

« Sans garantie de financement, c’était impossible de présenter ces évènements », a-t-elle répété.

Cette décision risque d’entraîner d’importantes conséquences économiques pour la région de Mont-Tremblant et de Val Saint-Côme.

À ce sujet, Annique Aird, la vice-présidente aux ventes, marketing et communications de la station ynt-Tremblant, n’a pas caché sa déception.

« On s’en attendait, mais c’est sûr qu’on est très déçus, parce que c’est une course qui est très importante pour nous autres. Cependant, dans le contexte actuel, c’est un autre coup dur à encaisser », a déclaré Mme Aird.

« Bulle » à Calgary

Ski acro Canada planche maintenant en partenariat avec Snowboard Canada sur un projet de « bulle » à Calgary. Pour éponger cette facture qui s’annonce salée, Mme Haziza a reconnu que son organisation misait sur des subventions du gouvernement albertain et de la ville de Calgary. Les pourparlers sont toujours en cours.

Cette « bulle » ne semble pas trop inquiéter le ’King des bosses’, qui l’a comparée à celle qui est créée aux quatre ans, pendant les Jeux olympiques.

Les épreuves de ski acrobatique de Mont-Tremblant et de Val Saint-Côme devaient se dérouler respectivement les 23 et 31 janvier 2021. Il s’agissait de rares épreuves sportives de calibre international encore prévues en sol québécois cette saison.

Les épreuves de la Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste de Montréal et Laval, prévues en novembre, ont été annulées plus tôt cette année, à cause de la pandémie. Les Championnats du monde de patinage artistique de Montréal, prévus en mars dernier, ont subi le couperet pour les mêmes motifs.

Néanmoins, à l’instar de bien des Québécois à l’aube de l’hiver, une faible lueur d’espoir subsiste au bout du tunnel. Mme Haziza a en effet indiqué « que nous voulons retourner à 100 % au Québec pour ces épreuves l’année prochaine. »

Une perspective qui enthousiasme Kingsbury.

« J’ai confiance que c’est partie remise, et de toute façon l’an prochain ce sera un meilleur ’show’, parce que ce sera l’une des dernières épreuves avant les Jeux olympiques (de Pékin) », a-t-il dit.

La situation en Europe inquiète aussi

Entre-temps, la pandémie de coronavirus n’inquiète pas seulement de ce côté-ci de l’océan Atlantique.

Ski acro Canada a confirmé que certains de ses athlètes en demi-lune — sans les nommer — qui participaient à un camp d’entraînement à Saas Fee, en Suisse, ont choisi de rentrer au pays ces derniers jours en raison de la hausse alarmante du nombre de cas de coronavirus dans la région.

Kingsbury a mentionné qu’il ignorait le sort des athlètes des autres disciplines de Ski acro Canada, mais il a admis qu’un peu comme tout le monde est inquiet de la hausse des cas du virus à travers l’Europe.

Son équipe et lui doivent se rendre en Finlande et en Suède dans deux semaines afin de mettre la touche finale à leur préparation en vue de la première Coupe du monde de bosses à Ruka, en Finlande, le 5 décembre.

« Tu y penses. Il y a un côté inquiétant, par exemple au moment de prendre l’avion. On s’attend évidemment à ce que tout soit un peu plus long, avec les procédures de sécurité et tout ça. Ma famille est d’ailleurs au courant qu’elle risque de moins me voir cette année, parce qu’on risque de rester plus longtemps à certains endroits afin d’éviter les déplacements. […] Je sais que je vais rentrer pour Noël, et après on réévaluera la situation », a-t-il conclu.