Des températures pouvant atteindre les -40 °C, un horizon blanc à perte de vue et un silence arctique seulement brisé par l’avancée des attelages de chiens de traîneau.

C’est ce que Julia Perron Langlois et Béatrice Hamel, respectivement technicienne en audiovisuel et agronome, espèrent vivre lors de la course Fjällräven Polar, du 30 mars au 5 avril prochains en Scandinavie.

Inspirée de l’Iditarod, célèbre course à traîneaux en Alaska, cette expédition de 300 km verra 24 participants parcourir le nord de la Norvège et de la Suède. Par contre, il n’est pas nécessaire d’avoir une grande connaissance du milieu pour y participer. Les candidats sont choisis au terme d’un scrutin populaire ou par l’entreprise suédoise elle-même.

« Les paysages là-bas sont impressionnants. J’aime le plein air et ce que la nature a à offrir. J’ai aussi toujours eu une petite fascination pour les pays scandinaves », indique Béatrice Hamel, qui a déjà fait une session d’université en Suède.

Avoir la chance de constater l’immensité et la beauté de ce désert nordique, ce serait incroyable.

Béatrice Hamel

Celle qui termine également sa maîtrise à l’Université Laval postule pour la deuxième année de suite. Julia Perron Langlois, de son côté, en est à un premier essai, même si elle connaissait l’existence de la Fjällräven Polar depuis quelque temps. Elle n’est pas étrangère aux aventures d’envergure puisqu’elle a déjà gravi deux des sommets les plus élevés au monde, soit le Kilimandjaro, en Tanzanie, et l’Aconcagua, en Argentine.

« J’ai vraiment eu la piqûre de la randonnée et des espaces vastes lors de l’ascension du Kilimandjaro, en 2013. Ça me fascine et ça me ressource. La vue sans fin, ça me fait du bien. C’est comme une zone de confort. […] Je suis une grande amoureuse des chiens, et c’est aussi ce côté qui m’a attirée. Oui, il y a le côté expédition, mais il y a aussi la dynamique avec les chiens. »

Devant le nombre important de candidatures, il est avant tout nécessaire de se démarquer. Si Béatrice Hamel a choisi un ton humoristique, Julia Perron Langlois a voulu mettre de l’avant son histoire d’amour avec le plein air.

PHOTO FOURNIE PAR JULIA PERRON LANGLOIS

Julia Perron Langlois

« Je me suis servie d’images tournées par mon grand-père et j’ai insisté sur le fait que ça n’a pas changé, même si j’ai grandi. On peut notamment me voir dans une brouette sur les vieilles images. C’est un parallèle avec ce qu’il serait possible de faire durant l’expédition. Je veux montrer que je suis une candidate qui prendrait l’expédition vraiment à cœur. »

On le répète : pas besoin d’avoir de l’expérience avec les chiens de traîneau ou d’avoir déjà fréquenté le Grand Nord pour participer à l’aventure. Des cours de techniques de survie ou de conduite de traîneau sont dispensés avant le départ. Les participants, qui auront chacun leur propre attelage, seront encadrés tout au long des six jours.

« On ne parle pas d’une compétition, mais les limites sont quand même repoussées au maximum. Je suis le genre de personne qui a besoin d’être mise au défi pour voir ce dont je suis capable », explique Béatrice Hamel.

« Grandir émotionnellement »

Au moment d’écrire ces lignes, les deux jeunes femmes faisaient partie du top 5 canadien et du top 15 nord-américain. Si elles ne remportent pas ce vote populaire, elles peuvent encore espérer être choisies par Fjällräven. Les noms des gagnants — deux pour chaque région géographique — seront dévoilés le 13 décembre.

Elles attendent ce jour J avec fébrilité. Que retireraient-elles ensuite de cette expérience ? « Je veux grandir émotionnellement dans un milieu hostile, répond Julia Perron Langlois. J’aimerais aussi m’ouvrir à toutes sortes de cultures puisqu’il y a des gens de partout dans le monde. La rencontre peut être un moment privilégié. »

« Je me suis permis de joindre d’anciens participants, et tous, sans exception, m’ont dit que ça avait changé leur vie, poursuit Béatrice Hamel. Certains sont même restés là-bas comme guides pour faire du mushing [le traîneau à chiens]. Je ne m’attends pas à m’exiler, mais sait-on jamais. Je veux planter cette graine d’aventurière que je crois avoir, mais que je n’ai pas pu vraiment nourrir. »