La Coupe du monde de ski alpin s’ouvre ce week-end avec les traditionnels slaloms géants féminin (demain) et masculin (dimanche) sur le glacier de Sölden, en Autriche. Après une saison de retour compliquée, Marie-Michèle Gagnon veut (re)passer en cinquième vitesse. Survol.

« J’avais hâte que ça finisse », avait lâché Marie-Michèle Gagnon après sa dernière course de Coupe du monde l’hiver dernier. Après deux opérations au genou et à l’épaule, sa saison de retour s’était avérée plus compliquée que prévu.

À part quelques flashs (6e au super-G de Saint-Moritz, 11e au géant de Maribor), la skieuse de Lac-Etchemin, 46e au classement cumulatif global, en a arraché.

Sept mois plus tard, elle rassure. Ces propos tenus après les finales de Soldeu, en Andorre, n’étaient qu’une frustration circonstancielle.

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Marie-Michèle Gagnon a signé son meilleur résultat de la saison dernière lors de l’épreuve de super-G de Saint-Moritz, avec une sixième place.

« Je n’étais pas tannée de faire la course, j’avais juste besoin d’une pause, de faire un “reset”, a-t-elle expliqué depuis l’Autriche, hier. Reprendre le millage à l’entraînement, au lieu de toujours être à la course pour revenir de blessure. Vers la fin de la saison, je manquais un peu de jus mentalement. »

À son évaluation conjointe avec ses entraîneurs et les dirigeants de Canada Alpin, Gagnon a réalisé qu’un coup de pouce sur le plan psychologique l’aiderait. Après sa grave blessure à un genou, subie le 30 novembre 2017 lors d’une descente d’entraînement à Lake Louise, sa transition vers les épreuves de vitesse ne coulait plus de source.

C’était vraiment mental. Mes coachs avaient beau me dire : “Fais ci, fais ça”, inconsciemment, mon corps ne voulait pas suivre. Il fallait que je surmonte ça.

Marie-Michèle Gagnon

Après discussion avec Dominick Gauthier, le directeur de la structure privée B2Dix, elle a fait appel à Jean-François Ménard. Ce spécialiste de la préparation mentale compte parmi ses clients le bosseur Mikaël Kingsbury, le planchiste Maxence Parrot et le sauteur en hauteur Derek Drouin.

Enthousiasmée par cette collaboration, Gagnon a connu un été d’entraînement sans anicroche, avec des stages sur neige en Italie et au Chili (deux séjours). « J’ai plus de millage, plus de confiance et plus de confort avec mon équipement parce que j’ai eu le temps de le tester. »

Anciens amours retrouvés

En raison d’un budget « qui fait un peu dur », dixit l’athlète de 30 ans, Canada Alpin a réuni les groupes féminins de technique et de vitesse. Cette fusion a eu ses vertus puisque Gagnon a pu se mesurer à des slalomeuses comme Laurence St-Germain et Erin Mielzynski.

Ce retour à ses anciennes amours la remet dans le bain au moment où les dirigeants du circuit veulent relancer le combiné alpin. Avant le début de la dernière saison, la Québécoise n’avait pourtant pas pleuré la mort annoncée de cette discipline, mariant une épreuve de vitesse et une manche de slalom. Le combiné lui a valu ses deux seules victoires en Coupe du monde, la dernière en Andorre en février 2016.

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Marie-Michèle Gagnon, lors des finales de Soldeu, en Andorre, en mars dernier

Or Gagnon estime que les changements confirmés récemment rendront le combiné plus attrayant et compétitif d’ici quelques années. Ainsi, la descente (et ses jours d’entraînement préparatoires) a été rayée du programme. Les quatre combinés au programme cette saison (contre un seul l’an dernier) seront composés d’un super-G et d’un slalom.

De quoi attirer davantage les techniciennes… et favoriser les athlètes polyvalentes comme Gagnon. Par ailleurs, les coureuses s’élanceront pour la manche de slalom selon le rang obtenu en super-G, plutôt qu’en ordre inversé à partir de la 30e place. Un bon super-G paiera donc doublement.

Le fait que je suis plus à l’aise et meilleure en super-G qu’en descente, pour l’instant, me donne une bonne longueur d’avance.

Marie-Michèle Gagnon

À l’issue de la saison, elle vise un classement parmi les 15 premières dans deux disciplines. Le podium est toujours un objectif, mais elle veut d’abord s’insérer dans le top 5 avant d’y songer. La descente reste un défi et un projet pour Gagnon, qui ne revendique qu’un résultat parmi les 30 premières en 12 départs jusqu’ici.

« J’aimerais commencer à y faire des points, mais quand tu y penses, je gagnais la manche d’entraînement avant de me blesser, il y a deux ans. Des fois, tu te fixes des buts réalistes, mais tu finis par te surpasser. »

Gagnon abordera donc le slalom géant de Sölden – et son mur interminable, qu’elle redoute – avec la même attitude. Pour le 211e départ de sa carrière en Coupe du monde, une place parmi les 20 premières lui donnerait le sourire.

Sinon, elle se voit skier encore pour « au moins » trois saisons, jusqu’aux Jeux olympiques de Pékin, en 2022.

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Mikaela Shiffrin a connu une saison record de 17 victoires en Coupe du monde l’an dernier, en plus de remporter un quatrième titre mondial de suite en slalom.

Shiffrin, seule au monde

« Comment je me dépasse moi-même ? », a demandé Mikaela Shiffrin en entrevue cette semaine avec l’Associated Press. L’Américaine de 24 ans tentera de répondre à cette (excellente) question après sa saison record de 17 victoires en Coupe du monde et un quatrième titre mondial de suite en slalom. En maintenant un tel rythme cet hiver, celle qui a signé 60 succès en 157 départs surpasserait Marcel Hirscher (67) et s’approcherait des meneurs absolus Lindsey Vonn (82) et Ingemar Stenmark (86). « Chaque année est différente, a prévenu la triple tenante du grand globe de cristal. Tu ne sais pas qui a travaillé plus fort et s’est améliorée. Tu dois t’adapter et voir ce qui est possible. C’est imprévisible. Ça peut être stressant. » Aujourd’hui célibataire – elle a annoncé la fin de sa relation de deux ans avec le skieur français Mathieu Faivre –, Shiffrin surveillera l’émergence de la Néo-Zélandaise Alice Robinson, 17 ans à peine, qui avait terminé deuxième derrière elle en géant aux finales en Andorre.

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Marcel Hirscher s’est retiré dans la gloire, l’été dernier, après avoir décroché un huitième grand globe de cristal de suite.

Le départ de géants

Après Erik Guay en début de saison à Lake Louise, trois géants du ski alpin ont pris leur retraite. Éprouvés par les blessures, l’Américaine Lindsey Vonn et le Norvégien Aksel Lund Svindal ont annoncé leur départ avant de monter sur le podium à leur dernière descente aux Championnats du monde d’Åre. Usé par le temps, la fatigue… et la paternité, l’Autrichien Marcel Hirscher (30 ans) s’est lui aussi retiré dans la gloire, l’été dernier, après avoir décroché un huitième grand globe de cristal de suite, ce que personne n’avait accompli. Le Français Alexis Pinturault et le Norvégien Henrik Kristoffersen, respectivement deuxième et troisième l’hiver dernier, peuvent maintenant lorgner les sommets.

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Dans la foulée du départ d’Erik Guay, les espoirs masculins du Canada en vitesse reposeront donc sur Dustin Cook, vice-champion mondial du super-G en 2015.

Les Canadiens

Cinq compatriotes accompagnent Gagnon à Sölden. La Québécoise Mikaela Tommy et la Torontoise Candace Crawford s’élanceront demain. Erik Read, Trevor Philp et Riley Seger prendront le départ dimanche. Onzième l’an dernier, Valérie Grenier attend toujours de rechausser ses skis après une double fracture à une jambe subie aux Mondiaux d’Åre, en février. Manuel Osborne-Paradis et Broderick Thompson, blessés à quelques jours d’intervalle avant le début de la dernière saison, n’ont pas revu la neige eux non plus. Avec le départ d’Erik Guay, les espoirs masculins en vitesse reposeront donc sur Dustin Cook, vice-champion mondial du super-G en 2015, mais invisible l’hiver dernier, et Benjamin Thomsen, quatre fois parmi les 10 premiers en descente, dont sixième à Kitzbühel et septième aux Championnats du monde.