Camille Estephan a de grandes ambitions pour les deux prochaines années, de très grandes même, dont celle d’asseoir de « 20 000 à 30 000 » personnes pour un gala de boxe au Stade olympique.

Pour y arriver, le promoteur d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) devra combler au moins un autre de ses désirs d’ici 2024, compter un champion du monde dans ses rangs.

Si le poids lourd Arslanbek Makhmudov et le super-moyen Christian Mbilli semblent les plus près d’atteindre cet objectif, un troisième boxeur de l’écurie, celui-là un peu moins connu, vise, lui aussi, une ceinture majeure : Erik Bazinyan.

Le Lavallois de 27 ans n’a perdu qu’un seul combat sur un ring : le tout premier. Il avait alors 13 ans et commençait sa carrière amateur dans son pays natal, en Arménie. Il a remporté ses 108 combats suivants avant de devenir professionnel au Canada, son pays d’adoption, en 2013. Depuis, il s’est forgé une fiche parfaite de 28-0, comptant 21 K.-O.

Bazinyan sera la tête d’affiche du premier gala d’EOTTM en cette année importante, jeudi soir, au Casino de Montréal.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

De gauche à droite : Christopher Guerrero, Avery Martin-Duval, Antonin Décarie, Erik Bazinyan, Yves Ulysse fils, Camille Estephan, Wilkens Mathieu et Raphaël Courchesne

« C’est une des dernières étapes pour que je puisse me battre pour un championnat du monde cette année ou l’année prochaine et je vais montrer à tout le monde ce que je peux faire avec ce combat-là », a annoncé l’athlète de 6 pi 1 po en conférence de presse, lundi, au Casino.

Malgré 25 combats professionnels au Canada, dont la majorité au Québec, Bazinyan reste méconnu dans la province, pour ne pas dire « sous-évalué », comme l’a souligné Estephan.

Le champion NABF et NABA figure pourtant parmi les 10 premiers aspirants des quatre grandes organisations mondiales de boxe. La WBA le considère comme son deuxième prétendant, la WBO, son troisième et le WBC, son quatrième. Il pointe à la neuvième place selon l’IBF.

« Ce sera la sixième fois que je me bats au Casino, a rappelé Bazinyan. Les gens vont apprendre à me connaître. J’habite ici et les gens me soutiennent et me connaissent. J’aimerais l’être davantage, mais ça arrivera avec les grands combats. »

Bazinyan, un super-moyen comme Mbilli, se mesurera à un rival de taille, soit l’Américain Atlantez Fox, 6 pi 5 po.

Fox (28-3-1, 13 K.-O.) ne s’est pas battu depuis sa défaite contre le super espoir cubain David Morell en décembre 2021 à Minneapolis. Son coin l’avait arrêté au quatrième assaut.

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Atlantez Fox, Antonin Décarie et Erik Bazinyan

« Honnêtement, je me suis laissé submerger par l’ampleur du moment, a raconté l’athlète du Maryland. J’en assume toute la responsabilité. Tout s’est bien passé durant le camp d’entraînement et je me suis laissé emporter. Cette fois, je ne planifie pas de faire ça. »

Les deux autres défaites du pugiliste de 30 ans sont survenues contre Demetrius Andrade, toujours invaincu et premier aspirant de la WBO, et le Britannique Liam Williams (actuel huitième aspirant des moyens de la WBO) en Angleterre.

Fox attribue son inactivité l’an dernier à la crainte qu’il engendre chez ses adversaires potentiels. « J’ai probablement passé deux ou trois ans à attendre, a-t-il évalué. Je ne suis pas opposé à me battre contre quiconque. J’étais donc prêt quand ils m’ont appelé pour ce combat. »

Le risque

Marc Ramsay, l’entraîneur de Bazinyan, s’est fait dire qu’il prenait un risque en opposant son poulain à Fox pendant son récent séjour à Londres pour le combat de championnat d’Artur Beterbiev.

À un certain moment, il faut que tu déranges un peu l’ordre établi si tu veux te faire observer par les autres promoteurs.

Marc Ramsay, entraîneur d’Erik Bazinyan

À ses yeux, cet affrontement « est l’entrée dans le monde des grands » pour Bazinyan. « On a un [adversaire] qui a trois défaites, mais trois défaites contre des stars de la boxe. On veut montrer qu’Erik fait partie de ce groupe-là. Ça passe par ce genre d’adversaires. »

En montant sur le podium, Fox a eu la délicatesse d’offrir ses condoléances à Bazinyan, qui a perdu son père Ara, mort d’un accident cardiaque à l’âge de 52 ans l’été dernier.

« Tous mes combats vont lui être dédiés, a commenté Bazinyan avec émotion un peu plus tard. C’est la vie. Je dois être fort et ça m’a rendu plus fort, plus motivé. C’est quelque chose que je sens : personne ne peut me battre maintenant. C’est la pire chose qui me soit arrivée. Je vais me battre pour lui. »

Yves Ulysse fils (22-2, 12 K.-O.), qui vise lui aussi « un combat de championnat du monde, rien de moins », se chargera de la demi-finale dans un duel de super-légers contre le Mexicain Gabriel Gollaz Valenzuela (25-3-1, 25 K.-O.).

D’autres Québécois, soit Alexandre Gaumont (6-0), Raphaël Courchesne (9-1), Christopher Guerrero (5-0), Avery Martin-Duval (8-0-1) et la recrue Wilkens Mathieu, qui fera ses débuts professionnels, seront également en action lors de cette carte diffusée sur TVA Sports, Punching Grace et ESPN+ aux États-Unis.

De retour de Londres, où il a assisté au gala mettant Beterbiev en vedette, Camille Estephan continue de positionner son écurie.

« Je pense qu’on est capables d’aller chercher de grandes foules et on va gagner des championnats du monde. Je vois la boxe québécoise être là bientôt. »