Mary Spencer est passée chez les professionnelles avec un seul objectif : ajouter un titre de championne du monde à ses trois titres amateurs. Elle s’est entourée de l’une des meilleures équipes qui soient et elle ne rejettera aucune aide. Surtout pas celle de sa conjointe.

Spencer et l’avocate Marie-Christine Levasseur se sont rencontrées il y a quatre ans et sont mariées depuis novembre 2019. Avant que Spencer n’entre dans sa vie, Levasseur ne savait rien de sa brillante carrière internationale, pas plus qu’elle ne connaissait la boxe.

Ça ne l’a pas empêchée d’aiguiller en partie le camp de sa dulcinée en vue de son combat pour la ceinture des super-mi-moyennes de l’International Boxing Organization (IBO) qu’elle livrera à la Belge Femke Hermans le 16 décembre au Centre Gervais Auto de Shawinigan.

« Elle est très observatrice, beaucoup plus que je ne le suis, a indiqué Spencer à La Presse Canadienne plus tôt cette semaine. Je ne pense pas qu’elle cherche à m’aider comme elle le fait ou qu’elle ait pensé qu’elle puisse le faire, mais elle porte attention à la boxe parce que je boxe. J’ai donc la chance d’avoir une paire d’yeux supplémentaire. Elle voit des choses qui, une fois qu’elle me les a pointées, me paraissent évidentes et qui parfois devraient l’être pour un œil aguerri.

« Elle voit des choses que des gens dans la boxe ne voient pas ou ne voient plus. Ça, ou elle est simplement beaucoup plus intelligente que nous ! Sans blague, c’est que c’est un regard neuf sur des choses qu’on fait tout le temps. »

Spencer raconte une anecdote qui lui a fait réaliser que sa conjointe voyait les choses sous un angle auquel elle ne s’attardait même pas elle-même, comme sur son style et son physique, notamment.

« On regardait un gala il y a quelques mois, et elle me faisait remarquer que quelques-uns des boxeurs, dont Roberto Ramirez et William Zepeda, avaient le même physique que moi et que ce serait intéressant de les regarder se battre. Les deux sont des cogneurs de puissance qui ont exactement le même style, mais pas celui que j’utilisais, note Spencer. Ça m’a aidée à comprendre comment utiliser ma taille et ma force à mon avantage. Mais je n’aurais jamais pensé regarder des boxeurs de haut niveau qui ont des attributs semblables aux miens avant qu’elle ne me passe cette remarque.

« Je ne veux absolument pas dire que mes entraîneurs n’ont pas de plan pour moi ou ne savent pas comment m’améliorer, car ils le font. Mais c’est pour montrer de quelle façon elle me vient en aide. »

Ian McKillop, l’entraîneur de Spencer, a d’ailleurs intégré certains des éléments soulevés par Marie-Christine à l’entraînement de sa protégée.

« Je suis mieux ancrée dans mon style pour ce combat que jamais auparavant. J’ai apporté les idées partagées par Marie-Christine au gym et en sparring, ensuite Ian a ajouté cela à mon arsenal. J’ai près de 200 combats d’expérience, mais je sens que je suis mieux centrée sur mon style sur mon plan que je ne l’ai jamais été. »

Et en boxant à Shawinigan, elle le fera dans le patelin de son amoureuse, qui y est née et y a grandi.

« Ça rend les choses très spéciales de se battre là-bas, admet la boxeuse de 37 ans. Je souris en vous entendant poser cette question, car rien de tout cela n’était prévu. Ça n’a pas été planifié comme ça. […] Si je ne suis pas pour me battre dans ma ville natale (Wiarton, en Ontario), mon deuxième choix serait sûrement Shawinigan. »

Soirée difficile… mais courte

Face à Hermans (13-4, 5 K.-O.), Spencer (7-0, 5 K.-O.) s’attend à vivre sa soirée la plus difficile en boxe professionnelle. Elle ne compte pas veiller plus tard pour autant, elle qui n’a livré que 17 rounds de boxe — une fois plus de quatre rounds seulement, huit contre Yamila Reynoso — en sept combats.

« Je ne crois pas que ça va durer plus longtemps (que mes derniers combats), lance-t-elle. Je sais que Femke est une dure. C’est la plus costaude, la plus forte que j’aurai affrontée. Je m’attends à un combat plus difficile. Mais pas nécessairement plus long.

« Nous nous entraînons pour 10 rounds, jamais rien de moins. Mais je veux lui passer le K.-O. Je ne veux pas que ça dure 10 rounds. […] J’ai déjà fait huit rounds une fois et j’ai détesté cela ! J’étais tellement fâchée d’avoir boxé huit rounds ! »

Le choc Spencer-Hermans sera présenté en demi-finale du gala mettant en vedette le poids lourd Arslanbek Makhmudov. Le Russe à la fiche immaculée de 15-0 (dont 14 K.-O.) mettra en jeu ses ceintures de la North American Boxing Federation (NABF) et de la North American Boxing Association (NABA) contre Michaël Wallisch (23-5, 16 K.-O.).

En tout sept combats seront présentés, dont le duel de championnat NABF des moyens mettant aux prises Steven Butler (31-3-1, 26 K.-O.) à Joshua Conley (17-4-1, 11 K.-O.).