Quand on parle à un promoteur de boxe, tous les combats de ses protégés sont importants. Mais quand une ceinture majeure est en jeu, comme le titre Silver du World Boxing Council (WBC) que se disputeront vendredi Arslanbek Makhmudov et Carlos Takam, on sent la nervosité monter d’un cran.

« C’est Majeur avec un M majuscule », a dit le fondateur d’Eye of the Tiger Management (EOTTM), Camille Estephan, en marge de la pesée officielle de l’évènement prévu au Casino de Montréal. « La ceinture Silver du WBC, c’est un top 3 ; ça nous garantit pratiquement un combat de championnat du monde en 2023 pour Arslanbek. C’est énorme. »

Makhmudov (14-0, 14 K.-O.) mettra également en jeu ses titres de la North American Boxing Association (NABA) et de la North American Boxing Federation (NABF) face à Takam (39-6-1, 28 K.-O.).

Expérimenté, Takam a affronté plusieurs grosses pointures de la division. Il se veut un peu ce que les anglophones appellent un gatekeeper : un portier, un gardien qu’on doit vaincre avant d’espérer atteindre les sommets.

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Carlos Takam en 2014

« C’est un peu le même chemin qu’avait pris notre premier boxeur, Bermane Stiverne. De gagner la ceinture WBC Silver lui avait permis de devenir champion du monde [face à Anthony Joshua]. On espère juste qu’Arslanbek pourra garder un éventuel titre plus longtemps. »

Avec David Lemieux qui est à la retraite, une victoire de Makhmudov est d’autant plus importante qu’il est maintenant la locomotive de l’organisation.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Camille Estephan, fondateur d’EOTTM, entouré d’Arslanbek Makhmudov (à gauche) et de Christian Mbili (à droite).

[Le super-moyen] Christian Mbili et lui, c’est notre avenir. Il faut qu’on gagne [vendredi]. Les deux sont dans des divisions très difficiles, mais très, très payantes.

Camille Estephan, fondateur d’EOTTM

« On a fait ce choix de combattre dans ces divisions, car on veut de très grands combats à 168 livres et chez les lourds, les deux divisions les plus hot par les temps qui courent. Nous sommes bien représentés dans les deux », poursuit ce dernier.

« Contre Takam, c’est un gars qui en a vu d’autres. Il me rend un petit peu nerveux », a-t-il concédé.

Le cas Ouatah

Pour la deuxième semaine consécutive, EOTTM a un poids lourd d’origine française en tête d’affiche. Après le scandale provoqué par Newfel Ouatah, qui a refusé de se battre prétextant un manque de soutien de la Fédération française de boxe (FFB), Estephan ne craint pas de voir son combat final menacé.

« Il a un permis [de la Commission athlétique] du Nevada », a blagué le grand patron d’Eye of the Tiger en parlant de Carlos Takam, boxeur français d’origine camerounaise aujourd’hui établi à Las Vegas. « Mais certainement que ça m’est passé par la tête. »

Ouatah a prétendu que la FFB l’avait abandonné dans les dernières heures précédant son combat face à Simon Kean. Or, la fédération nationale l’avait averti par courriel le 23 août que comme il s’était incliné par K.-O. à son combat précédent, il faisait l’objet d’une suspension et ne pouvait obtenir la permission de la FFB pour se battre au Canada.

La vérité, c’est qu’il ne voulait pas se battre. C’est jaune, ce qu’il a fait. Mais c’est du passé et on tourne la page.

Camille Estephan, fondateur d’EOTTM

La FFB a décidé de lancer une enquête qui devrait mener à des sanctions à l’endroit d’Ouatah.

« La plus grande sanction, c’est qu’aucun promoteur ne voudra plus l’engager », a conclu Estephan.

Estephan veut voir Spencer contre Dicaire

Parlant de grands combats, Estephan n’a pas manqué de vendre un affrontement éventuel entre Mary Spencer et la championne des super-mi-moyennes de l’International Boxing Federation (IBF), Marie-Ève Dicaire.

On va y travailler ; la ceinture, on veut l’avoir. J’aimerais vraiment ça que Marie-Ève prenne ce défi. Les partisans le demandent. Marie-Ève a fait beaucoup pour la boxe féminine. Elle a une bonne réputation. Il ne faut pas la gâcher en refusant le combat contre Mary Spencer. […] On a déjà fait nos représentations auprès de l’IBF.

Camille Estephan, fondateur d’EOTTM

Du côté de Groupe Yvon Michel, on n’a pas voulu faire de commentaires jeudi.

Par le passé, le clan Dicaire (18-1, 1 K.-O.) avait déclaré que Spencer (7-0, 5 K.-O.) devait faire ses preuves chez les professionnelles avant d’aspirer à un combat de championnat du monde.

  • Marie-Ève Dicaire, championne des super-mi-moyennes de l’IBF

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    Marie-Ève Dicaire, championne des super-mi-moyennes de l’IBF

  • Mary Spencer (7-0, 5 K.-O.)

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    Mary Spencer (7-0, 5 K.-O.)

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Le clan Spencer est de l’avis que ses preuves ont été faites. Son classement d’aspirante no 1 au titre de l’IBF des super-mi-moyennes tend à lui donner raison.

Une chose est certaine cependant du côté de GYM : le gala du 6 octobre prévu au Casino de Montréal a été reporté.

« Mathieu Germain devait faire notre finale, mais il est aux prises avec la COVID-19 longue. Il a tenté de reprendre l’entraînement, mais n’avait aucune énergie, a affirmé par message texte Yvon Michel, président de GYM. Il y a environ deux semaines, son équipe a conclu que c’était peine perdue pour le 6 octobre.

« Nous avons alors averti la RACJ et le Casino et avons pris la décision de reporter ce gala en mars, qui était libre dans notre calendrier », a-t-il dit.

Michel n’a pas voulu discuter jeudi de ses plans pour l’automne, souhaitant laisser la place à EOTTM.

« On veut laisser passer le combat de vendredi et on va annoncer nos plans en début de semaine prochaine », a-t-il laissé tomber.