Entre son entraînement matinal et ses obligations médiatiques, jeudi au Centre Claude-Robillard, Kim Clavel organisait son escapade du week-end à Londres.

Compte tenu de son horaire chargé, qui inclut ses présences à la pesée et au combat entre Claressa Shields et Savannah Marshall vendredi et samedi, elle se demandait comment profiter efficacement de sa visite de la capitale de l’Angleterre.

Elle se fait suggérer de faire le tour de la ville à bord de ces fameux autobus rouges impériales. Idée que l’athlète a semblé aimer. Elle aurait peut-être le temps en matinée avant la pesée, dit-elle. Ou avant le combat de samedi.

Clavel n’est jamais allée à Londres. Son nouveau statut de championne du monde de la WBC vient avec quelques avantages dont elle compte bien profiter. Comme cette invitation à cet affrontement au sommet du sport, à l’Aréna O2.

« Ce sont des petits privilèges », souligne-t-elle à La Presse, assise sur le ring du gymnase temporaire installé au deuxième étage du complexe. À sa gauche, sa ceinture de la WBC est accrochée aux cordages.

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Kim Clavel avec sa ceinture de la WBC

« Je pense qu’on les mérite parce qu’on travaille fort en maudit pour les accomplir. »

Surtout qu’avant son combat d’unification à la Place Bell le 1er décembre, contre la championne WBA des mi-mouches Jessica Nery Plata, Clavel pourra se servir de son expérience de l’autre côté de l’Atlantique pour « se motiver », « s’inspirer ».

« Je vais commencer mon camp d’entraînement et je vais avoir ces images-là dans ma tête. Je vais être gonflée à bloc. Je ne dis pas que je vais faire un gros combat d’envergure comme ça, mais on ne sait jamais. C’est beau de rêver. En plus, on peut plus que rêver. On peut se réaliser, maintenant. »

« On s’apprête à vivre de beaux moments »

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Kim Clavel à l’entraînement jeudi au Centre Claude-Robillard

C’est, aujourd’hui même, l’anniversaire de Kim Clavel. Et à 32 ans, elle est au sommet de sa forme. C’est pourquoi son équipe et elle ont accepté de relever le « gros défi » qu’Yvon Michel leur a présenté. Le combat contre Nery Plata aura lieu quatre mois après la conquête de son titre contre Yesenia Gómez.

« Je suis dans mon prime, physiquement et mentalement. Je me sens bien. Pourquoi attendre encore deux, trois ans ? C’est là que ça se passe. Tu sais, du beurre, quand on le laisse sorti trop longtemps, il fond. Là, c’est là. »

Son conseiller Stéphan Larouche est du même avis.

« Il y a une fenêtre de temps pour un athlète. Kim est en train d’arriver à maturité. Dans un ou deux combats, elle va avoir la petite coche de plus. Il lui reste encore beaucoup d’affaires à gagner. »

« On s’apprête à vivre de beaux moments, enchaîne Larouche. Le Québec aussi, je pense. Le Québec avait hâte à cette nouvelle énergie-là, de la part de quelqu’un de très terre à terre, passionné par son sport, et qui obtient du succès. »

L’entraîneuse Danielle Bouchard, disponible pour quelques minutes au téléphone à la pause de récréation de l’école où elle enseigne, parle quant à elle d’une « belle surprise ».

« On s’attendait au départ à une défense de titre » contre Yesenia Gómez, explique-t-elle. « Quand Yvon a vu cette occasion, on a sauté à pieds joints avec grand enthousiasme. On est dans le momentum. C’est le temps de le faire. Il y a une porte qui s’ouvre et il faut y aller à 300 %. »

Une « nonchalance » salutaire

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Kim Clavel

Ça fait maintenant un peu plus d’un mois que Kim Clavel est championne du monde des mi-mouches. Elle parle aujourd’hui de « fierté ».

« Je suis fière. C’est rare qu’on dise “je suis fière de moi”. Mais ce n’est pas juste moi. Je suis fière de mon équipe. Tout le monde, de près ou de loin, a été important dans cette préparation-là. »

Maintenant que les yeux de ses adversaires sont rivés sur elle, sent-elle la pression ?

Dans ce contexte, Clavel estime que sa « nonchalance devient une qualité ».

« J’ai la ceinture. Je sais qu’il y a du monde qui va vouloir venir me l’enlever. Je le sais que je vais avoir des combats durs. Mais je suis le genre de personne qui vit au jour le jour. J’y vais une étape à la fois. Je sais que je livre les performances quand c’est le temps. »

Kim Clavel reprenait officiellement l’entraînement, jeudi. La veille, elle avait reçu sa ceinture dans un « sac de sac de cuirette », des mains d’Yvon Michel à la Place Bell.

La boxeuse a profité de cette pause pour aller en camping à cheval avec sa mère. Elle a aussi pris part au rodéo Mont-Sainte-Anne, « un retour aux sources » pour celle qui a grandi dans une ferme de Joliette.

Elle a célébré son titre en étant invitée à « huit ou neuf soupers ». « Je ne payais pas, c’était l’fun », chuchote-t-elle en riant.

« J’ai fait plein de petites affaires que je n’ai jamais le temps de faire. Pour moi, ç’a été ma façon de célébrer. »

On a posé toutes nos questions. Les photos sont prises. On la laisse préparer son départ, prévu le soir même. Ce qu’elle fait en parlant à sa relationniste Claire Couturier, qui l’accompagne.

« En sortant de l’aéroport, on prend un taxi ? », s’interroge-t-elle.

« Kim donne tout le temps son maximum »

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Kim Clavel

Il est encore tôt pour savoir ce sur quoi Kim Clavel devra travailler précisément en vue de l’affrontement contre la Mexicaine Jessica Nery Plata. Mais sa prochaine adversaire « a des similitudes » avec sa précédente, dit-elle. Parce que les boxeuses mexicaines se battent beaucoup entre elles, explique la pugiliste. « Elles ont un tempo qui se ressemble. Elle va avoir un très bon jab, de ce que j’ai vu. Elle a un bon crochet de la main avant. Les mains hautes vont être super importantes. Le jeu de pieds va l’être aussi. Elle aime beaucoup rester dans le centre du ring. Je vais avoir à me promener, donc j’aurai besoin de bonnes jambes. » Du reste, il serait « utopique » de croire que la Québécoise va s’entraîner encore plus fort qu’avant, dixit Stéphan Larouche. « Kim donne tout le temps son maximum. Ça donne de bons résultats. […] On a une bonne recette. On sait comment ça fonctionne. On va répéter sensiblement les mêmes affaires avec des ajustements sur le plan stratégique. »