Le déclic s’est fait le 18 août dernier, à la suite de sa victoire par décision unanime contre Maria Soledad Vargas, au stade IGA. C’est ce soir-là que Kim Clavel a vraiment su qu’elle était prête à devenir championne du monde.

« J’ai eu beaucoup d’adversité au cours de ma carrière, amateur ou professionnelle. La majorité de mes adversaires comptaient plus de victoires que de défaites. Ma victoire contre Vargas m’a prouvé que j’avais ma place dans l’élite mondiale », a expliqué la pugiliste de 31 ans en visioconférence, mercredi.

C’est une fille qui s’était battue en championnat du monde, qui avait livré un combat nul avec la championne du monde Fabiana Bytyqi, en République tchèque, qui cogne durement. J’ai pris cette pression-là, et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment eu le déclic que j’étais prête pour un championnat du monde, car c’était une grande adversaire.

Kim Clavel

Cette victoire face à Vargas a fait de Clavel (15-0, 3 K.-O.) la première aspirante et adversaire obligatoire à la championne des mi-mouches du World Boxing Council (WBC), la Mexicaine Yesenia Gómez (19-5-3, 6 K.-O.), qu’elle affrontera au Casino de Montréal le 21 avril prochain.

Après avoir vu le combat reporté deux fois, la première fois en raison d’une blessure de Clavel et la seconde en raison de la COVID-19, qui est venue chambouler le camp de la championne au Mexique, Clavel sent maintenant qu’elle touche à son but.

Afin de peaufiner sa préparation, Clavel a mis son titre en jeu contre Mariela Ribera Valverde, qu’elle a contrainte à l’abandon après le quatrième round de leur affrontement, vendredi dernier.

« Je vais surfer sur mon camp [pour l’affrontement face à Valverde]. Ce qu’on a déjà fait, c’est un acquis, ce n’est pas perdu et ça peut me servir pour mon combat contre Yesenia », a noté Clavel, qui sera de retour dans le gym dès lundi.

« Danièle [Bouchard, son entraîneuse] est une professionnelle de l’organisation : c’était important pour elle que je prenne quelques jours de congé, que j’aille voir mes amis, que je mange, que je me repose. Ensuite, on va se remettre au travail.

« J’ai très hâte de revenir dans le gym. J’ai faim, j’ai hâte ! Le 21 avril, c’est tout ce qui me motive. J’ai senti que mon dernier combat avait été une bonne préparation, une bonne générale de tout ce que j’avais fait au cours des derniers mois. À moi de livrer la marchandise. »

Clavel et son équipe ont travaillé plusieurs aspects depuis l’affrontement contre Vargas. Des éléments qu’elle estime avoir mis en pratique face à Valverde.

Contre Vargas, c’était un gros combat, difficile. J’ai peut-être reçu plus de coups inutiles. C’est peut-être ça qui va changer : bouger davantage le haut du corps pour ne pas recevoir de coups inutiles contre Gómez, qui cogne dur. Je ne veux pas dévoiler tout mon plan de match devant elle, mais ce sera une Kim 2.0 sur le ring.

Kim Clavel

Première

Gómez, 26 ans, est championne du monde depuis sa victoire contre Esmeralda Moreno, le 22 septembre 2018. Elle a défendu sa ceinture avec succès quatre fois depuis. Mais elle vivra une grande première face à Clavel : un combat hors du Mexique.

« Je suis confiante, je suis prête, a-t-elle dit par le truchement d’un interprète. C’est vrai que lorsque je boxe à Cancún, j’ai le public de mon côté. Mais ça m’a montré sur quels aspects je devrai me concentrer pour ce combat même s’il est difficile de prévoir les sensations que ça me procurera [de boxer à l’étranger]. »

Elle sait qu’en plus d’une foule qui lui sera hostile, l’opposition sera forte sur le ring du Casino.

« Kim Clavel est une boxeuse très technique, c’est ce que j’adore, a indiqué la Mexicaine. J’ai un plan A, un plan B et un plan C : je pourrai m’adapter à tout ce que Kim me présentera sur le ring. »

« Elle est aguerrie, elle est au sommet de sa carrière physiquement et mentalement, a quant à elle affirmé Clavel. Elle a un pur style mexicain : elle aime avancer sur son adversaire, travaille au corps, est très agressive et ne craint pas de recevoir un coup de poing. Je sais aussi quelles armes je dois surveiller, mais je ne veux pas en parler : je ne veux pas qu’elle sache ce que je connais d’elle. »

Revanche assurée

Tant le clan Gómez que le clan Clavel sont assurés d’un combat revanche si ce duel ne devait pas connaître l’issue souhaitée. Le promoteur Yvon Michel n’était pas obligé d’accorder une telle clause à la championne, mais il a dû céder.

« On n’était pas obligés d’accorder cette clause, car Kim est l’adversaire obligatoire. Mais comme on voulait que Gómez vienne ici, c’était une condition de leur côté, a expliqué le président de GYM. On s’est entendus qu’il y ait une revanche des deux côtés. Si jamais Kim devait perdre ce combat, elle aura la chance d’avoir un combat revanche elle aussi. »

Le promoteur y gagnerait aussi au change, puisque cet affrontement aurait de nouveau lieu au Québec. Le promoteur de Gómez, José Alberto Gómez, a même avancé la possibilité d’une trilogie entre les deux boxeuses.

La boxe étant toutefois ce qu’elle est, attendons de voir comment se déroulera ce premier affrontement avant de rêver à un deuxième, voire un troisième.