Mission accomplie pour Kim Clavel. Ne cherchant qu’à retrouver son rythme après une blessure et avant un combat de championnat du monde, elle n’a fait qu’une bouchée de Mariela Valverde, vendredi soir, au Cabaret du Casino de Montréal.

La Bolivienne a abandonné au terme du quatrième round. Elle avait encaissé les nombreuses frappes d’une Kim Clavel affamée jusque-là, sans trop offrir d’opposition.

Le Casino pouvait accueillir une salle comble pour ce gala organisé par GYM. À une vingtaine de sièges près, le public avait répondu à l’appel.

Les serveurs en chemise allaient et venaient avec leurs plateaux de bières. La musique rythmée entre les rounds faisait se déhancher la foule de plus en plus. Peut-être s’inspirait-elle du spectacle d’un anachronisme certain offert par les dames qui dansaient sur les podiums aux coins du ring, pour la divertir. Un spectacle qui évoquait peut-être plus les années 1990 que les années 2020.

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Mariela Valverde et Kim Clavel

Ainsi, vers 22 h et devant un public qui l’appuyait chaleureusement, Kim Clavel a conservé sa ceinture WBC Silver et est restée invaincue, avec une fiche de 15-0 et 3 K.-O.

Je suis restée calme, je n’ai pas essayé d’en faire trop et de déborder. Je ne devais pas prendre trop de coups de poing pour rien.

Kim Clavel

Son adversaire arrivait dans ce combat forte de sept victoires de suite. Mais elle n’avait affronté que des athlètes qui faisaient leurs débuts professionnels ou qui avaient perdu leurs rares affrontements.

Inutile de dire que Clavel était en confiance pour ce duel.

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Kim Clavel

« Je disais à Danielle [Bouchard, son entraîneuse] cette semaine : “C’est rare que je veux donner une leçon de boxe.” Je n’avais jamais dit ça avant. J’avais l’impression que tout ce que j’avais fait dans le gym, je l’avais déjà fait dans mon sparring, ça venait naturellement, je n’avais plus besoin de penser. »

Surtout, cette victoire lui permet de garder ses forces en vue de son combat très attendu contre Yesenia Gómez pour le titre de championne du monde WBC des mi-mouches, reporté deux fois. Deux dates ont été avancées par Yvon Michel cette semaine : le 21 avril ou le 5 mai. Au vu du peu d’énergie dépensée, l’organisera-t-on le plus tôt possible ?

« Le 21 avril, c’est cool, mais le 5 mai, c’est le Cinco de Mayo, a souligné Clavel en souriant. Probablement que beaucoup de Mexicains seraient à l’écoute. »

« On poursuit nos rêves, j’y touche du bout des doigts ! », a-t-elle lancé, faisant signe qu’elle touchait les constellations au bout de ses bras.

Se battre pour l’Ukraine

On annonçait un combat de qualité en demi-finale, et c’est ce qu’on a eu. L’Ukrainien établi à Los Angeles Taras Shelestyuk (19-0-1, 11 K.-O.) y affrontait le Vénézuélien Gabriel Maestre (4-0-1, 3 K.-O.), dans un affrontement chez les mi-moyens.

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Gabriel Maestra et Taras Shelestyuk

L’histoire s’écrivait toute seule. Un Ukrainien à Montréal pour défendre son peuple, avec en tête sa famille toujours dans son pays actuellement envahi par la Russie.

Mais Maestre avait d’autres plans. Il dominait les engagements. Le Vénézuélien, classé sixième au monde malgré une fiche de seulement quatre combats, était fougueux. Énergique. Plein de volonté. Ses deux pieds étaient toujours bien campés au centre du ring… sauf au moment où il s’est permis un « Ali Shuffle » au septième round. On aimerait dire que Maestre est voué à un bel avenir, mais il a déjà 35 ans.

Shelestyuk, médaillé de bronze aux Jeux de Londres en 2012, réussissait malgré tout à placer ses coups. Visiblement, ça aura été assez pour mettre un doute dans la tête des juges.

Les deux pugilistes se sont finalement livré un match nul, avec des cartes de 97-93 pour Shelestyuk, 96-94 pour Maestre, puis partagée 95-95.

« J’ai essayé de faire du mieux que je pouvais, a commenté Shelestyuk par la suite, dans les cuisines du Casino qui faisaient office de salle de presse. Mon entraîneur et ma famille le savent… »

Les larmes lui montent aux yeux. Après un court moment, il reprend ses esprits.

La dernière semaine, ç’a été difficile de me préparer. Mais je ne pouvais que me battre.

Taras Shelestyuk

Il rappelle que sa famille est toujours en Ukraine. Elle doit notamment aller sous terre pour se protéger des bombes aériennes « quelques fois par jour ».

« Ils doivent attendre quelques heures, puis remonter à la surface. Ça arrive la nuit aussi. »

Après tous les rounds, je me poussais à continuer. Je ne peux pas me plaindre, parce que les gens dans mon pays sont dans une guerre. Ils peuvent mourir. Je ne pouvais pas me désister. Je voulais me battre. Ils me donnent de la force, du pouvoir.

Taras Shelestyuk

Mais chassez le naturel d’un boxeur et il revient au galop.

« Je crois que j’ai gagné ce combat, affirmait Shelestyuk, presque dans le même souffle. Il a gagné quelques rounds, le dernier était égal. Pour moi, c’est de la merde. J’ai gagné le combat. »

« Je n’ai même pas eu chaud ! »

Le combat le plus disputé de la sous-carte a certainement été celui qui opposait le Mascouchois Mathieu Germain (20-2-1, 9 K.-O.) au Mexicain Erick Inzunza Angulo (8-3, 8 K.-O.).

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Mathieu Germain

Le Québécois s’est finalement imposé par K.-O. technique au huitième round, par arrêt de l’arbitre. C’était un premier combat pour Germain chez GYM, et avec son entraîneur Stéphan Larouche.

Je me suis mis plus de pression que je pensais. Nouvel entraîneur, nouvelle équipe. Je me suis mis de la pression sur les épaules. On dirait que je voulais trop en faire, j’étais rouillé un peu.

Mathieu Germain

Quatorze secondes. C’est tout ce dont a eu besoin le Montréalais Derek Pomerleau pour se défaire du Néo-Écossais Daniel Beaupré (1-1, 1 K.-O.). Le Québécois effectuait ses débuts professionnels, un affrontement chez les moyens. Sa victoire a offert le premier moment d’émotion à la foule rassemblée au Cabaret du Casino, vendredi.

« Je n’ai pas de mots, man, a-t-il déclaré, souriant, à l’annonceur sur le ring. Je n’ai même pas eu chaud ! »

Le premier combat de la soirée a opposé le Québécois Alexis Barrière (5-0, 3 K.-O.) au Mexicain Israel Nava López (2-1, 2 K.-O.). Le boxeur de Saint-Jean-sur-Richelieu l’a emporté après un abandon du Mexicain après deux rounds.