« Je veux lui montrer qu’elle n’a pas d’affaire dans le même ring que moi. » La confiance règne dans le camp de Kim Clavel en vue de son combat contre Mariela Ribera Valverde, vendredi prochain, au cabaret du Casino de Montréal.

Elle ne s’en cache d’ailleurs pas : cet affrontement contre la boxeuse bolivienne, elle veut s’en servir pour « faire sa marque » avant son combat de championnat du monde des mi-mouches de la WBC contre Yesenia Gomez, dont la date n’est toujours pas arrêtée.

Le promoteur Yvon Michel a indiqué lundi que cette rixe très attendue pourrait avoir lieu le 21 avril ou le 5 mai, selon l’état de santé de Kim Clavel après le combat de vendredi au cabaret du Casino de Montréal.

« Mariela, c’est un bâton qu’on essaie de mettre dans mes roues d’ici là, a lancé la pugiliste québécoise aux médias rassemblés au Casino, lundi. Vous allez voir une Kim explosive comme vous ne l’avez jamais vue encore. »

« Défensivement, elle ne se fera pas toucher pour rien, a-t-elle ajouté, parlant d’elle-même à la troisième personne. Elle va passer en dessous des coups de poing. Elle va avoir un jeu de pieds encore plus extraordinaire. Je cogne plus dur. Je ne suis pas une fille qui a un knockout punch, mais j’ai pris une meilleure force de frappe. »

Clavel combattra vendredi pour la première fois depuis le 28 août dernier, au stade IGA. Elle avait subi une blessure à l’entraînement en vue de son combat contre Gomez prévu le 17 décembre, ce qui avait mené au report de l’évènement, remis au 11 mars. La Mexicaine avait ensuite demandé plus de temps de préparation. Arrive donc Mariela Ribera Valverde (11-6-0, 8 K.-O.).

La Bolivienne s’amène à Montréal à titre d’adversaire de remplacement pour Clavel (14-0-0, 2 K.-O.), qui devra y défendre son titre de WBC Silver. Un combat de remise en forme, donc.

« Mariela, il ne faut pas la prendre à la légère, avertit malgré tout la boxeuse québécoise. J’ai vu des vidéos d’elle, c’est une fille qui a un gros cœur, elle va tout donner dans le ring, elle va essayer. […] Elle fait de la course, elle travaille en nutrition, elle est dans le gym chaque jour, elle ne va pas arriver ici en surpoids. C’est une athlète. Je ne m’attends à rien de moins dans le ring. »

« Elle a un bon physique, mais ça ne m’impressionne pas, ajoute-t-elle. La boxe, c’est la boxe. Je vais lui donner une leçon de boxe quand même, peu importe ce qu’elle va apporter dans le ring. »

Tout en gardant une pensée pour Yesenia Gomez.

« Je veux lui montrer que Kim Clavel chez les mi-mouches n’est pas là pour gagner juste une fois. Elle est ici pour longtemps, pour gagner sa ceinture, pour aller gagner le Championnat du monde. Je veux faire ma marque, qu’on se souvienne de moi. Je veux que les gens n’oublient pas Kim Clavel. »

« Une belle ère de boxe féminine »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

« Je trouve qu’on est dans une belle ère de boxe féminine, de sport féminin en général, souligne Kim Clavel. Lors des derniers Jeux olympiques, le plus grand nombre de médailles a été remporté par des femmes. »

C’est le fruit du hasard : le combat du 11 mars offrira une finale féminine… quelques jours après la Journée internationale des droits des femmes. L’occasion était belle, lundi, de faire le point sur l’évolution de la boxe féminine avec Kim Clavel et Yvon Michel, à la veille du 8 mars.

Et les deux ressortent, à leur façon, la comparaison avec le tennis féminin.

« On touche à une portion de fans qui est différente de ce qu’on avait avant, estime Yvon Michel. C’est moins violent, moins sanguinaire, plus technique. C’est comme les joueuses de tennis qui restent dans le fond du court et qui s’échangent les balles, comparativement aux gars qui font des smashs. Elles sont non seulement en train de se trouver une niche là-dedans, mais de raccommoder beaucoup de gens qui avaient un peu délaissé la boxe parce qu’ils disaient que c’était trop dur. »

Kim Clavel vante quant à elle la « visibilité » accrue donnée aux sports féminins… et les succès que les athlètes connaissent.

« Je trouve qu’on est dans une belle ère de boxe féminine, de sport féminin en général, souligne la boxeuse. Lors des derniers Jeux olympiques, le plus grand nombre de médailles a été remporté par des femmes. »

« C’est grâce à nos performances aussi, dit-elle. Je pense à Leylah Fernandez qui a gagné à Monterrey. C’est exceptionnel, je suis fière. »

La relève, les jeunes filles qui sont en arrière de nous doivent être inspirées par les athlètes féminines en général. Comparativement à avant, elles en ont beaucoup de qui s’inspirer.

Kim Clavel, boxeuse

Encore faut-il que les bourses suivent la tendance.

« Ici, Kim gagne le même prix que n’importe quel autre boxeur qui aurait fait une finale au Casino, souligne Yvon Michel. Je sais qu’en championnat du monde, tu as besoin de revenus de l’étranger pour payer des millions à des boxeurs. On a payé des millions à Eleider Alvarez, Adonis Stevenson, Jean Pascal. Ce n’est pas encore tout à fait là chez les filles. »

Mais le promoteur relève une particularité propre au volet féminin de son sport.

« Dans le milieu, ce que les filles ont que les hommes n’ont pas, ce sont les commanditaires. […] Kim est sollicitée beaucoup à ce niveau-là. Marie-Ève [Dicaire], même chose. Ça permet de faire des ouvertures encore plus grandes dans un milieu qui ne voulait pas s’associer à des boxeurs parce que c’est un sport violent. »

« Nous, on a deux filles qui, avec ces revenus-là, gagnent beaucoup plus que la majorité des boxeurs masculins. »

Un Ukrainien en sous-carte

En demi-finale, l’Ukrainien Taras Shelestyuk (19-0-0, 11 K.-O.) affrontera le Colombien Gabriel Maestre (4-0-0, 3 K.-O.). Un combat chez les mi-moyens qualifié de « choc des titans » par Bernard Barré, vice-président des opérations chez GYM, en conférence de presse.

Yvon Michel, qui portait un polo jaune sous son veston en soutien à l’Ukraine, a discuté avec Shelestyuk et dit vouloir lui « montrer que les Québécois sont solidaires avec ce qui se passe là-bas ».

« Ce n’est pas un combat qui va nous permettre de vendre des billets, mais il va rendre l’expérience encore plus extraordinaire pour chaque personne qui va être là. Tu achètes un billet pour voir Kim Clavel, et tu assistes à un combat d’envergure de deux étoiles amateurs, deux grandes étoiles chez les pros qui vont se livrer bataille ici, chez nous. »

Sept combats sont prévus à l’horaire vendredi. En plus de Clavel et de l’affrontement Maestre-Shelestyuk, les Québécois Mathieu Germain, Alexis Barrière, Derek Pomerleau, Louis Jourdain et Samuel Lajoie-Déry enfileront leurs gants pour tenter d’améliorer leurs fiches.