« C’est très, très désolant parce que la boxe n’a pas besoin de ça. »
Telle a été la première réaction de Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management (EOTTM), à propos de l’histoire de dopage dans laquelle se trouve Jean Pascal.
En fait, ç’a été sa deuxième réponse.
« On ne veut pas faire des commentaires sur un gars qui est un peu dans la merde », avait-il d’abord réagi à la question d’un collègue à ce sujet.
Finalement, Estephan se sera avancé davantage.
« Je ne lance pas de flèches à quiconque, mais je souhaite ardemment que le sport soit clean. Je n’accuse pas Jean Pascal de quoi que ce soit. Il y a des raisons, je suppose, que seulement lui et son équipe peuvent expliquer », a prudemment souligné le président d’EOTTM, dans le cadre de la visioconférence qui portait sur le gala du 4 juin, au Mexique, où boxera entre autres son protégé David Lemieux.
« Mais un sport clean est crucial. Ce n’est pas du hockey ou un but qu’on va marquer avec un ballon, c’est un gars qu’on frappe. Qu’on peut tuer. »
La bonne nouvelle dans tout cela, si l’on peut le formuler ainsi, c’est que la Voluntary Anti-Doping Association (VADA) « a fait sa job », ajoute Estephan.
Parce qu’il souhaite l’atteinte d’un sport sans dopage. Ce n’est pas qu’il accuse le boxeur québécois d’avoir péché, a-t-il immédiatement précisé, marchant sur des œufs.
« On doit donner la chance à Jean Pascal de se défendre. C’est à lui et son équipe de prendre soin de répondre à ça », a répété Estephan.
Quoi qu’il en soit, la sécurité des boxeurs doit primer, indique-t-il. « La tricherie, c’est zéro tolérance. »
Décarie « très surpris »
Antonin Décarie a également livré ses réflexions sur le dossier. L’ex-boxeur, aujourd’hui vice-président d’EOTTM, connaît Jean Pascal depuis 25 ans. Ils sont encore de bons amis, dit-il.
« J’ai été très surpris, comme tout le monde. J’ai beaucoup de misère à croire qu’il aurait pu faire ça, a-t-il laissé tomber, un message qu’il répétera. Il a toujours prôné un sport clean. »
Jamais, pendant leurs années à s’entraîner ensemble, ce sujet n’a été effleuré, a-t-il assuré.
Décarie a parlé avec Pascal depuis la révélation de vendredi.
« Il était vraiment dans tous ses états. Il disait évidemment que c’était une erreur et que tout allait se régler. Mais la réalité, c’est qu’on a entendu ça avec Lance Armstrong, Geneviève Jeanson. C’est un bon ami à moi et je lui fais confiance, mais ça devient un sport, une business qui est tellement lucrative que des fois, il y a peut-être de mauvaises décisions qui sont prises en cours de route. »
J’espère que tout va se régler. Que dans les prochaines semaines, on va avoir les réponses à nos questions et qu’il va être clean dans tout ça.
Antonin Décarie
Il reste à connaître les résultats des échantillons B des tests incriminants, fait valoir Décarie au passage.
Puis, peut-être, des pistes d’explications surgiront. Ou pas.
Trois substances interdites
Samedi, Jean Pascal avait réagi sur Twitter, écrivant être « sous le choc et embarrassé » par les accusations. Il a congédié son préparateur physique « sur-le-champ ».
« Jamais je n’aurais pris volontairement des substances illégales. J’ai toujours défendu l’importance de pratiquer une boxe clean et je la défendrai toujours. […] Je tiens à dire à tous mes fans qu’il s’agit d’un incident isolé et je suis prêt à faire tout ce qu’il faut pour le prouver. […] Je sais fort bien que cette situation entache mon nom, peu importe ce que je pourrais dire », a-t-il ajouté en substance.
Les échantillons A du Québécois auraient révélé la présence d’épitrenbolone, de drostanolone et de métabolite A de la drostanolone.
Pascal et Badou Jack devaient s’affronter le 6 juin en demi-finale du duel entre Floyd Mayweather et l’influenceur Logan Paul, au Hard Rock Stadium de Miami.
C’est Jack lui-même qui a dévoilé le résultat de tests de son adversaire par l’entremise de Twitter, vendredi soir.
Il s’agissait d’un combat revanche pour Jack (23-3-3, 13 K.-O.), avec à l’enjeu la ceinture WBA des mi-lourds détenue par Pascal (35-6-1, 20 K.-O.). Ce dernier avait remporté leur premier affrontement par décision partagée, à la fin de décembre 2019, à Atlanta.
Le Québécois s’entraînait à Porto Rico depuis près de six mois.