(Québec) La ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, entend les gens qui réclament un meilleur encadrement de la boxe, alors que la Mexicaine Jeanette Zacarias Zapata est hospitalisée depuis son combat avec sa rivale Marie-Pier Houle. Mais de là à réglementer davantage ce sport, ou même à interdire les coups à la tête, il y a un pas qu’elle ne franchit pas.

La question a été posée au gouvernement Legault, puisque la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a le mandat d’encadrer les sports de combat au Québec. L’organisme gouvernemental enquête pour évaluer si les protocoles en vigueur ont été respectés lors du combat qui a plongé l’athlète mexicaine dans le coma.

« Dans un premier temps, la première chose à faire, c’est de s’assurer qu’on offre un encadrement [et] un protocole strict qui est suivi. C’est pour ça qu’on veut voir l’évaluation de la situation avec la RACJ », a déclaré mercredi Isabelle Charest.

« Ce qu’on entend particulièrement du milieu de la boxe, c’est qu’au Québec, avec la RACJ, on a des procédures qui sont probablement les plus strictes dans le monde. Je pense que c’est déjà un pas en avant », a poursuivi la ministre.

Des risques contrôlables

Mme Charest commente la question de l’encadrement de la boxe avec prudence. Par contre, elle n’hésite pas à dire : « [Si] vous me demandez : “Est-ce que vos enfants feraient de la boxe ?” Pour moi, ce n’est pas une discipline que je favoriserais, sachant les répercussions que ça peut avoir. »

La ministre affirme qu’il ne faut pas comparer la boxe à des sports comme le hockey, où elle milite entre autres pour mettre fin aux combats. En boxe, dit-elle, se battre, « c’est la nature du sport. [Au] hockey, ce n’est pas le sport ».

« Au hockey, il faut compter des buts pour battre l’adversaire. […] Si on me demande est-ce que vous êtes à revoir la nature du sport [qu’est la boxe], je ne pense pas que ça soit mon rôle. Mon rôle, c’est de m’assurer qu’on encadre la réglementation. Au hockey, la bataille, c’est autre chose, parce qu’il n’y a jamais personne qui a gagné un match de hockey avec la bataille », affirme Mme Charest.

Interdire les coups à la tête ?

Certains commentateurs, dont récemment un éditorialiste de La Presse, ont demandé à Québec de retirer le K. -O. du livre des règlements de la boxe.

« La suite logique, d’interdire les coups à la tête. La boxe deviendrait alors un sport technique, qui se gagne par décision plutôt qu’en déclenchant un traumatisme craniocérébral », a écrit l’éditorialiste Philippe Mercure.

La ministre Charest répond à cette proposition par une question. « [Si on dit qu’au] Québec, il n’y a plus de coups à la tête, est-ce que ça sera de façon illégale que ça se fera ? Est-ce que ça sera encore pire, où il n’y a pas de protocoles ni d’encadrement ? », se demande-t-elle.

La boxe comporte des risques, mais « il y a moyen de contenir ces risques-là pour faire en sorte d’offrir un environnement sécuritaire pour nos athlètes », juge-t-elle.

Plus tôt cette semaine, le député libéral et ex-hockeyeur Enrico Ciccone a proposé que la RACJ instaure un registre des commotions, comme dans la NCAA, tout en insistant sur l’importance de recueillir davantage de données sur les commotions dans le monde de la boxe.