(Québec) Un verre de vin à la main, accoudés à leur balcon, 120 spectateurs ont pu assister mardi soir, à Québec, à un gala de boxe à l’image de l’époque : inusité.

Cette soirée, qui a vu Óscar Rivas l’emporter haut la main en finale contre Sylvera Louis, n’avait rien de normal. À preuve, les nombreuses voitures de patrouille qui surveillaient l’hôtel Plaza.

Les spectateurs, peu nombreux mais motivés, étaient confinés à leur chambre, qu’ils avaient payée entre 800 et 1000 $ – le souper et la bouteille de vin compris.

Gabriel Richer et Claudia Levac avaient fait la route de Salaberry-de-Valleyfield. « Les enfants se font garder par les grands-parents. C’est une sortie de couple. Elles sont rares, de ce temps-ci ! », expliquait Gabriel de son balcon, à cinq mètres du ring.

Celui-ci avait été installé au-dessus de la piscine, en plein milieu d’une cour intérieure ceinturée par les balcons.

Les boxeurs ont combattu là, près des palmiers et dans une vague odeur de chlore. Un chanteur chauffait la salle entre les combats, tandis que le ring était aseptisé. Rien n’est jamais normal à la boxe, c’est d’autant plus vrai par les temps qui courent.

« C’était lourd. Ce n’était pas extrêmement chaud, mais c’était humide. C’était une atmosphère de piscine », a fait remarquer Sébastien Bouchard après sa victoire (19-2, 8 K.-O.) par décision unanime contre Mario Perez (20-8, 12 K.-O.).

PHOTO YANICK MALTAIS, GROUPE YVON MICHEL

Sébastien Bouchard

Qui sont ces fans prêts à payer une coquette somme pour assister à ce gala singulier ? Beaucoup étaient là pour voir Bouchard, originaire de Baie-Saint-Paul. Pour la plupart, il s’agissait d’aficionados qui s’étaient ennuyés ferme de la boxe dans la dernière année.

« Ici, il y a des clients qui n’ont jamais manqué un gala de GYM depuis 2004. Ce sont des visages familiers. C’est certain que ce n’est pas donné, 1000 $ », expliquait Alexandra Croft, vice-présidente exécutive du Groupe Yvon Michel (GYM).

« Uppercut ! »

Le format intime permettait d’entendre mieux qu’à l’habitude les gérants d’estrade tonitruants. « On entendait super bien : “Uppercut ! Tue-le !” C’est sûr que ce n’est pas tout le temps les meilleurs conseils », rigolait après sa victoire par K.-O. technique au cinquième round le Montréalais Patrice Volny (16-0, 10 K.-O.).

« Avec les balcons comme ça, dans une petite salle, avec une petite foule… C’est plein, et les gens participent, dit-il. On devrait refaire ça même après le confinement. »

PHOTO YANICK MALTAIS, GROUPE YVON MICHEL

Patrice Volny a servi une leçon de boxe à Janks Trotter.

Le sympathique Volny affrontait Janks Trotter (10-6, 10 K.-O.) dans un combat de remise en forme. Le super-moyen n’avait pas boxé depuis un an et demi, pandémie oblige.

Ce boxeur local méconnu, puisqu’il évolue avec un promoteur ontarien, vise maintenant un combat éliminatoire pour la ceinture IBF. « On va tout faire pour avoir ce combat au Québec », a promis Yvon Michel.

Le combat principal, la revanche entre Óscar Rivas (27-1, 19 K.-O.) et Sylvera Louis (8-6, 4 K.-O.), a été expéditif. Leur premier affrontement en 2012 s’était réglé sur une décision partagée en faveur de Rivas.

Leur deuxième rencontre a permis de voir le chemin parcouru en près de 10 ans par le poulain de GYM, qui a aujourd’hui 33 ans. Rivas a dominé Louis du début à la fin, l’envoyant au tapis au deuxième. À court de solutions, Sylvera Louis a finalement lancé l’éponge à l’issue du troisième round.

« Il est plus patient, plus subtil qu’en 2012. J’essayais de l’énerver, mais il ne mordait pas », a raconté Louis après le combat.

Rivas a désormais les yeux sur le nouveau titre du WBC : les super-lourds-légers (bridgerweight). Il est le premier aspirant de cette catégorie de moins de 224 livres.

« Mon but est clair : c’est d’être champion du monde de la nouvelle catégorie. On va voir les négociations, mais c’est sûr que c’est mon but », a lancé Rivas en français.

Puis le bruit s’est tu. Le gala, considéré comme un « démo » par Yvon Michel, s’est terminé sans anicroche. Les spectateurs n’avaient pas à défier le couvre-feu. Ils n’avaient qu’à fermer leur rideau et aller se coucher.

En sous-carte, Alexis Barrière (1-0) a réussi ses débuts chez les lourds en signant une victoire par K.-O. au deuxième round contre Colin Sangster (2-1). Francis Charbonneau (3-1) l’a emporté par décision partagée contre Alexandre Roberge (1-1) chez les super-lourds-légers (bridgerweight).