Alors que les sports de combat sont à l’arrêt au Québec, Corinne Laframboise a repris le chemin d’Abou Dabi afin d’y faire, vendredi matin, une deuxième apparition dans l’octogone de l’organisation UAE Warriors. Un long déplacement qui s’accompagne de quelques défis, surtout en ces temps de pandémie, mais aussi de plusieurs avantages pour celle qui rêve d’intégrer l’UFC.

Il est 19 h, heure des Émirats arabes unis, lorsque la combattante d’arts martiaux mixtes nous contacte par Zoom. En arrière-plan, par la fenêtre de sa chambre, on aperçoit des gratte-ciel et la lumière du jour qui décline doucement. Il valait mieux que la vue soit un tant soit peu intéressante, tant elle a passé beaucoup de temps à l’hôtel depuis une semaine. Elle décrit son parcours du combattant intercontinental, version COVID-19.

« À Montréal, il a fallu que je passe un test et que j’aie la preuve écrite qu’il n’était pas positif. Ça a pris deux jours parce que d’habitude, ils font juste t’appeler pour te donner le résultat. À l’arrivée, à Dubaï, ils te font passer un test avant que tu récupères tes valises. Ensuite, ils t’escortent en taxi jusqu’à Abou Dabi et il y a un autre test avant d’entrer à l’hôtel où tu es en quarantaine jusqu’aux résultats. »

Cela s’est poursuivi avec d’autres tests – le fameux écouvillon profondément enfoncé dans le nez, des prises de température lors de chaque déplacement dans l’hôtel et une restriction des mouvements. Impossible pour elle et son entraîneur Fabio Holanda de sortir de l’hôtel, sauf pour les pesées de vendredi. Le sauna, qui est habituellement utilisé pour la coupe de poids, était également inaccessible. Bref, les mesures d’UAE Warriors, auxquelles il faut ajouter le port du masque, sont strictes.

« Il y a plusieurs solutions qui fonctionnent pour gérer la COVID-19. Des protocoles sont aussi déjà implantés du côté de la boxe américaine et de l’UFC. Pourquoi on est tellement fermés à ce chapitre au Québec ? dit-elle lorsqu’on l’interroge sur le sujet. Ils nous mettent une barrière. »

Bonne première impression

Entre les compétitions de jiu-jitsu et maintenant d’arts martiaux mixtes, Corinne Laframboise (5-3) n’en est pas à son premier séjour à Abou Dabi. Après un début de carrière, majoritairement passé avec TKO au Québec, c’est la deuxième fois qu’elle participe à un gala d’UAE Warriors, propriété de Palms Sports.

C’est par l’entremise de son entraîneur, impliqué dans l’organisation des championnats du monde de jiu-jitsu avec Palms Sports, que le lien s’est fait. Et dans l’octogone, le 31 janvier, elle s’est assuré de faire une bonne première impression, même si le combat était chez les 135 lb.

« Ils ont vraiment aimé la façon dont j’ai performé contre Cornelia Holm. Ils m’ont demandé de revenir, mais cette fois, dans ma catégorie, les poids mouches. Mon adversaire, Manon Fiorot, est une fille de karaté qui envoie des coups de pied spéciaux. J’ai bien hâte de voir à quoi ça va ressembler. Elle bouge beaucoup et elle a de l’énergie », raconte Corinne Laframboise, qui voudra évidemment amener le combat au sol.

S’entraîner au Québec, avec les moyens du bord en temps de pandémie, et se battre au Moyen-Orient est donc devenu sa nouvelle réalité. Cela l’oblige à faire des ajustements dans la nutrition, avec une perte de poids avant le départ, et dans sa routine de sommeil. Sur place, elle ne manque de rien dans un hôtel cinq étoiles.

« Ils font ça en grand. Ils mettent de l’argent et du temps pour les combattants. En janvier, la pesée médiatique avait été organisée dans un énorme centre commercial, illustre-t-elle. Fabio a été souvent à l’UFC dans le coin de Georges St-Pierre, Patrick Côté et Charles Jourdain maintenant. Il dit que si tu n’es pas mieux reçu qu’à l’UFC, c’est tout comme. Moi, je n’avais jamais vu ça, que ce soit pour mes combats ou ceux de Valérie Létourneau que j’accompagnais chez Bellator. Les 13 heures d’avion valent le détour. »

Le déplacement est également intéressant au niveau des bourses perçues et des commanditaires, ajoute-t-elle, même si elle a diversifié ses sources de revenus. Avant d’être combattante, elle était – et est toujours – hygiéniste dentaire. Entre autres…

« Je fais du remplacement une fois par mois pour garder ma licence active. J’ai étudié trois ans dans le domaine, mais mon métier tourne maintenant plus au niveau de l’entraînement privé, des combats et des cascades dans les films. Depuis peu, je suis aussi actionnaire de Danzo, une application de gym en ligne. »

Et il y a surtout ce rêve, celui de se retrouver un jour avec l’UFC, après quelques victoires supplémentaires à sa fiche. « Mais une chose à la fois, je commence par vendredi et par aller chercher cette victoire-là. »

Le combat sera disponible sur la chaîne YouTube d’UAE Warriors. Elle fera son entrée dans l’octogone autour de 11 h.