Patrick Côté ne sait plus trop où il a vu l’idée, mais il trouvait que le contexte était particulièrement propice pour la mettre en application.

Plus présent à la maison qu’à l’accoutumée, il a écrit une lettre à sa fille Rafaëlle dans laquelle il aborde le confinement, la vie d’aujourd’hui ou leur relation. Elle ne pourra cependant pas l’ouvrir avant son 18anniversaire, le 25 septembre 2034.

« C’est un beau legs qu’on peut faire. Même si le virus est dangereux et que la situation est plate, c’est un moment historique qu’on vit, raconte l’ancien combattant d’arts martiaux mixtes. À trois ans et demi, elle est un petit peu consciente de ce qui se passe, mais je voulais aborder la situation actuelle pour voir comment le monde va avoir changé dans les 15 prochaines années. »

S’il veut ajouter un support vidéo pour illustrer le concept de distanciation physique, Côté pourrait se tourner vers son retour à l’analyse des combats de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), ce samedi à 20 h, sur RDS.

Compte tenu des circonstances, Côté et Jean-Paul Chartrand seront placés dans deux studios différents. Il n’y aura pas de caméramans, et la régie ne comprendra qu’un nombre limité de personnes.

À Jacksonville, l’UFC, de retour après une pause de près de deux mois, a également mis en place des règles très strictes. Au-delà des tests, chaque combattant disposera, à l’hôtel, de sa propre salle dans laquelle faire ses entraînements et organiser sa coupe de poids. Des ajustements seront aussi apportés à la traditionnelle pesée du vendredi pour limiter le nombre d’intervenants.

Bref, la semaine s’annonce particulière pour les 24 combattants qui ont accepté de se rendre en Floride, au huitième rang des États américains les plus touchés au chapitre des cas positifs à la COVID-19.

PHOTO JERRY LAI, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Tony Ferguson

« L’UFC n’est pas dans l’illégalité, contrairement à ce qui se serait passé il y a deux semaines dans une réserve amérindienne en Californie, rappelle Côté. [Ce retour] passe un petit peu mieux, mais il va falloir qu’ils prennent beaucoup de précautions face à ce virus-là. »

Le VyStar Veterans Memorial Arena accueillera des galas, également à huis clos, les 13 et 16 mai. Chaque fois, l’enceinte sera désinfectée aux frais de l’UFC. Côté, qui a disputé 21 combats dans cette organisation, y serait-il allé en début de carrière ? Qu’aurait-il fait en fin de parcours, alors qu’il est devenu père de famille ?

« La question, c’est ça pareil. Où es-tu rendu dans ta carrière ? Au début et sans coussin financier, c’est sûr que j’y serais allé. Avoir eu cette opportunité plus tard dans ma carrière, avec une famille et un coussin financier, j’y aurais réfléchi à deux fois. »

Le risque zéro n’existe pas, mais l’UFC va tout faire pour assurer la sécurité des combattants. On a vu les mesures rendues publiques. Le sport a été qualifié de service essentiel en Floride et on peut y aller sans problème.

Patrick Côté

Le combat principal opposera Tony Ferguson à Justin Gaethje pour le titre intérimaire des poids légers. Juste avant, Henry Cejudo défendra son titre des poids coqs contre Dominick Cruz. La carte comprend également des duels Jeremy Stephens-Calvin Kattar et Donald Cerrone-Anthony Pettis.

Tout ce beau monde débarquera dans l’octogone après des camps d’entraînement perturbés par la crise sanitaire.

« Ce n’est pas idéal pour les combattants, mais ils sont tous dans la même situation. Tout le monde a été contraint de faire des sacrifices. Les camps d’entraînement n’ont pas été parfaits, mais quand tu es rendu à l’UFC, tu as beaucoup d’expérience », tranche Côté.

« Le monde oublie »

Comme bien du monde, Côté a été contraint de faire du télétravail dans les dernières semaines. Il est notamment copropriétaire du Centre d’entraînement XPN à Saint-Hubert.

« On ne s’attend pas à ce que ça rouvre très bientôt. On s’arrange pour faire d’autres choses et on profite du temps en famille. Ce sont des moments que, peut-être, je n’aurais jamais eus avec ma femme et ma fille. À la place de me plaindre, j’apprécie ce que l’on vit en famille aujourd’hui. »

La petite famille s’agrandira avec l’arrivée d’un garçon dans les prochains mois. L’occasion, peut-être, d’écrire une nouvelle lettre sur l’après-COVID-19.

« La façon de voyager ou d’approcher les gens va peut-être changer, spécule Côté. En même temps, il ne faut pas être naïf. Le monde oublie. Ça pourrait rester strict pendant un ou deux ans, mais je pense bien que ça va revenir comme avant. »