C’est mardi matin, via vidéoconférence, que le regroupement des fédérations de sports de combat s’adressera à la Direction de la santé publique dans l’espoir de relancer ses activités le plus rapidement possible et, par le fait même, d’assurer la survie des différentes organisations touchées.

Après plusieurs semaines d’attente et de discussions avec la Direction du sport, du loisir et de l’activité physique, le regroupement des fédérations de sports de combat, incluant la boxe, le judo, le karaté, le kick-boxing, la lutte et le taekwondo, a finalement obtenu le rendez-vous tant convoité.

Patrick Kearney, président de Judo Québec et Ariane Fortin, présidente de la Fédération québécoise de boxe olympique discuteront donc avec un membre de la Direction la santé publique dès 10h30, mardi, avec objectif de procéder à une relance rapide et sécuritaire des sports de combat amateurs.

« Nous espérons avoir des résultats concrets ! Nous croyons fermement avoir une solution efficace et applicable rapidement. Nous avons été patients, créatifs et nous espérons que ça va bouger », lance d’emblée Ariane Fortin.

En compagnie de son homologue, la double championne du monde de boxe et olympienne des Jeux de Rio 2016 plaidera pour un plan de relance inspiré d’autres sports et d’autres provinces ou nations, dont les grandes lignes sont l’entraînement en cellule de quatre personnes dans des plages horaires prédéfinies et la priorisation d’exercices et d’éducatifs ayant de brefs contacts.

« On ne néglige pas la situation, loin de là ! On comprend les risques qui y sont liés, mais nous croyons que notre plan est aussi sécuritaire que ce qui se fait dans d’autres sports. Nous pensons que c’est un bon compromis et qu’en agissant de cette façon, les conditions sont réunies pour contrôler les éclosions potentielles », assure-t-elle.

Sauver l’industrie des sports de combat

Même s’il est possible de s’entraîner en solitaire et sans contact depuis le 22 juin dernier, la situation est loin d’être idéale pour les quelque 50 000 membres des six fédérations concernées. Fortin constate d’ailleurs de l’impatience et de la démotivation chez les adeptes de sports de combat.

Avec l’arrivée imminente de la période d’inscription automnale, qui représente plus de 75 % des membres des différentes organisations, le sentiment d’urgence commence à se faire ressentir. Du récréatif à l’excellence, en passant par les nombreux programmes Sport-études.

« C’est toute l’industrie des sports de combat qui va en souffrir. Un sport de combat sans combat, c’est pas mal moins intéressant pour nos membres et on envisage des pertes énormes pour les clubs et les fédérations », soutient Fortin.

« Si rien ne se passe d’ici le 1er septembre, nos organisations pourraient perdre entre 25 % et 50 % de leurs budgets opérationnels. C’est énorme ! »

Au-delà des chiffres, cette longue pause pourrait également avoir un impact significatif non seulement sur le moral des athlètes, mais également sur la représentation québécoise aux niveaux national et international.

« Chaque athlète a sa voie sportive et on ne veut pas que la situation provoque un décrochage sportif. On ne veut pas perdre la base de notre membership. Ça touche beaucoup de personnes et ces effets-là vont se faire sentir très longtemps. Au final, on prive nos jeunes de leur sport favori et des bienfaits qui y sont rattachés. C’est difficile. »

Ariane Fortin s’inquiète également pour les Québécois qui bataillent toujours pour obtenir un laissez-passer olympique pour Tokyo, sans pouvoir s’entraîner dans les conditions optimales.

« À un an des JO, nos athlètes sont désavantagés par rapport aux autres provinces et pays qui ont déjà autorisé les sports de combat. Ils ont dépensé beaucoup de temps et d’argent pour réaliser leur rêve et ils doivent patienter avant de recommencer un entraînement adéquat. Ils perdent beaucoup de temps. »

Boxe Canada envisage d’ailleurs la possibilité de quitter temporairement son centre national d’entraînement basé à l’INS Québec pour établir ses quartiers en Alberta, un peu à l’image de Judo Canada, en juillet dernier.

Certes, la rencontre de mardi représente la première étape du chemin menant vers le retour des sports de contact et, advenant un dénouement positif, les divers partis engagés seront prêts à passer à l’action.

« Honnêtement, il faut rester optimistes. Nous croyons vraiment que notre plan est la meilleure solution viable, mais nous sommes ouverts à toute possibilité pour revenir le plus vite possible. Ça fait longtemps que nous sommes prêts et nos fédérations, nos clubs indépendants et nos athlètes n’attendent que le feu vert pour recommencer les activités collectives », conclut-elle.