Près de quatre mois après avoir remporté la ceinture de championne du monde IBF des super-mi-moyens, Marie-Ève Dicaire (14-0-0, 0 K.-O) assurera sa première défense samedi après-midi, au Casino de Montréal, face à la Dominicaine Lina Tejada (12-5-0, 9 K.-O). Mais avant de se soucier de son adversaire, la boxeuse de 32 ans a dû travailler sur elle-même et répondre à une grande question: comment bien assurer la transition d'aspirante à championne?

«Avec mon psychologue sportif, on travaille sur le fait de ne pas tomber dans la complaisance et dans la facilité. Quand on devient champion, on a plus de moyens. On peut alors prendre les choses à la légère parce que le travail devient plus facile. On a fait en sorte de me sortir de ma zone de confort et de rendre les choses plus difficiles», dit-elle.

«Dans mon passé chez les amateurs, j'ai d'ailleurs eu tendance à tomber dans la complaisance. Des combats qui devaient être faciles devenaient compliqués parce que j'étais moins aux aguets et moins alerte. J'ai appris de ces erreurs là.»

En partie à cause de cet historique, Marie-Ève Dicaire reconnait avoir connu un camp extrêmement exigeant au niveau physique. «On voulait la préparer pour le pire scénario qui peut arriver [dans le ring]», précise son entraîneur Stéphane Harnois. Cela a donné un camp avec une charge de travail largement supérieure à ce qu'elle a pu connaître par le passé. Elle détaille: «Pendant un mois, on a fait trois mises de gants par semaine, c'est-à-dire des 8, 10 et 12 rounds collés les vendredis et samedis. On ne faisait pas ça auparavant parce que, dès qu'on arrivait à deux sparrings, on devait réduire à cause de blessures. Je regarde ce qu'on a fait et je n'aurais jamais pensé être capable de soutenir ce rythme», estime celle qui a eu recours à une chambre hyperbare durant sa préparation.

Tout au long de ce camp, le clan Dicaire s'est déplacé à Québec, Ottawa, Toronto, Boston ou New York. Bien évidemment, l'objectif était de trouver des partenaires capables de reproduire le style de Tejada qui a déjà participé à deux combats de championnat du monde. La cinquième aspirante s'est inclinée à chaque fois.

«C'est une cogneuse qui va se battre du début à la fin et qui va pour le coup de circuit à chacun de ses coups», résume Dicaire.

«Elle fonce tout le temps et elle voudra arracher la tête de Marie-Ève», renchérit Harnois.

Marie-Ève Dicaire a déjà croisé un style semblable en partageant le ring avec Marisa Gabriela Nunez en février 2018. Elle l'avait emporté par décision majoritaire dans ce qu'elle estime toujours être son combat le plus difficile en carrière. Si Tejada n'a pas une fiche particulièrement reluisante, son style peut donc lui poser quelques défis.

«Dans le temps, le pire problème de Marie-Ève était lorsqu'elle était mise sur les talons, analyse Harnois. C'était tellement facile de la battre dans le temps. Les filles lui mettaient la pression et pouvaient faire ce qu'elles voulaient avec. Pour ce camp, on a donc fait des sparrings avec des adversaires qui pesaient 30 livres de plus et qui lui mettaient une pression continue. Je voulais que ses adversaires ne sentent pas les coups de Marie-Ève et qu'elles n'aient pas peur.»

Différence de gabarit

La conférence de presse, jeudi, a permis de constater l'avantage que Dicaire possédait au niveau de la taille. «Ma portée et ma distance sont des aspects que je maîtrise bien. Ça va avec ma corpulence aussi et, dans ce cas-ci, ça me place dans une zone de confort, croit-elle. Par le passé, on a vu que des adversaires de petite taille rentrent avec la tête par en-dessous. Je vais devoir être vigilante parce que je ne veux pas avoir de marques sur le visage.»

Selon le plan dévoilé le mois dernier, Marie-Ève Dicaire devrait se battre à quatre reprises en 2019. À plus long terme, l'objectif est de redescendre chez les 147 livres afin d'affronter la Norvégienne Cecilia Braekhus. Le combat de samedi peut donc être vu comme une étape supplémentaire pour la Québécoise en quête d'expérience et... d'un premier K.-O. chez les professionnelles.

«Marie-Ève n'a peut-être le coup de poing pour faire la mal la première fois, mais le deuxième, le troisième et le quatrième vont faire la job, réplique Harnois. D'ailleurs, demandez à ses partenaires d'entraînement ou à Chris Namus [son combat précédent] si elle cogne ou si elle cogne pas.»