Six mois plus tard, le clan Alvarez croit toujours détenir un avantage sur Sergey Kovalev à la veille de leur combat revanche pour le titre des mi-lourds de la World Boxing Organization.

Ce titre de la WBO, Eleider Alvarez (24-0, 12 K.-O.) l'a ravi de spectaculaire façon à Kovalev (32-3-1, 28 K.-O.), le 4 août dernier, en envoyant le champion au tapis trois fois au septième round. Kovalev menait pourtant 4-2 sur la carte des juges.

« C'est certain que nous avons l'impression d'avoir déjà commencé à gagner le deuxième combat avec le résultat du premier, a admis l'entraîneur Marc Ramsay, rencontré à l'hôtel Omni de Frisco, quartier général du gala qui sera présenté samedi soir au Ford Center, complexe d'entraînement des Cowboys de Dallas. Ça nous donne un avantage pour la bataille de samedi, mais rien n'est gagné. »

« Chaque individu a une façon à lui de se relever d'un K.-O. pareil. Je ne peux pas me fier au fait que Kovalev soit affecté ou pas. Je dois préparer Eleider pour le meilleur Kovalev possible, avec la meilleure tactique possible. »

Contrairement au Russe, qui a changé d'entraîneur depuis, confiant son sort à Buddy McGirt, le clan Alvarez a plutôt bâti en vue de ce deuxième combat avec les sept rounds disputés en août dernier.

« C'est certain que nous sommes allés collecter des informations supplémentaires, a expliqué Ramsay. J'avais de l'info à la suite du premier combat de (Jean) Pascal et des vidéos que j'ai vues, mais c'est quand on met deux boxeurs ensemble qu'on voit le genre de chimie qui s'opère entre les deux. C'est avec ces informations que nous avons remodelé notre tactique. »

Surtout, le clan Alvarez voudra faire ravaler ses paroles au clan Kovalev, qui ne cesse de clamer depuis sa défaite qu'Alavrez l'a emporté par chance.

« Certainement que nous voulons remettre les pendules à l'heure, encore plus du côté d'Alvarez que de mon côté, a souligné Ramsay. Ça l'a piqué ! Je dirais même que Kovalev m'a aidé : il a fait une partie de mon travail de motivation ! À chaque sprint, à chaque poussée de poids, à chaque coup de poing qu'Eleider a donné, je lui rappelais que sa victoire était un accident. Je ne l'ai pas lâché avec ça.

"Ce que ça me dit par contre, c'est que Kovalev est incapable de se regarder dans le miroir, a poursuivi Ramsay. Sa réaction, ç'a été de changer de gants, de changer d'entraîneur : c'est de la faute de tout et tout le monde autour de lui et c'est un accident, mais ce n'est pas lui qui est en cause. [...] Une vraie reconstruction après une défaite, ça commence par une introspection et une analyse, pas juste en brassant les cartes. Il ne comprend pas la situation. Il cherche à la mauvaise place. »

En attendant, le Russe ne semblait pas au sommet de sa forme pour la pesée. S'il a toujours eu un profil plus élancé pour un 175 livres, on l'a déjà vu avec les muscles plus saillants à quelque 30 heures d'un combat. Kovalev a fait osciller le pèse-personne à 174 livres, tandis qu'Alvarez, tous muscles dehors, a affiché 174,8 livres.

Les deux hommes se sont ensuite livrés à un très long face-à-face, qui a nécessité l'intervention d'un organisateur pour y mettre fin. C'est finalement Kovalev qui a flanché le premier et délaissé le regard d'Alvarez. Un deuxième gain en autant de jours dans la guerre psychologique précédant un tel affrontement.

Gagner le respect

Nul n'est prophète en son pays. L'adage s'applique à Alvarez, qui ne semble pas avoir convaincu les amateurs de boxe québécois malgré sa fiche immaculée et ses récentes victoires contre Isaac Chilemba, Jean Pascal et Lucian Bute, notamment.

'Si Eleider a gagné le titre mondial, il a encore à gagner le respect des amateurs, admet Ramsay. Il doit encore en convaincre plusieurs. Il s'agit de mettre un point d'exclamation à ce qu'on a fait dans le premier combat. On ne veut pas faire croire quoi que ce soit à Eleider non plus : il a dû payer le prix pour gagner en août. Il devra encore le payer cette fois-ci. On ne s'en va pas dans un pique-nique, ce sera un combat douloureux.

'C'est une guerre qu'on ne peut gagner : on voit des champions qui sont au sommet très longtemps et il y en a toujours pour dire qu'ils ont une faiblesse, poursuit-il. On peut même baisser de niveau : nous avons de très bons boxeurs au Québec qui sont dans le top-10 et les gens en parlent comme si ce n'était rien. Quand tu es le 10e au monde, ça mérite le respect.'

Une chose est certaine : aux yeux des preneurs aux livres, c'est Alvarez qui est le favori cette fois-ci.'

'Je ne sais même pas si Eleider est au courant qu'il est le favori pour ce combat. Ce n'est pas quelque chose qui est important pour nous. Nous savons quel genre d'adversaire est Kovalev et nous voulons appliquer le travail que nous avons fait au cours des huit dernières semaines. Ce n'est pas vraiment un sujet de conversation entre nous.'

Les amateurs du Québec devront veiller tard afin de voir le combat d'Alvarez (à la télé à la carte) : la demi-finale est prévue à 23 h, heure de Frisco, donc minuit à Montréal. Le choc Alvarez-Kovalev suivra le combat entre les légers Teofimo Lopez et Diego Magdaleno, qui se battront pour trois titres mineurs.

Un cadeau pour Rivas

Le poids lourd Oscar Rivas avait une belle surprise qui l'attendait à son retour à l'hôtel après la pesée : sa ceinture des lourds de la North American Boxing Organization (NABO), que lui a remise en main propre le président de la WBO, Paco Valcarcel.

Rivas a mis la main sur cette ceinture en défaisant Bryant Jennings arrêt de l'arbitre au 12e round de leur affrontement du 18 janvier dernier, à Verona, portant ainsi sa fiche à 26-0 et 18 K.-O.

Déjà détenteur du titre de la North American Boxing Federation (NABF), Rivas a aussi mis la main sur le titre international de l'International Boxing Federation (IBF) par le fait même.

Cette victoire lui a permis de percer le top-5 de la WBO, où il est maintenant classé quatrième. Il occupe aussi le 10e échelon de l'IBF et le septième de la WBA.