Olivier Aubin-Mercier et Georges St-Pierre se connaissent depuis des années. Partenaires d’entraînement au gymnase Tristar, les deux hommes s’entendaient bien sans que la relation soit toutefois très poussée.

« J’ai toujours été gêné de lui poser des questions et je ne sais pas s’il pensait que j’étais snob ou quelque chose, démarre Aubin-Mercier. J’étais gêné de lui parler parce que c’est grâce à lui que j’ai commencé les arts martiaux mixtes. Je n’ai jamais osé lui demander de l’aide. »

Tout a changé après le dernier combat perdu par le Montarvillois dans le cadre de l’UFC 231, en décembre, à Toronto. Un agent, qu’ils ont en commun, a alors joué les intermédiaires pour qu’Olivier Aubin-Mercier (OAM) profite de la science et de l’expérience de Georges St-Pierre (GSP) de manière privilégiée. Au début, les deux se rencontraient une fois par semaine. Maintenant, ce sont deux ou trois entraînements qu’ils font en commun.

« Il est beaucoup plus présent depuis un mois ou deux. Il m’aide avec le contrôle de la distance, les tactiques, la lutte et le jeu au sol, détaille Aubin-Mercier. On fait beaucoup de répétitions de mouvements ensemble. Ce qui est intéressant, c’est que, même s’il est à la retraite, il fait les mêmes entraînements que moi. Par contre, il ne mange pas des coups et il ne fait plus de sparring. »

Aubin-Mercier sent que ce partage de connaissances porte ses fruits. Son approche des entraînements a, par exemple, rapidement changé. Avant, il cherchait à gagner chacune des rondes alors que, maintenant, il voit cet exercice comme une occasion de parfaire différents détails et techniques.

« À tous les niveaux, je pense que je me suis beaucoup amélioré ces derniers mois. J’ai 30 ans, mais c’est toujours le fun de voir que je peux encore m’améliorer. Si j’étais juste le seul à le penser, ce serait une chose, mais ce sont tous mes partenaires d’entraînement qui me l’ont dit. Certains d’entre eux me donnaient de la difficulté il y a quelques mois, alors que, maintenant, ce sont presque des rondes de repos. »

En dehors des entraînements, Aubin-Mercier et St-Pierre ont aussi appris à s’apprécier, même si on peut difficilement trouver deux caractères plus éloignés. L’un est pince-sans-rire et décontracté tandis que l’autre est davantage reconnu pour être posé et analytique.

« On a un humour très différent et on ne comprenait pas quand l’un comme l’autre faisait du sarcasme. Mais il commence un petit peu à comprendre ma personnalité. La première fois qu’il avait entendu parler de mon surnom, Canadian Gangster, il m’avait dit : “Eh, il faut que tu fasses attention avec ce genre de nom.” Je pense qu’il a finalement compris que c’était une joke. J’ai l’impression que l’on s’est découvert des affinités. Je l’espère en tout cas. Sinon, c’est juste moi qui l’aime bien et lui ne m’aime pas », dit-il en rigolant.

De retour dans l’octogone

Aubin-Mercier (11-4-0) disputera son prochain combat, le 27 juillet à Edmonton, face à Arman Tsarukyan (13-2-0). Le Russe de 22 ans fera une deuxième présence dans l’UFC après une défaite par décision unanime face à Islam Makhachev en avril dernier. Le Canadian Gangster le décrit comme un combattant très bon partout et excellent en lutte.

PHOTO TOM SZCZERBOWSKI, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Olivier Aubin-Mercier au Scotiabank Arena de Toronto, en décembre 2018


C’est l’un des meilleurs athlètes avec lesquels je me suis battu. Il est 0-1 dans l’UFC, mais le gars contre qui il a perdu est un top 15 et potentiellement un futur champion.

Olivier Aubin-Mercier, à propos de son adversaire Arman Tsarukyan

« C’est un matchup qui est super risqué parce que je n’ai pas grand-chose à gagner et beaucoup à perdre, croit le poids léger. Mais, en tant qu’athlète, c’est super motivant de se battre contre un tel adversaire. J’ai quelque chose à prouver à moi-même. »

C’est d’autant plus le cas que, pour la première fois de sa carrière, Aubin-Mercier a essuyé deux revers consécutifs. Depuis décembre, outre les enseignements de GSP, il a pris du temps pour soigner son corps.

« J’ai l’impression de donner ça comme excuse. Avant mon combat contre [Anthony] Martin en 2017, je n’étais pas capable de dormir et de trouver une position confortable quand je me couchais. Je m’étais promis que ça n’allait plus arriver et c’est pour ça que j’ai arrêté de faire de la lutte [à l’entraînement]. Ce n’était pas une bonne décision. J’aurais dû faire des exercices pour régler ce problème-là. C’est ce que j’ai fait depuis mon combat de décembre. Ça va très bien, je dors comme un bébé. »

Aubin-Mercier devrait donc être bien reposé pour son combat face à Tsarukyan. Le jour J, il pourra aussi compter sur le soutien de St-Pierre, à qui il a proposé de payer les billets d’avion et l’hôtel à Edmonton.

« C’est un geste que je voulais faire pour lui montrer ma gratitude. Ça démontre que j’apprécie ce qu’il fait pour moi. »