Quand il s’est amené au Canada il y a 10 ans, Oscar Rivas souhaitait devenir champion du monde. S’il bat Dillian Whyte, le 20 juillet prochain au O2 Arena de Greenwich, en Angleterre, le Colombien d’origine pourrait bien n’être qu’à un combat de son objectif.

Rivas (26-0, 18 K.-O.) et Whyte (25-1, 18 K.-O.) s’affronteront alors pour la position d’aspirant no 1 au titre du World Boxing Council (WBC), actuellement détenu par l’Américain Deontay Wilder. Whyte a le plus à perdre: c’est lui qui occupe présentement cette position, alors que Rivas pointe au 10e rang.

Mais Rivas n’a pas volé sa place sur le ring face à l’Anglais. Il est le seul poids lourd classé dans les quatre associations: sixième à la WBA, septième à l’IBF et quatrième à la WBO. À sa dernière sortie, le 18 janvier, il a passé le K.-O. à Bryant Jennings au 12e round de leur affrontement. Cette victoire lui a permis de mettre la main sur la ceinture internationale de l’IBF et celle des lourds de la NABO, en plus de défendre avec succès son titre NABF des lourds.

Une victoire face à Whyte lui permettrait de confirmer sa place parmi l’élite de la division.

Pour ce faire, le clan Rivas n’a pas lésiné sur les moyens: un camp d’entraînement en altitude pendant trois semaines à Bogota, en Colombie, suivi de trois semaines à l’Institut national du sport de l’expertise et de la performance (INSEP) à Paris, où le Groupe Yvon Michel a ses entrées grâce au gérant de son protégé français Christian Mbili.

«La bourse que touchera Oscar pour ce combat est supérieure à celles qu’il a reçues pour ses 25 premières mises ensemble», a noté Yvon Michel, promoteur du Montréalais.

Son gérant, Stéphane Lépine, acquiesce.

«Nous avons réussi à nous négocier un budget d’une grande envergure, afin qu’Oscar profite de la meilleure préparation possible. […] Ça va nous permettre d’arriver en Europe trois semaines avant le combat, afin que les effets du décalage horaire ne se fassent plus sentir.»

Rivas et son clan savent toutefois que Whyte ne sera pas une proie facile. Sa seule défaite, il l’a subie aux mains d’Anthony Joshua, détenteur de trois ceintures chez les lourds. Rivas concédera d’ailleurs quelques 25 livres à son adversaire quand il grimpera dans le ring.

«Dans toute ma carrière, je me suis battu contre des gars plus grands que moi. Ça ne me dérange pas, a dit Rivas. Je me prépare toujours pour me battre contre les meilleurs. C’est une belle opportunité pour moi, et je compte en profiter.»

«Whyte sera le plus gros, mais Rivas est le meilleur boxeur des deux, sans aucun doute», a pour sa part analysé Bernard Barré, directeur du recrutement chez GYM et responsable de la venue de Rivas à Montréal.

«Whyte a une plus grande expérience professionnelle, mais Rivas a une plus grande expérience globale de la boxe. Il a gagné une médaille (d’argent) aux Jeux panaméricains et il a participé aux Jeux olympiques, a ajouté Michel, rappelant au passage que chez les amateurs, Rivas avait battu de grands noms de la division, comme Andy Ruiz et Kubrat Pulev, notamment. Oscar a tout vu dans la boxe. Il aurait dû être lancé il y a trois ans, mais les blessures ont retardé sa progression. Maintenant, tout va bien. Quand j’ai parlé à Marc (Ramsay, l’entraîneur de Rivas) de la possibilité de se battre contre Whyte, il m’a dit que c’était LE combat à aller chercher.»

Selon Michel, c’est d’ailleurs l’expérience de Rivas qui pourrait faire la différence dans ce combat.

«Il a une bonne force de frappe, de la rapidité et une très bonne technique. Il a de plus l’expérience nécessaire pour utiliser toutes ses qualités au bon moment. Il est bien meilleur que le mérite qu’il reçoit. Il est, selon moi, la carte cachée dans la division des poids lourds. C’est maintenant à lui de prendre sa place au soleil.»

«Je pense avoir une meilleure technique que lui, a renchéri Rivas. Après ma victoire contre Jennings, mon niveau de confiance a aussi augmenté. Dans le ring, on va voir qui s’est le mieux préparé pour ce combat.»

«Je pense que Dillian Whyte est très bon. Mais il n’est pas au niveau des champions actuels, a analysé Michel. Oscar l’est, et il va le prouver.»