Samedi, le protégé de Marc Ramsay disputera le titre WBO des mi-lourds à Sergey Kovalev et aura la chance de se révéler au monde entier.

Eleider Álvarez a fixé Sergey Kovalev droit dans les yeux durant le face-à-face suivant la conférence de presse. Kovalev a touché le bras de son adversaire pour désamorcer la tension et l'entraîner dans une poignée de main respectueuse. 

C'était le ton dans ce rendez-vous où les deux boxeurs ont été élogieux l'un envers l'autre. Ne reste plus que la pesée aujourd'hui, puis Kovalev et Álvarez seront prêts à en découdre demain à Atlantic City, pour le titre WBO des mi-lourds.

La ville renoue avec la boxe de haut calibre, après une période creuse depuis le combat entre Kovalev et Bernard Hopkins en 2014. Plusieurs fois, le nom d'Arturo Gatti est revenu pendant la conférence de presse. Notamment pour rappeler les deux dernières batailles de sa guerre contre Micky Ward, à une époque où Atlantic City était un incontournable du monde de la boxe.

Kovalev-Álvarez, c'est un peu la renaissance d'Atlantic City. L'événement est grand. Plus de 100 médias accrédités, une diffusion sur HBO, une salle fraîchement rénovée de 6000 places que l'on prévoit pleine, ou presque, au Hard Rock Hotel and Casino. Les derniers billets disponibles aux abords du ring ont été vendus durant la conférence de presse.

La promesse

Álvarez a longtemps attendu son moment pour un titre. Depuis novembre 2015 en fait, quand il est devenu aspirant obligatoire au titre WBC d'Adonis Stevenson pour lequel il ne s'est finalement jamais battu. Mais en fait, ça remonte à plus loin. 

Ça remonte à 2009, quand Eleider Álvarez a tout laissé derrière lui en Colombie pour gagner sa vie avec la boxe professionnelle. Ça remonte à la promesse de son entraîneur Marc Ramsay d'en faire un champion mondial un jour. Demain, Álvarez aura l'occasion de gagner sa ceinture et de se révéler au monde entier. 

« Mon entraîneur est l'un des meilleurs, a dit Álvarez au micro, en espagnol. Il m'a mis dans la meilleure forme de ma vie. Je vais faire face au plus grand risque de ma carrière, le rival avec la meilleure réputation de la division. »

« Je suis heureux que le monde puisse savoir qui est Eleider Álvarez. J'ai eu un bon camp et je serai prêt à me battre. »

« Kovalev n'avait aucune obligation de nous donner ce combat, il cherche toujours le plus gros défi, et je respecte ça, a dit Ramsay. Pas de blessure, pas d'excuse, Álvarez est prêt à y aller. [Demain], il y va pour le titre. »

Respect

Dans une conférence de presse empreinte de respect, le promoteur Yvon Michel n'a pas manqué de souligner le retour en forme de Kovalev depuis ses deux défaites contre Andre Ward. Kovalev avait perdu à ce moment ses trois titres chèrement acquis. Il a depuis remis la main sur la ceinture WBO en battant Vyacheslav Shabranskyy en novembre dernier.

Kovalev a admis qu'il n'était plus le même qu'à l'époque de Ward. Il s'est imposé une grande introspection après ce moment difficile. « J'ai compris que mes problèmes venaient de moi, avait-il dit en novembre dernier, avant de redevenir champion. Ce que je faisais, ce que je ne faisais pas. J'ai tout nettoyé de mon esprit. » 

Bref, il a mis de l'ordre dans sa vie et il ne s'est pas gêné hier pour lancer un jab à son ancien entraîneur John David Jackson.

« Ce que j'ai fait depuis mes deux folles défaites est de placer ma tête sur la bonne voie. Je n'avais pas d'entraîneur dans mon camp, j'avais un "entraîneur" [Kovalev a lui-même mimé les guillemets], mais je faisais tout moi-même. Quelques camps étaient bons, d'autres moins, il y avait des erreurs. Mes performances étaient parfois bonnes, d'autres fois non. Maintenant, mon entraîneur Abror Tursunpulatov travaille avec moi et je me sens mieux, plus professionnel. J'espère montrer le meilleur de mes habiletés [demain]. »

Selon la promotrice Kathy Duva, Kovalev rêve de nouveau au grand chelem des quatre titres avant sa retraite. Les autres champions sont Dmitry Bivol, qui se battra dans un combat préliminaire contre Isaac Chilemba demain, Adonis Stevenson et Artur Beterbiev.

« Espérons que les autres champions vont collaborer », a-t-elle simplement lancé.

Photo Adam Hunger, archives Associated Press

Sergey Kovalev s'est imposé une grande introspection après ses défaites contre Andre Ward.