Steve Bossé pourra se battre, comme prévu, contre Jean Pascal le 20 juillet prochain à la Place Bell. Il a obtenu mardi son permis de boxe, au terme d'une deuxième journée d'audience devant deux juges administratifs de la Régie de l'alcool, des courses et des jeux.

Cette deuxième audience tentait grosso modo de déterminer si permettre à Bossé de combattre, compte tenu de sa proximité avec celui qu'il présente comme son «conseiller et mentor» Dan Fontaine, nuirait «au bon renom» du sport.

Fontaine a été lié à deux membres des motards criminels par le sergent Alain Belleau, expert de la Sûreté du Québec, lors de la première audience, jeudi dernier. Fontaine a également été déclaré coupable de trafic de stéroïdes en 2017.

L'avocat de Bossé a essentiellement fait valoir que le boxeur n'avait rien à se reprocher et était exempt de tout soupçon.

«Est-ce qu'il a été démontré que Bossé n'avait pas les qualités requises pour le bon renom de la boxe? La preuve est inexistante.»

Le sergent Belleau avait présenté la semaine dernière une seule instance où Bossé avait côtoyé deux membres du crime organisé. Ils étaient assis à la même table lors d'un événement d'arts martiaux mixtes à Laval en 2009. Or, Bossé a expliqué qu'il avait reçu de l'aide de Fontaine pour remplir tous les sièges à la table qu'il avait lui-même achetée et qu'il n'entretenait aucun lien avec ces individus.

Me Pichette a ensuite critiqué l'idée que Bossé soit «guilty by association», donc coupable par ricochet de gestes commis par Fontaine. Il a aussi insisté sur la bonne réputation de Bossé et sur sa prestation de service public comme pompier à Saint-Constant. Puis, il a rappelé à la Régie qu'elle avait accordé des permis de boxe à des gens qui, eux, avaient déjà été reconnus coupables de crimes.

«On se base sur le fardeau et la prépondérance de la preuve. La supputation et la possibilité, c'est insuffisant», a-t-il dit en guise de conclusion.

Les arguments de la Régie

L'avocate de la Régie Joliane Pilon a tenté de faire valoir que les liens de Bossé avec Fontaine nuiraient à la réputation de la boxe auprès du public. Elle a surtout insisté sur le trafic de stéroïdes, une infraction liée à la pratique sportive.

«Est-ce que le fait qu'il s'associe à Fontaine, sympathisant des Hells et trafiquant de stéroïdes, nuit au bon renom du sport?»

Elle poursuit: «Le point est que Fontaine est lié au crime organisé et a été déclaré coupable de trafic de stéroïdes pas il y a 20 ans, mais en 2017. Quel message on envoie de s'associer à une personne comme Fontaine comme conseiller et mentor?»

Elle a ensuite posé aux juges administratifs sa question la plus puissante: «Quel message on envoie? On dit non aux drogues d'un côté, mais de l'autre, que le conseiller d'un athlète soit trafiquant de stéroïdes ne nous dérange pas? Le bon renom se base sur les apparences. On est là-dedans.»

Me Pilon a aussi insisté sur le fait que lors d'un premier refus de lui donner un permis de boxe, en 2010, Bossé avait convenu de faire le ménage dans son entourage. Il avait obtenu son permis six semaines plus tard à la suite d'une série de promesses. Or, il se présentait devant eux, huit ans plus tard, encore avec Dan Fontaine à ses côtés.

Dans sa décision, le régisseur Jean Lepage a admis qu'après les plaidoiries de l'avocat de Bossé, Me Martin Pichette, il avait l'intention de donner son permis à Bossé. Toutefois, la plaidoirie de l'avocate de la Régie, Me Joliane Pilon, l'a ensuite «ébranlé dans ses convictions».

Il a finalement tranché en faveur de Bossé, tout en admettant que certaines relations et certains commanditaires du boxeur dérangeaient le tribunal. Il a ajouté qu'en vue d'un futur permis de boxe, l'an prochain, les policiers devraient faire de nouveau enquête sur Bossé pour mettre à jour son dossier.

Bossé soulagé

À sa sortie de la salle d'audience, Bossé s'est dit très soulagé. «À 10 jours du combat, ça grugeait de l'énergie. Maintenant, je vais pouvoir me concentrer sur le combat. [...] Plein de choses ont été relatées. Je peux vivre avec ça, mais ça a été difficile pour mon entourage. Je suis soulagé que le dossier soit clos une fois pour toutes.»

Évidemment, le verdict est lourd de sens, surtout au sujet de sa relation avec Dan Fontaine. Bossé a expliqué la semaine dernière que Fontaine est d'abord un ami dont le rôle a changé lorsqu'il a négocié son contrat de quatre combats avec Yvon Michel. Il a plusieurs fois fait référence à Fontaine comme étant «son agent» lors de diverses entrevues.

Quand on lui a demandé quel serait son lien avec Fontaine à l'avenir, voici ce que Bossé avait à dire: «Présentement, je ne veux pas me lancer là-dedans. On va se concentrer sur le combat. Après, on en parlera et on prendra les décisions pour s'assurer que ça aille bien l'an prochain. [...] On va faire tout ce qui est correct pour que la Régie soit satisfaite.»

Steve Bossé c. Jean Pascal, le 20 juillet à la Place Bell de Laval