À la lueur des propos - parfois contradictoires - qu'a livrés Adonis Stevenson lors de la conférence de presse de promotion de son gala du 19 mai, à Toronto, une chose ressort: il n'a plus le contrôle de sa carrière.

Le boxeur montréalais a plutôt cédé les rênes à son gérant, Al Haymon, qui tire toutes les ficelles à distance. À preuves: Stevenson ne semblait au courant de rien au sujet des tractations qui ont forcé Yvon Michel à renier une entente en bonne et due forme avec evenko pour le combat du 19 mai, contre Badou Jack, et de faire la promotion d'un événement qui aura maintenant lieu au Air Canada Centre.

Idem quant au combat face à Eleider Alvarez, qui a été son aspirant obligatoire de novembre 2015 jusqu'à ce qu'il accepte une offre de Sergey Kovalev, la semaine dernière: il semble que Stevenson n'avait pas un mot à dire.

«Je n'ai aucun contrôle là-dessus, a souvent répété Stevenson. C'est Al Haymon et Showtime qui gèrent tout ça. Moi, je boxe contre qui on me dit de boxer. Je n'ai rien à voir là-dedans, même si c'est en équipe qu'on prend les décisions.

«Je ne peux pas répondre à la place d'Al Haymon. S'il a une autre stratégie, je ne le sais pas. Là, contre Badou Jack, le gagnant aurait affronté Alvarez, mais il a décidé d'aller se battre contre Kovalev. Je lui souhaite bonne chance. S'il l'emporte, on pourra unifier les titres. Un combat contre moi générerait plusieurs millions.»

C'est la même chose pour l'emplacement de ses combats.

«Je ne savais même pas (que le combat devait avoir lieu à Montréal). Là, je peux faire des suggestions, mais avant je ne pouvais pas: je ne savais pas ce qui se passait.»

Pourtant, sur les réseaux sociaux, à chaque fois que Groupe Yvon Michel, son promoteur, parlait de l'événement de Montréal, il répliquait en disant qu'il s'agissait de fausses nouvelles.

«Je disais "fake news" car il n'y avait rien de fait. Al Haymon ne m'avait rien confirmé. (Showtime) présente beaucoup de galas, (même si c'est annoncé) deux ou trois mois d'avance, ce n'est plus comme avant. C'est plus long avant qu'ils donnent des réponses. Moi, je n'en avais pas eu.»

Nouvelle opinion sur Toronto

Stevenson (29-1, 24 K.-O.) a également changé d'avis au sujet de Toronto. Pendant la promotion de son combat face à Tommy Karpency, en 2015, il disait ne plus jamais vouloir s'y battre, en raison des règles particulières de la Commission athlétique de l'Ontario, dont la pesée le jour même et la quantité de bandages alloués sur les mains des boxeurs. Ce n'est plus le cas.

«Quand j'ai dit que je ne voulais plus retourner à Toronto, c'était avant de me battre là-bas, a-t-il affirmé. Mais après le combat, j'ai remarqué que mes mains étaient correctes et que ça frappait encore plus fort sans autant de bandages. Depuis, on a renforci mes mains avec des entraînements de karaté. Maintenant, je pourrais frapper sur du fer et mes mains seraient correctes.»

Quant à sa présence en Ontario, Stevenson a une explication particulière.

«En Ontario, ils disent que nous sommes gâtés au Québec parce qu'on a beaucoup de boxe. Ils se plaignent de ça. Pour Showtime, c'est une belle plateforme pour eux de se faire voir partout en Ontario. Je n'ai aucun contrôle là-dessus, je l'ai su à la dernière minute. Avant, quand on parlait de Montréal, c'est pour ça que je ne parlais pas, car c'est Al Haymon qui me donne la confirmation. Tant qu'il ne me le dit pas, je ne dirai rien sur les réseaux sociaux.»

Stevenson mettra donc son titre du WBC en jeu face à Jack (22-1-2, 13 K.-O.), sa neuvième défense de titre depuis qu'il l'a ravi à Chad Dawson, en juin 2013. Le WBC a déjà établi que le vainqueur se frottera ensuite à Oleksander Gvozdyk, qui a remplacé Alvarez à titre d'aspirant obligatoire.

Si jamais Stevenson devait l'emporter, il s'agirait d'une première défense obligatoire depuis celle effectuée contre Tony Bellew, en novembre 2013.