Détester son adversaire en boxe peut comporter des avantages, mais aussi des inconvénients.

Le boxeur peut y puiser une source de motivation supplémentaire, mais en revanche, il peut aussi pécher par manque de concentration et risquer de perdre certains de ses repères.

À cinq jours du combat de championnat du monde de la WBO contre le Britannique Billy Joe Saunders, samedi à la Place Bell, l'entraîneur de David Lemieux, Marc Ramsay, ne s'en soucie nullement.

«Ça dépend toujours du boxeur que tu gères, a-t-il répondu hier, en marge de l'entraînement médiatique des boxeurs, à Laval. Dans ce cas-ci, c'est une bonne nouvelle. Ça a mal fini pour tous les boxeurs qui ont joué avec les nerfs de David avant un combat. On n'a qu'à penser à Curtis Stevens, qui avait énervé David sur les réseaux sociaux. Ceux qui ont été plus amicaux, sans dire que ça endormait David, ça ne le réveillait pas non plus.»

Saunders a une réputation de vilain garnement, et il ne se gêne pas pour étaler des valeurs rétrogrades sur Twitter. Ses propos dégradants sur la femme, récemment, lui ont valu une convocation par le British Boxing Board of Control.

Lemieux (38-3, 33 K.-O.) a aussi été victime de commentaires mesquins, entre autres sur son physique et sur ses origines francophones.

«J'ai beaucoup de messages d'Angleterre récemment, a admis Lemieux. On m'écrit pour me demander de les débarrasser de Saunders. C'est assez étonnant. Beaucoup de monde ne l'aime pas là-bas. Des hommes comme des femmes m'ont écrit. Ce n'est pas le gars le plus intelligent qu'il y a pour écrire des choses comme ça, étant champion du monde présentement... du moins jusqu'à samedi.»

«Il n'y a aucune logique à ce qu'il a fait. Mais je vais faire une faveur à tout le monde, je vais m'occuper de Saunders, ne vous inquiétez pas...»

Malgré les fanfaronnades de Saunders, celui-ci demeure champion du monde, invaincu en 25 combats de surcroît. Il s'agira du défi le plus important de Lemieux depuis sa défaite en combat de championnat du monde contre Gennady Golovkin au Madison Square Garden, en octobre 2015.

«Beaucoup de monde croit que je suis le même boxeur que contre Golovkin. Si c'est le cas de Saunders, il va avoir une méchante surprise samedi; je suis inquiet pour sa santé. J'ai beaucoup progressé depuis. J'ai remonté l'échelle. J'ai restructuré quelques détails qui n'étaient pas au point avec Marc [Ramsay]. On n'est plus au même niveau.»

«Au sommet de ma carrière»

Lemieux, 28 ans, dit avoir progressé à plusieurs chapitres. «On a travaillé plusieurs aspects. Je suis au sommet de ma carrière. J'ai atteint des niveaux que je n'ai jamais atteints, que ça soit dans le gymnase de boxe ou dans les entraînements physiques sur le plan de la force. On a atteint des objectifs qu'on voulait atteindre.»

Ramsay acquiesce. «Il a amélioré plein de choses. Je ne veux pas entrer dans les détails techniques en prévision du combat de samedi, mais David est plus complet. C'est un vétéran qui sait ce qu'il fait dans un ring de boxe. Il gère mieux l'action. Il y a une grande différence entre se battre et boxer. David, avec son expérience, a bien compris ça. Il est même capable de s'ajuster dans les rounds d'entraînement. Il est en mesure de repartir à zéro et d'arriver avec un autre angle. Y'a juste l'expérience qui fait ça.»

On respecte les qualités pugilistiques de Saunders (25-0, 12 K.-O.), mais on ne veut pas s'attarder outre mesure sur l'adversaire.

«On connaît ses qualités et ses faiblesses, mais on se concentre sur David. Quand on étudie trop l'adversaire, on est en réaction. Ce n'est pas ça, David Lemieux; c'est un gars qui s'impose. Il est gaucher, mais David a bien fait contre des gauchers. C'est parfait car le meilleur coup contre un gaucher, c'est la droite, le crochet. On est en Cadillac avec David.»