Ric Flair était sur son lit de mort. Le «Nature Boy», qui a fait de sa crinière blonde platine, sa robe de chambre à paillettes et son fameux boa aux couleurs criardes sa marque de commerce, n'était plus qu'un vieil homme âgé de 68 ans dont les organes lâchaient les uns après les autres, et dont la vie ne tenait plus qu'à un fil. Flair n'a jamais eu le corps d'un culturiste, mais après avoir perdu près de 45 livres, son cou jadis musclé n'était guère plus gros que son poignet. Il reposait depuis une dizaine de jours dans un coma artificiel, dans une robe de chambre d'hôpital terne.

Flair a vécu une vie hédoniste au cours de laquelle, dit-il, il buvait au moins 10 bières et cinq cocktails par jour afin de survivre pendant deux décennies aux rigueurs des voyages de ville en ville, en plus de devoir composer avec le poids des bijoux en or - qui atteignait parfois plus de 10 livres - accrochés autour du cou et de la taille et de sa réputation d'être le plus grand lutteur de tous les temps. Dans le ring, Flair était un tacticien et un artiste hors pair; au bar de l'hôtel, il était un pilier de taverne incontesté.

Il se peut que ce soit son endurance, qu'il a développée pour devenir un artiste du match de lutte de 60 minutes, qui lui a permis de s'en sortir lorsqu'il a été placé dans un coma artificiel dans un hôpital de la Georgie. Son amour pour la bouteille l'avait pourtant terrassé plus solidement qu'un coup de coude à la tête du légendaire Dusty Rhodes - son foie avait commencé à lâcher, son coeur montrait des signes de défaillance, il avait besoin d'un stimulateur cardiaque et il a subi l'ablation d'une partie de son intestin.

Les médecins lui donnaient 20 % de chance de s'en sortir. Flair, dans le langage de la lutte professionnelle, s'est sorti de ce bourbier au compte de 2.

«Les gens disent que c'est un miracle», a raconté Flair dans un entretien réalisé cette semaine avec l'Associated Press.

Il n'y avait aucun scénario pour son retour. Flair est retourné chez lui à Atlanta, avant d'arpenter le tapis rouge en marge de la première du documentaire produit par ESPN Films 30 for 30 intitulé Nature Boy, qui sera diffusé le 7 novembre, et il doit participer à de nombreuses séances d'autographes le mois prochain.

Il a même laissé entendre qu'il aimerait faire «un dernier coup d'éclat» lors de l'émission Monday Night Raw de la WWE le 13 novembre au Phillips Arena, afin de rappeler au monde entier qu'un diamant est incassable - tout comme Ric Flair, vraisemblablement.

Ce sera l'occasion pour les spectateurs dans les gradins populaires de crier encore une fois: «Woooooo!».