Le choc canadien des super légers entre Yves Ulysse fils et Steve Claggett prendra maintenant une dimension continentale, puisque les deux pugilistes se battront pour le titre vacant de l'Amérique du Nord de l'International Boxing Federation (IBF).

C'est ce qu'a annoncé mercredi Camille Estephan, président d'Eye of the Tiger Management (EOTTM) et promoteur du gala de vendredi, au MTelus de Montréal.

Le vainqueur de ce duel percera automatiquement le top 15 au classement de l'IBF, dont le titre chez les 140 livres est actuellement vacant.

Afin de pouvoir accéder à cette ceinture, Ulysse (14-0, 9 K.-O.) a dû renoncer à celle de la North American Boxing Federation (NABF), antichambre du World Boxing Council (WBC), qu'il avait acquise en défaisant Zachary Ochoa, le 11 mars dernier, en préliminaire au combat entre David Lemieux et Curtis Stevens.

Quant à Claggett (25-4-1, 17 K.-O.), il s'amène à Montréal avec le désir de jouer les trouble-fête, comme il l'avait fait aux dépens d'Emmanuel Robles, en septembre 2016. Présenté en grande finale, ce combat pour le titre de la North American Boxing Association (NABA) des super légers devait servir de tremplin à Robles, alors invaincu en 16 combats (15-0-1). L'Albertain a plutôt inscrit une victoire par décision partagée et Robles a perdu ses deux autres combats depuis.

«Je me rappelle très bien ce combat, a raconté Claggett. Je me rappelle la confiance qu'affichait ce boxeur invaincu. Mais il lui manquait quelque chose. Autrefois, quelqu'un est venu mettre une tache à ma belle fiche parfaite. C'est à mon tour de servir cette dure leçon à Ulysse. Je suis un boxeur différent, un homme différent. Je vais prouver tout cela vendredi.»

Mots aigres-doux

Les deux boxeurs doivent avoir hâte de s'affronter sur le ring, car les insultes pleuvaient lors de la conférence de presse de mercredi. À un point tel qu'Estephan a jugé bon de s'interposer entre les deux boxeurs, qui ne cessaient de s'invectiver pendant que les autres pugilistes tentaient de mousser leurs combats respectifs.

«Je voulais calmer le jeu: je ne voulais pas que le combat ait lieu maintenant, a expliqué le promoteur. Ce que Steve Claggett veut, c'est de voler la place d'Yves Ulysse. Ça va donner un bon combat.»

«Il a dit qu'il allait me casser la gueule, m'arracher la tête, me défoncer. Je lui ai répété gentiment qu'il n'allait rien faire de tout ça, a calmement indiqué Ulysse. Il a tenté d'insulter ma mère. Quelqu'un qui doit lancer des insultes comme ça, c'est parce qu'il n'est pas dans sa zone. (...) Tant et aussi longtemps que la cloche n'est pas sonnée, c'est du bla bla. Tout se règle sur le ring.

«La clé, c'est de rester moi-même. C'est tout. J'en ai vu des gars comme lui. (...) J'ai hâte, je suis impatient. Je sais que ce sont des épreuves comme ça qui vont démontrer ce que je vaux. Je vais le battre, après ça, c'est HBO. Je peux prouver qu'à partir d'ici, je fais partie de l'élite.»

Estephan détient effectivement un contrat avec la chaîne HBO pour Ulysse. Il croyait toutefois que son protégé devait engranger plus d'expérience avant d'entrer dans les ligues majeures.

«On veut arriver sur HBO et y rester longtemps, a dit le promoteur. On ne veut pas juste faire une paie. Yves Ulysse n'a que 14 combats, alors on voulait Steve Claggett. Ce sera un combat enflammé. C'est un combat digne d'une carte sur Showtime ou HBO. On prend un risque, mais c'est un risque calculé.

«On est confiants parce qu'Yves Ulysse est un talent comme on en a rarement vu. Parmi les boxeurs du Québec, c'est possiblement le plus pur talent qu'on ait jamais vu. Il a la capacité de battre des gars comme Claggett. Si, comme on le croit, il veut devenir une grande «star» dans la boxe, il doit battre ces gars-là. (...) Il a beaucoup de talent, mais je pense qu'Ulysse est meilleur dans toutes les facettes.»

Ce duel sera le 12e de cette soirée, présentée au MTelus à compter de 18h, vendredi. En demi-finale, le poids lourd Simon Kean (10-0, 9 K.-O.) fera face au gaucher Randy Johnson (13-2, 11 K.-O.), qui vient de signer 11 victoires consécutives, dont neuf avant la limite.

«On voulait vraiment Randy Johnson: c'est un gaucher qui cogne très dur. Simon, c'est une machine de guerre, un talent extrême. Mais il a démontré un manque de concentration au début de ses combats, a rappelé Estephan. Avec un gaucher qui cogne dur, ça peut coûter cher. Il doit apprendre. On investit dans la carrière de nos boxeurs; ce ne sont pas juste des combats pour bâtir leur fiche. Un combat peut nous coûter des milliers de dollars. On ne veut pas récolter qu'une victoire comme bénéfice.»

Juste avant ce choc de titans, Steven Butler (19-1-1, 16 K.-O.) se frottera au vétéran super mi-moyen Silverio Ortiz (36-20, 17 K.-O.). La soirée marquera également les débuts professionnels de Kim Clavel et du pugiliste de Québec Vincent Thibault.