Plusieurs milliers de spectateurs et d'amateurs de boxe auront le regard tourné vers Las Vegas samedi soir, alors que Sergey Kovalev et Andre Ward croiseront le fer au T-Mobile Arena. L'un de ces observateurs s'appelle Yvon Michel.

L'issue de ce duel fort attendu intéresse tout particulièrement le promoteur, puisque l'un de ses poulains pourrait bien affronter le gagnant de ce combat lors duquel les titres WBA, WBO et IBF des mi-lourds - tous détenus par Kovalev - seront en jeu. Reste à connaître l'identité de celui qui aura cette chance.

«Sous tous les angles, il s'agit d'un combat intrigant et extrêmement intéressant qui aura des retombées majeures pour le Québec», résume le président du Groupe Yvon Michel (GYM) en entrevue avec La Presse.



Le premier nom qui vient en tête est celui d'Adonis Stevenson, champion WBC de la catégorie et détenteur de la seule ceinture qui manque pour compléter le tableau de chasse. Un combat d'unification avec le gagnant de l'affrontement Kovalev-Ward tomberait sous le sens.

On connaît cependant la saga entourant ce combat Stevenson-Kovalev qui n'a finalement jamais eu lieu. Mais selon Michel, même si Ward devait l'emporter, ce sont les réseaux de télévision américains qui viendraient à nouveau jeter du sable dans l'engrenage. Ward et Kovalev sont associés à HBO, tandis que Stevenson est lié au concurrent Showtime et à la série Premier Boxing Champions de son agent, Al Haymon.

«C'est évident qu'Adonis veut se battre contre le gagnant. Mais il y a toujours un empêchement sur le plan de la télédiffusion. On n'a pas vu de progression sur ce point. On se croise les doigts pour trouver une solution», indique Yvon Michel.

La Presse, Marco Campanozzi

Adonis Stevenson

Alvarez et Beterbiev

Toutefois, avant de penser à Kovalev ou Ward, Stevenson devra se concentrer sur Eleider Alvarez, son aspirant obligatoire. En principe, les deux pugilistes s'affronteront en mars ou en avril.

Il est toujours possible, en théorie, qu'Alvarez accepte de passer son tour et laisse Stevenson se mesurer au gagnant de samedi soir. Un scénario qui lui serait d'ailleurs profitable en fin de compte, croit Michel. «Alvarez gagnerait au change, puisqu'il deviendrait ensuite l'aspirant obligatoire du champion unifié», souligne-t-il.

«Si Alvarez devait battre Stevenson, poursuit Michel, il jouirait alors d'une énorme notoriété rapidement. Adonis a été champion avant Kovalev. Showtime n'a pas investi en Alvarez de la même façon qu'avec Adonis. Cela dit, si Alvarez bat Adonis, il y a plus de chances qu'il y ait un combat revanche.»

Le troisième nom, à ne surtout pas négliger, est celui d'Artur Beterbiev. Le Tchétchène, qui affrontera Isidro Prieto à Gatineau le 23 décembre, sera selon toute vraisemblance la tête d'affiche d'un gala au Centre Vidéotron de Québec le 24 février.

Des victoires à chacune de ces sorties pourraient lui permettre de se hisser au titre d'aspirant obligatoire à la ceinture IBF. Beterbiev a déjà exprimé le souhait d'affronter Kovalev un jour, et il semble que ce désir soit réciproque. Il faudra voir si Ward sera lui aussi volontaire pour se frotter à Beterbiev en cas de victoire samedi.



Photo archives La Presse canadienne

Eleider Alvarez

Avantage Ward

Pour ce qui est du choc Kovalev-Ward lui-même, Yvon Michel ne s'attend pas à ce que les étincelles y soient nombreuses.

«Je ne suis pas convaincu que le combat sera extrêmement spectaculaire. Si oui, ce ne sera pas une bonne nouvelle pour Andre Ward, qui est un génie de la défense et un boxeur extrêmement brillant», analyse-t-il.

Selon lui, le combat se rendra à la limite des 12 rounds, au terme desquels Ward aura réussi à détrôner le triple roi Kovalev. La performance de ce dernier face à Isaac Chilemba, le 11 juillet en Russie, s'est avérée fort révélatrice.

«Toute sa carrière, Kovalev a obligé ses adversaires à s'adapter à lui. Il a un bon jab et une très bonne main droite. Il est un boxeur relativement mécanique. Il n'a jamais eu à s'adapter à quelqu'un d'autre.»

Cependant, d'un point de vue promotionnel, Michel admet qu'il préférerait une victoire de Kovalev, qui serait beaucoup plus vendeur que Ward au Québec lorsque viendrait le temps de faire mousser un combat avec l'un des poulains de GYM.

Il s'agira de voir si on sera en mesure de boucler un tel affrontement un jour.

photo tirée de twitter

Andre Ward