Cristian Rios savait très bien dans quelle galère il s'embarquait quand il a accepté d'affronter David Lemieux. Mais il sait aussi que le risque en vaut la chandelle.

L'Argentin de 33 ans ne s'en cache pas: l'affrontement contre Lemieux (35-3, 32 K.-O.) est le plus important de sa carrière. Loin d'être impressionné par le défi que représente l'ex-champion du monde, Rios (21-7-3, 6 K.-O.) voit plutôt ce combat comme l'occasion d'avoir une nouvelle vie.

Comme plusieurs boxeurs d'Amérique du Sud, Rios ne peut pas encore vivre de la boxe, malgré ses 31 combats professionnels. Celui qui est chef de train chez lui a dû prendre un congé sans solde au cours des trois derniers mois afin de se consacrer à temps plein à l'éreintant camp d'entraînement nécessaire pour grimper dans le même ring que Lemieux.

«Ce n'est pas une bonne façon de gagner sa vie que d'être boxeur en Argentine, a déclaré Rios par le truchement de son interprète. C'est pourquoi ce combat est si important pour moi: si je devais l'emporter, ma vie entière s'en trouverait transformée.»

Rios devait livrer un combat de remise en forme en Argentine, mais quand l'opportunité s'est présentée d'affronter le Québécois de 27 ans, il n'a pas hésité une seconde à abandonner ce premier combat et... sauter dans le train.

La barre sera très haute: très peu d'observateurs ou d'experts lui accordent la moindre chance face à Lemieux.

«Je suis plutôt habitué à cela: tout au long de ma carrière, je me suis retrouvé dans la peau du négligé. Ce ne sera pas nouveau pour moi».

Il faut dire que sa fiche peu reluisante ne lui confère pas une place parmi l'élite des poids moyens. Par contre, il a livré des performances plus qu'honorables à l'Anglais Tommy Langford (défaite par décision unanime au Royaume-Uni en octobre dernier) ainsi qu'à son compatriote Jorge Sebastian Heiland (nul en mars 2012). Heiland est l'aspirant no 1 au titre du World Boxing Council (WBC) détenu par Gennady Golovkin, tandis que Langford est 15e aspirant au titre de la World Boxing Association (WBA) de Golovkin et est classé no 2 de la World Boxing Organization (WBO), un titre détenu par Billy Joe Saunders.

Pas à la légère

Évidemment, au sein du clan Lemieux - même si on a clairement la tête ailleurs - , tout un chacun jure qu'on ne prend pas Rios, qui n'a jamais perdu par K.-O., à la légère.

«C'est certain que tu ne peux pas comparer Rios à Golovkin, mais c'est un adversaire solide, a souligné Lemieux. Lui, il encaisse, moi j'aime donner, alors on va voir ce que ça va donner. Sérieusement, c'est un gars qu'on a pris très au sérieux. On a choisi de bons partenaires d'entraînement. On ne l'a pas du tout pris à la légère.»

Marc Ramsay, son entraîneur, souhaiterait d'ailleurs que Rios donne du fil à retordre à son protégé.

«Ce que j'aimerais voir, c'est beaucoup de rounds. Que David soit en mesure de gérer techniquement le combat s'il devait s'étirer au-delà du neuvième round. En même temps, avec David, on ne sait jamais.

«Il y a des choses qu'on veut aller chercher dans ce combat-là, a-t-il poursuivi. Le fait qu'il soit gaucher, c'est un autre style de boxe. C'est aussi un boxeur très endurant. On a des outils, de l'expérience à aller chercher dans cet affrontement. On espère qu'il va être en mesure de les acquérir.»

Oubliez Saunders

Le clan Lemieux souhaitait, en affrontant Rios, se préparer pour un autre gaucher: Saunders et son titre de la WBO. Saunders (23-0, 12 K.-O.) devait défendre son titre ce samedi, face à Artur Akavov (16-1, 7 K.-O.), mais le Britannique s'est blessé et le combat a été reporté en novembre, rendant bien improbable un affrontement contre Lemieux en décembre.

«Ça ne sera certainement pas contre Saunders, a admis Camille Estephan, président d'Eye of the Tiger Management. Mais si Lemieux sort indemne de son affrontement contre Rios, il y aura un combat en décembre. On a d'autres noms en tête. Ce qu'on a en tête, c'est de l'amener dans un duel contre Canelo Alvarez à la mi-2017. Tous ses prochains combats seront en fonction de cet objectif. On veut Canelo!»